Nachiel et Sorath

Hanna Aronstam-Wieser


Qui est Nachiel? Qui est Sorath? Que signifient-ils? Ces deux noms, aussi bien Nachiel que Sorath sont constitués à partir de lettres de l'Aleph-Béith hébreu, où chaque consonne a sa propre valeur numérique. Mais ces nombres n'expriment pas uniquement une quantité, mais expriment également une qualité. Nachiel donne ainsi le nombre 111 et Sorath le nombre 666.

Comme la langue hébraïque repose sur ses consonnes - les voyelles sont contenues dans les consonnes, leur sont subordonnées - les consonnes ou les sonorités de ces deux noms seront représentées par des lettres latines majuscules.

Na Ch J Ae L

S OU Ra Th (pron. Sorath)

Latine

Hébraïque

Valeur

Latine

Hébraïque

Valeur

Na Nun

50

S Samech

60

Ch Chaf

20

O=OU V=VaV(Waw)

6

I=J Jod

10

Ra Resch

200

Ae Aleph

1

Th Thav

400

L Lamed

30

     
 

111

 

666

Ces deux entités, qui à partir de maintenant seront écrites en majuscules, ne donnent pas seulement un nombre. Elles se révèlent à la connaissance imaginative en tant que signe occulte. Mais que signifient donc NaChJAeL et SOURaTh, de quelles forces s'agit-il?

Dans les oeuvres de base de Rudolf Steiner, l'évolution de la Terre est décrite en détail à divers endroits. Pour parvenir à une connaissance de NaChJAeL et de SOURaTh, nous devons examiner un stade antérieur de cette évolution. " Lorsque la Terre, après l’évolution lunaire réapparut, elle n’était à vrai dire pas encore notre Terre actuelle. Elle était la Terre plus le Soleil plus la Lune. Ceux-ci formaient un corps (...) Tout d’abord le Soleil se sépara de la Terre. Il emporta avec lui toutes ces forces, qui étaient trop subtiles, trop spirituelles pour l'homme, qui sous l'influence desquelles se serait spiritualisé trop rapidement. Si l'homme s'était trouvé exclusivement sous l'influence de ces forces qui étaient contenues ensemble dans ce corps du Soleil-Lune-Terre, il se serait très rapidement spiritualisé. Il n'aurait pas évolué jusque dans la matérialité physique, et n'aurait pas pu acquérir une conscience personnelle de lui-même, une conscience de son " Je ", comme il le devait. "(1).

Les forces, qui sont parties lors de la séparation du Soleil, on les appelait déjà dans les temps anciens, les forces de l'Intelligence solaire, dont le guide est NaChJAeL.

Chacune des sonorités de NaChJAeL est elle-même une puissante force spirituelle. Toutes ensemble, elles constituent une puissance spirituelle extrêmement active

NaChJAeL
Na Nun

50

force spirituelle, spécialement vécue les années jubilaires
Ch Chaf

20

force spirituelle de redressement, force du " I-Ch " (du Je)
J Jod

10

force du Christ cosmique
Ae Aleph

1

force spirituelle du Père
L Lamed

30

force solaire purement spirituelle

Avec cette puissance spirituelle, elles auraient agi en dominant et " estropié ", endommagé le Je conscient de l'homme en évolution qui devait se former lentement(2).

En hébreux, NaChJAeL veut dire littéralement le Dieu des " estropiés ". Estropié dans le sens d'invalide. L'homme serait devenu ainsi un être imparfaitement développé, un estropié, un invalide, si NaChJAeL avait laissé ses forces dans l'évolution de la Terre, si ces forces avaient continué à agir.

Dès lors, ces forces qui se sont séparées, la connaissance imaginative les perçoit en tant que signe. Rudolf Steiner aussi bien que Agrippa von Nettesheim nous révèlent les signes de l'écriture occulte.

"..Le signe de l'écriture occulte pour ces forces, qui auraient agi et donné la direction à toute l'évolution terrestre, si le Soleil était resté uni à la Terre... qui auraient spiritualisé la Terre trop tôt est celui-ci:

 

C'est NaChJAeL, l'Intelligence solaire ", dont la valeur numérique est 111, laquelle contient trois fois le chiffre 1, et Rudolf Steiner ajoute: " Celui qui est un étudiant de l’occulte doit reconnaître dans ce signe les forces qui mènent l’humanité trop rapidement vers le spirituel. " En effet, si on laisse agir ce signe sur soi, on peut ressentir une force qui accélère les choses, une force qui les précipitent.

" Au contraire, l’humanité, lorsqu’elle s’est séparée du Soleil avec la totalité de la Terre, mais qu’elle était encore unie à la Lune se serait très rapidement durcie et ossifiée. Si la Terre avait gardé la Lune en elle, les hommes seraient très rapidement devenus des sortes de poupées, des marionnettes. Ils seraient descendus trop profondément dans la matière, tout comme ils se seraient rapidement spiritualisés dans le premier cas. Par conséquent, il était nécessaire que la Lune s'éloigne de la Terre ainsi que toutes ces forces qui de nos jours y règnent et agissent depuis lors en direction de la Terre. Toutes ces forces sont représentées collectivement par un signe qui ressemble à un double crochet. C'est le signe de la bête à deux cornes de l'Apocalypse (1).

C'est SOURaTh, le démon solaire, qui a 666 pour valeur numérique. 666 contient trois fois le 6. De même que l'on pouvait voir dans le signe de NaChJAel une force passant en trombe, filant à toute allure, on peut reconnaître dans le signe de la bête à deux cornes, un crochet double filant à toute allure de bas en haut, passant en trombe, et tentant de s'accrocher à l'homme pour le recevoir dans ses griffes. Toutefois " ces mêmes forces qui se sont éloignées avec la Lune, qui se sont développées à partir de la substance terrestre, sont toujours présentes en tant que tendance dans les couches de la Terre. " Et de ce fait Rudolf Steiner nomme aussi SOURaTh le " démon terrestre ".

Dans l'Apocalypse de Jean de Rudolf Steiner SOURaTh est décrit en détail en tant que démon solaire, comme la force du Mal, que l'homme doit apprendre à reconnaître, et qu'il a le pouvoir de vaincre.

L'histoire spirituelle de l'humanité enseigne que l'homme ne peut et ne doit se développer supérieurement qu'au moyen de son " Je ". Il a été doté d'une structure corporelle, psychique et spirituelle, qui est une création de la divinité, et en tant que créature il a pour mission de développer des forces personnelles qui le rendront lui-même créateur.

Pour développer des forces personnelles, il fallait qu'à l'homme soient opposées des résistances; il devait être exposé à des tentations, afin de les combattre et de les vaincre.

La plus haute direction de l'univers décida, de placer des entités spirituelles de nature divine comme puissances séductrices dans le monde terrestre et dans les corps humains. Le mal entra ainsi dans l'homme et dans le monde, s'y enracinant et prospérant dans tous les domaines de la vie.

Par son Je conscient de lui-même, l'homme a la possibilité de reconnaître les puissances séductrices, de leur résister, de les combattre et de finalement en triompher. Par les forces personnelles qu'il développe dans ce combat, l'homme acquiert la capacité de distinguer le Bien du Mal, et par surcroît, la liberté de choisir entre le Bien et le Mal.

Mais qui sont donc ces puissances séductrices? Ces puissances séductrices, qui remplissent sacrificiellement la mission que la divinité leur a donnée, sont ces mêmes sonorités, qui expriment notamment par leurs valeurs numériques leur activité spécifique.

Ainsi, maintenant, le 666 doit être considéré comme le six répété trois fois, soit comme 6, comme 60 et comme 600. (6)

Dans l'Aleph-Béith hébraïque les cinq premières sonorités ABGDH donnent la Trinité:

A + B = AB = le Père

G + D = G.D = le Fils divin

H = H = l'Esprit Saint

Le VaV en tant que sixième sonorité se trouve dans le Bélier. OU-V-VaV signifie: Et, ajouter à, relier, transformer, et a six pour valeur numérique. En hébreu, le mot VaV lui-même signifie crochet. Ce crochet-VaV s'accroche dans la partie du zodiaque du Bélier et forme la voie-OU-V-VaV, sur laquelle le Je du monde, l'être cosmique du Christ fait son entrée dans le monde terrestre et se place ainsi au commencement du devenir terrestre.

Dans l'arbre des séphiroth, la Cabbale nomme cette voie, la " colonne du milieu ". Dans la grammaire hébraïque, elle est le présent, le " Ho Vett ", dans lequel le V se trouve au centre comme figure principale. Le " Je " se trouve dans le HoVett, où le VaV domine dans tous ses attributs et où, par la haute direction de l'univers, il a à agir dans l'homme comme puissance séductrice.

" L’homme doit soutenir un difficile combat contre le VaV, qui se trouve dans la région de la force du six. Le six cache en lui la puissance, non seulement celle de faire reconnaître le divin, mais aussi le danger de développer des forces exclusivement intellectuelles qui s'éloignent du divin... Ce n'est qu'en triomphant des puissances adverses, dans un incessant combat contre le Mal, que l'homme peut se transformer en toute conscience au cours d'une lutte loyale. Par la force personnelle qu'il développe dans cette lutte, le Je recueille les bienfaits du VaV, de la transformation (4)

Le VaV accomplit la mission qui lui a été donnée d'apporter le Mal dans le monde comme un sacrifice. Ce sacrifice est une voie difficile, une dure nécessité. Cependant, le VaV sait que le Mal, qui devait être introduit dans le monde, peut par ce moyen engendrer le Bien. Et ce Bien ne peut prendre naissance que si l'homme lui-même triomphe du Mal et le vainc. (5)

En ce qui concerne SOURaTh, on a traité jusqu'ici du U-V-VaV qui a six pour valeur numérique. Nous devons maintenant considérer le S-SaMeK dont la valeur numérique est soixante.

S, le soixante, en hébreux le mot SaMeK, signifie soutenir, redresser. Soutenir, redresser, est une action positive, qui renforce. Cependant S pris seul est une puissante force de séduction non seulement de nature luciférienne, mais aussi ahrimanienne. Aussi bien le U-V que le S, ont maintenant tous deux à pénétrer le monde terrestre de leur activité en tant que puissance séductrice. Ils doivent apporter le Mal sur Terre, que seul l'homme doit combattre et vaincre. Ces deux entités résident dans la force du six, mais S en tant que soixante exécute sa mission terrestre avec une force dix fois plus grande.

En tibétain " Sa " est la Terre! - Dès le commencement de la Genèse, le serpent apparaît dans le Paradis; il incite Eve à manger de l'arbre défendu de la connaissance. Le serpent est l'entité " S ". C'est par la force de sa séduction, que l'homme dut quitter le Paradis et qu'il devint un homme terrestre. " En mangeant du fruit de l’arbre du milieu du jardin ", celui qui devint homme reçoit le don de la connaissance: la connaissance du Bien et du Mal. Ce don a été déposé comme un germe dans le Je humain, alors qu'il était encore dans le Paradis, dans le monde spirituel. Ce germe permet au Je qui se développe sur la Terre d'acquérir une conscience claire et ainsi de développer la force qui lui permet de triompher du Mal.

Le " S " examiné seul jusqu'ici doit être à présent considéré uni au " M " dans le mot qui lui correspond " SaMeK ", c'est à dire comme " SaM " signifie drogue (poison). Dans le Talmud et dans la littérature cabbalistique on trouve le mot SaMAeL. AeL signifie Dieu. Le nom de SaMAeL qui signifie le " Dieu-poison " y est toutefois employé comme expression de Satan, l'ange de la mort. " La guerre de tous contre tous... est suscitée par ce qui vient de Mars, par SamAeL, l’esprit des conflits. " (8)

Pour obtenir le SaMeK complet, il manque encore le K-Kaf, qui apparaît aussi dans NaChJAeL.(Au milieu d'un mot le K est prononcé Ch). Ce " K " est la force du Je, la force de redressement, le " bâton " au moyen duquel le serpent doit se redresser. " Le serpent s’enroule (en spirale autour) du bâton auquel sa tête est attachée. C’est le bâton de Mercure, le symbole véritable de la médecine encore à notre époque "(9)

La direction supérieure de la Terre procède cependant avec bonté et sagesse. Au S-SaMeK, soixante, le six dont la force est décuplée, le Mal dix fois plus puissant, elle donne pour mission d'agir sur la Terre, et simultanément donne à l'homme l'aide de la connaissance et de la force qui redresse. Par ce moyen l'homme acquiert la force personnelle, à partir de laquelle il peut triompher du Mal.

Le Je apprend à connaître " que dans le plan cosmique, il est nécessaire que le Mal atteigne un point culminant, afin que ceux qui doivent le vaincre utilisent justement par leur effort pour en triompher la force dont naîtra un plus grand bien." (10)

C'est ainsi à cause de la plus impérieuse des nécessités que les puissances séductrices durent être placées dans le monde. Elles remplissent, toutes, leur difficile mission comme un sacrifice. Cependant, ceux, qui parmi les hommes, réalisent une métamorphose du Mal en Bien libèrent les puissances séductrices de leur mission terrestre et délivrées elles peuvent ainsi remonter dans leurs sphères.

Alors, elles " deviennent grâce aux forces humaines, qui se sont métamorphosées, des forces solaires nées de l’homme lui-même. "

R et Th les dernières sonorités de SOURaTh, en tant que " RaTh " ne s'exprime que comme nombre, car RaTh lui-même ne constitue pas un mot. Comme Th-Thav, avec la valeur numérique 400, est la dernière sonorité de l'Aleph-Béith, il n'y a aucune dénomination pour les plus grands nombres. Pour obtenir le nombre 600, l'Hébreu lui ajoute le R-Resch dont la valeur numérique est 200: R-200 + Th-400 = 600. 600, c'est cent fois 6. Il désigne une force extrêmement puissante et dangereuse. La Bible rapporte: " Noé avait 600 ans lorsque le déluge eut lieu sur la Terre " (qui détruisit toute vie). " Le Pharaon poursuivit les enfants d’Israël avec 600 chars choisis parmi les meilleurs, après qu’il les ait laissés fuir d’Egypte " (les chars et les conducteurs furent alors tous perdus). Ainsi 6,60,600 donnent le dangereux SOURaTh.

Ce SOURaTh doit maintenant être considéré par rapport à NaChJAeL en ce qui concerne le jeu des nombres-forces.

Dans l'ouvrage " De Occulta philosophia " de Cornelius Agrippa von Nettesheim, il y a quelques chapitres " de tables de planètes avec leurs forces et formules, ainsi que les noms divins, intelligences et daïmons qui leur sont attribuées... La quatrième table, celle du Soleil est un carré de six nombres de côté et en contient donc 36. Chaque série de six nombres pris dans une rangée ou sur les diagonales donnent 111. Toutefois, la somme de tous les nombres donne 666. Ce carré gouverne ses noms divins avec une Intelligence pour le Bien et un Daïmon pour le Mal... 111-NaChJAeL, Intelligence du Soleil, et 666-SOURaTh, Daïmon du Soleil ".(11)

 

6

32

3

34

35

1

7

11

27

28

8

30

19

14

16

15

23

24

18

20

22

21

17

13

25

29

10

9

26

12

36

5

33

4

2

31

 

Chaque rangée de 6 cases, chaque case contenant un nombre différent, considérée aussi bien horizontalement que verticalement, donnent chaque fois 111. Et par conséquent, 6 rangées donnent: 6x111=666.

NaChJAeL, s'il ne s'était pas séparé au bon moment de l'évolution terrestre - comme cela a déjà été expliqué en détail - aurait rabougri, mutilé, la force-Je de l'homme. Il est extrêmement intéressant de constater que cette puissance de NaChJAeL, en 6 fois plus fort, conduit à la puissance de SOURaTh, le 666, qui réalise la destruction complète du Je. Ainsi, le Soleil est représenté dans la table planétaire comme un tissu équilibrant les polarités de NaChJAeL et de SOURaTh.

Notes

1. Rudolf Steiner: GA 101. Vortrag über " Weiße und schwarze Magie "

2. Hanna Aronstam-Wieser: Was ist das hebraïsche Alfa-Beth. Kap. 1 und 2, 10.1, 12, 14. Verlag am Goetheanum.

3. Beide Zeichen sind abgebildet in: Rudolf Steiner: Okkulte Zeichen und Symbole. GA 101, 1. Vortrag. und in Cornelius Agrippa v. Nettesheim: De Occulta philosophia 1486-1535.

4. Herman Bekh désigne le U-VaV comme le son le plus mystique de l'alef-beth hébreu. " Il est pour ainsi dire la sonorité primordiale elle-même, qui dans la musique des sphères, dans l’activité cosmique correspond à l’être universel. " (Aus: Die Ursprache)

5. Rudolf Steiner: L'Apocalypse de Jean. GA 104, huitième conférence

6. Rudolf Steiner: L'Apocalypse de Jean. GA 104, dixième conférence

7. Genèse. 3.3

8. Rudolf Steiner: L'Apocalypse de Jean. GA 104, onzième conférence

9. Emil Bock: Moses und sein Zeitalter.

10. Rudolf Steiner: L'Apocalypse de Jean. GA 104, huitième conférence

11. Cornelius Agrippa v. Nettesheim: De occulta philosophia. Quatre tables planétaires.

Das Goetheanum N°39 du 27/9/1992

Trad. JFT


page précédente Retour à l'accueil