Le Bolchevisme en tant que principe d'initiation au mal
Sergueï Prokofieff (1) Si l'on regarde au sein du vingtième siècle et que l'on examine les diverses formes que le mal a prises au cours de celui-ci pour se manifester au sein de l'humanité, l'esprit s'arrête sur le phénomène du Bolchevisme et sur la nécessité de le comprendre, non seulement dans son aspect extérieur, mais aussi dans une perspective occulte. Dans ce siècle, en effet, ce fut le Bolchevisme avec le nazisme en Allemagne à provoquer la souffrance à un niveau quasiment inconcevable et la mort à un nombre immense de personnes. Pour cette raison, on peut le considérer comme l'une des plus puissantes manifestations du mal au vingtième siècle. Dans cet article, toutefois, le Bolchevisme sera examiné non pas comme un phénomène historique extérieur, mais comme une impulsion du mal qui entre dans notre monde à partir d'une sphère métahistorique (à partir d'un royaume qui est au-delà de l'histoire), comme une impulsion spirituelle venant entraver le cours juste de l'évolution humaine. Si nous remontons à ses sources historiques, avec l'aide de la science de l'esprit, nous arrivons au septième siècle et, pour être précis, à cette année particulière qui correspond au nombre indiqué par l'Apocalypse de Jean comme le nombre de la Bête ( Naturellement cette manière de nous rapprocher de ses origines peut sembler étrange à quiconque se trouve aujourd'hui en dehors des milieux antroposophiques. Effectivement, on ne peut pas discerner ce lien entre le Bolchevisme comme un phénomène des plus significatifs de notre temps et le septième siècle sans l'aide des résultats de la recherche scientifico-spirituelle de Rudolf Steiner. Néanmoins, une fois qu'ils ont été obtenus, ces résultats peuvent fournir la base dans ce domaine d'une investigation ultérieure pouvant jeter un nouvel éclairage sur un phénomène du vingtième siècle tel qu'est, précisément, le Bolchevisme. Une compréhension occulte de ce phénomène est particulièrement nécessaire à notre époque, parce que l'écroulement extérieur du régime communiste en Russie n'a absolument pas amené la disparition des forces profondes qui l'ont nourri sur la scène de l'histoire. Nous devrions penser sur ce point, non seulement à la Chine ou à la Corée du Nord, mais aussi aux nombreux pays du Tiers Monde dans lesquels il y a des partis politiques actifs qui, dans le passé, ont considéré le marxisme et le Bolchevisme (léninisme) comme une alternative parfaitement possible pour le futur de l'humanité. En dépit de l'énormité de l'expérience bolchevique réel au vingtième siècle, cette conviction continue à exister soit dans la Russie même, soit dans de nombreux autres pays. Mais il y a plus: le phénomène du Bolchevisme peut être retrouvé dans d'autres événements actuels, dans lesquels il ne semblerait pas se trouver extérieurement au premier plan, mais dans lesquels il continue pourtant à agir cependant sous la surface comme une force-guide. Les tragédies des Balkans et de Tchétchénie ne sont que quelques exemples de ces derniers temps. D'un autre côté, si le Bolchevisme en tant que la manifestation la plus destructrice du mal au vingtième siècle doit être réellement surmonté, le premier pas à effectuer dans cette direction, d'un point de vue scientifico-spirituel, est celui de le comprendre spirituellement. Le premier pas pour le surmonter, en effet, ne peut être fait qu'à l'intérieur d'une âme humaine qui aspire à une vraie connaissance de soi. Car seul celui qui a vaincu en lui les forces du Bolchevisme au sein de sa propre âme, ne succombera jamais à son influence, quelles que soient les formes vénéneuses et dissimulées dans lesquelles il puisse se manifester dans notre temps, ou dans le futur. En outre, une personne de ce genre sera en mesure de distinguer sans faute ce qui se trouve réellement aux racines du Bolchevisme, même dans la plus complexe des situations historiques à savoir ces vénéneuses manifestations de ce même phénomène archétype du mal apparu au vingtième siècle, sous la forme du Bolchevisme. Dans son essence primordiale, en effet, le mal ne fait pas partie du monde naturel qui entoure un être humain ou de l'environnement social avec lequel il est en relation, mais c'est un phénomène qui tire son origine de l'âme humaine elle-même et qui, à partir de cette source, entre dans tout le reste, dans le monde de la nature et dans la réalité sociale. C'est ceci la raison pour laquelle, une compréhension réelle du phénomène du mal, qui s'est manifesté dans le Bolchevisme historique, n'est possible qu'avec l'aide d'une science de l'esprit moderne, qui permet de discerner en lui quatre niveaux possibles ou aspects; et c'est seulement si ceux-ci sont analysés comme une totalité que nous serons en mesure de nous approcher d'une vraie révélation de ses sources historiques et métahistoriques. Le premier de ces niveaux est celui historique; le second est celui dans lequel apparaissent, sur la scène historique extérieure, des intérêts politiques occultes de confraternités secrètes déterminées d'Occident (des pays anglophones), en particulier immédiatement avant et durant la Premier Guerre mondiale; le troisième niveau, qui peut être décrit comme le niveau métahistorique, relie le phénomène du Bolchevisme avec d'importants événements spirituels du septième siècle; enfin, le quatrième niveau révèle le mystère de certains êtres démoniaques du monde suprasensible à l'oeuvre dans le phénomène du Bolchevisme lui-même, et qui sont en train de faire tout effort possible pour entraver le juste cheminement de l'évolution humaine. Au début du vingtième siècle, il y avait en particulier deux puissances qui désiraient une grande guerre en Europe. Avant tout la France qui, depuis sa défaite dans la guerre contre la Prusse en 1870-71 (un événement qui fit naître l'Empire allemand des Kaisers), désirait se venger et surtout à cause de l'annexion de son ex-territoire de l'Alsace et de la Lorraine. La seconde puissance était la Russie, où il y avait un parti fort, favorable à la guerre, un parti né du courant panslave, dont les bases se trouvaient dans un document aux origines mystérieuses qui par la suite devint connu comme le Une troisième puissance européenne qui joua un rôle décisif immédiatement avant la guerre fut la Grande Bretagne, un pays qui à cette époque avait une immense influence sur toutes les relations politiques en Europe et surtout sur le fait que prévalût la guerre ou la paix. En effet, la Grande Bretagne était en situation d'empêcher cette guerre, mais pour diverses raisons politiques, elle ne voulut pas le faire Avant tout cela en 1895 Helmuth von Moltke rejoignit le palais du Tzar à Saint-Pétersbourg, en tant qu'envoyé du Kaiser allemand. Sa mission était de remettre à l'Empereur de Russie un tableau, sous lequel il y avait la légende: Comme nous l'avons déjà dit, un parti favorable à la guerre, très actif, s'était progressivement formé en Russie à partir du mouvement panslave À ce moment, la France annonça une mobilisation générale et le parti panslave, profitant de cette situation et de l'absence de Raspoutine à la cour, commença à demander au Tzar de procéder également à une mobilisation générale analogue pour la Russie. Les tragiques événements des Balkans fournirent un terrain très favorable pour cela. Et à peine cela se produit-il que surgit immédiatement en Europe cette situation que l'Allemagne avait redoutée depuis le début comme le pire cauchemar pour elle: la guerre sur deux fronts. En conséquence, il y eut là aussi une mobilisation générale. La guerre en Europe fut inévitable à partir de ce moment. Quand, dans le Nord de la Russie, Raspoutine apprit l'ordre de mobilisation générale de Nicolas II, il lui adressa cette fameuse lettre, dans laquelle il se référait à la guerre contre l'Allemagne comme le plus grand malheur qui pût arriver à la Russie [à signaler d'ailleurs que l'Impératrice russe était allemande, ndt] et il poursuivait en donnant une description détaillée de son expérience clairvoyante de la Russie future qui baignait dans une mare de sang Ainsi le parti de la guerre avait-il obtenu ce qu'il voulait. Comme résultats des événements militaires et de la crise politique que ceux-ci déterminèrent en Russie, l'Empereur russe fut acculé à abdiquer en ouvrant ainsi la voie au parti de la guerre. Pourtant malgré quelques succès initiaux la situation sur le front russo-allemand était, en 1917, dans une impasse. En de nombreux points, l'activité militaire était bloquée. Les soldats russes et allemands étaient en train de jeter leurs armes et de fraterniser ouvertement parce qu'ils ne trouvaient plus aucun sens dans cette guerre fratricide. En un tel moment, l'unique pas politique sensé pour la Russie, aurait été de conclure une paix séparée avec l'Allemagne. Seul cela aurait été en accord avec ses vrais intérêts et pourrions-nous dire ses intérêts vitaux. Toutefois cela n'eut pas lieu. La raison en fut, comme nous l'avons souligné, la très grande majorité des adhérents au parti de la guerre, qui était monté au pouvoir (ce qu'on a appelé le gouvernement provisoire), étaient membres de la loge dont nous avons parlé du Grand Orient de France ; et quand ils avaient été admis dans cette loge, ils avaient juré de placer les intérêts de la France au-dessus de tout le reste. En France, la crainte majeure, c'était celle d'une paix séparée entre l'Allemagne et la Russie, d'autant plus que dans ce cas, l'Allemagne aurait pu transférer son armée orientale sur le front occidental [qui se trouvait dans le Nord de la France, il ne faudrait pas l'oublier, ndt] et donc constituer une menace militaire pour la ville de Paris même; et cela ne devait pas arriver, quoi que cela coûtât. En résultat, contrairement aux vrais intérêts de la Russie, cette guerre absolument insensée contre l'Allemagne, devait être menée jusqu'à sa conclusion la plus amère . De cette façon, le nouveau gouvernement russe en cherchant par tous les moyens de continuer cette guerre trahit littéralement la Russie. Cette poursuite artificielle de la guerre par tous les moyens possibles, amena toutefois une situation politique quelque peu particulière en Russie même. L'aspiration générale du peuple russe à la paix était en effet toujours plus accompagnée des espoirs des paysans qui à cette époque constituaient la majorité de la population du pays dans une réforme agraire générale immédiatement après la fin de la guerre (une telle réforme avait déjà été discutée à la Douma, avant la guerre sur proposition d'un parti du centre). Dans ce climat généralisé d'attentes et d'espoirs, les mots de paix et terre avaient le pouvoir d'exercer un effet vraiment magique et alléchant sur un grand nombre de Russes. Les Bolcheviks ne manquèrent pas de profiter immédiatement de cet état des choses et dès le début, ils mirent ces deux mots au centre de leur propagande. Mais sur leurs lèvres pourtant, ces deux mots n'étaient rien d'autre que des slogans de propagandistes à bon marché. Quand ils parlaient de paix , en effet, les Bolcheviks avaient en tête une guerre civile encore plus sanglante et la Terreur Rouge qui suivit et quand ils parlaient de terre ils avaient en vue un communisme de guerre qui provoqua une famine sans précédent dans le Sud de la Russie, suivie de l'anéantissement des paysans russes, une grande partie desquels furent simplement exterminés et le reste amassé de force dans des entreprises collectives d'État. Telles furent les conséquences réelles de la promesse terre et paix faite au peuple par les Bolcheviks. On pourrait donc dire que les Bolcheviks furent capables, par un coup de génie diabolique, d'exploiter une terrible crise politique que la guerre mondiale avait ouverte en Russie. Sans la guerre, en effet, Lénine et ses partisans n'auraient jamais été en mesure de prendre le pouvoir. Rudolf Steiner eut donc profondément raison en se référant aux Bolcheviks comme ayant reçu l'héritage de la plus grande parmi les tragédies d'Europe la Première Guerre Mondiale. Un nombre suffisant d'études ont été publiées au jour d'aujourd'hui, qui fournissent des preuves documentées sur le fait que la Révolution bolchevique fut financée par de l'argent occidental, en particulier des financiers américains et britanniques, sans l'assistance économique desquels, la réalisation de l'expérimentation aurait été quasi impossible Quiconque a grandi en Union Soviétique a dû se familiariser avec le livre d'histoire du Parti Communiste. On y apprenait non sans surprise que tout de suite après avoir pris le pouvoir les nobles et honnêtes Bolcheviks, sous la direction de Lénine, avaient restitué une partie importante de l'argent qu'ils avaient reçu, pour faire avancer la Révolution, aux capitalistes qui les avaient aidés. Ceci et d'autres choses encore indiquent l'intérêt évident de confraternités occultes occidentales dans le succès, en Europe orientale et en particulier en Russie, de la fameuse expérimentation socialiste , qui coûta à la Russie et à d'autres nations de l'ex-Union Soviétique selon les dernières données plus de cent millions de vies humaines. Dans ces conférences, en particulier celles données pendant la Première Guerre Mondiale, Rudolf Steiner s'est référé en diverses occasions aux plans de ces confraternités occidentales et à ce qu'elles projetaient à l'égard de la Russie Si toutefois ces loges occidentales devaient réellement atteindre leurs objectifs, l'évolution terrestre, dans son ensemble, prendrait une direction totalement différente de celle voulue à l'origine par les bonnes puissances spirituelles. Ces intentions obscures des confraternités occidentales sont distinctes des vraies tâches spirituelles et culturelles des peuples anglophones, tâches qu'il est de leur responsabilité de réaliser au sein de l'humanité parce qu'ils sont les représentants principaux de l'Âme Consciente à l'époque moderne [comme aussi tous ceux qui adoptent l' D'autre part, dans les confraternités secrètes dont nous avons parlé, ces peuples-ci ont peut-être leur ennemi le plus dangereux, représenté par ces confraternités, sur ce cheminement d'accomplissement de leur mission. Pour cette raison, il est d'une importance particulière que les Anthroposophes qui vivent dans ces pays anglophones, soient au courant de leurs plans politiques occultes et qu'ils les comprennent d'un point de vue scientifico-spirituel. Avec l'aide de cette sagesse préchrétienne immense, recueillie dans l'Académie de Gondishapur, le Démon Solaire entendait alors tenter l'humanité pour qu'elle entre prématurément dans la phase d'évolution de son âme de conscience, une phase pour laquelle elle était, à l'époque, absolument non préparée. Autrement dit, cette état de la vie de l'âme qui devait graduellement naître sur la Terre, au travers des efforts propres de l'être humain, seulement vers le milieu de l'actuelle Cinquième civilisation culturelle, l'époque de l'âme de conscience (c'est-à-dire d'ici la moitié du troisième millénaire), aurait dû selon le plan du Démon Solaire terrasser l'humanité à l'improviste comme une révélation supérieure dès le septième siècle déjà; et dans des âmes non préparées à cela, cette révélation aurait agi comme une impulsion satanique par un terrible pouvoir destructeur. Si cela était pleinement survenu, l'humanité entière serait inévitablement diriger sur un chemin de totale démonialité. La situation générale dans laquelle l'Europe se trouva alors peut être caractérisée comme suit. La majeure partie de la population européenne se trouvait encore au stade de développement de l'âme de sensibilité. Il s'agissait le plus souvent d'une population paysanne, incapable de lire et d'écrire, mais déjà chrétienne en grande partie. C'étaient essentiellement des gens simples qui, remplies d'une ardente foi dans les vérités fondamentales du Christianisme, étaient guidées par l'Église Chrétienne de façon profondément autoritaire ce qui était toutefois approprié à cette époque si l'on considère l'état de développement de l'humanité. Seuls de petits groupes de personnes instruites, parmi lesquelles il y avait autant des nobles que des représentants du clergé, en particulier certains ordres monastiques, étaient les porteurs de l'Âme Rationnelle. En règle générale, ces personnes étaient regroupées autour de monastères, qui étaient à cette époque les principaux centres de formation et de culture et qui communiquaient entre eux en latin. Cette impulsion atteignit son apogée avec la floraison de la Scolastique au treizième siècle. Le Démon Solaire dont le nom occulte était Sorath voulait introduire sa révélation de l'Âme Consciente dans cette structure de la conscience européenne du temps et, comme résultat de cette introduction prématurée, tout développement raisonnable, dans l'humanité, de l'impulsion du je individuel se serait arrêté. Toutefois, ce plan de Sorath ne put absolument pas être réalisé. Il fut empêché d'un point de vue intérieur par les forces dérivées du Mystère du Golgotha et d'un point de vue extérieur, par l'apparition de l'Islam sur le théâtre de l'histoire. Celui-ci, tel un ouragan qui balaye tout sur son passage, se répandit rapidement au Moyen Orient. De cette manière, le dard de l'impulsion de Gondishapur fut émoussé Cependant, les forces de Gondishapur continuèrent à agir ultérieurement sur le monde chrétien, même une cette forme fortement affaiblie. Ainsi, sous leur influence directe, le principe de l'Esprit fut officiellement aboli en l'être humain lors du huitième Concile oecuménique de Constantinople, en 869, par toute l'Église occidentale (l'Église orientale orthodoxe ne reconnaît pas l'autorité de ce huitième Concile, et de nos jours encore, elle ne reconnaît que les sept premiers, note de la rédaction italienne): tandis que l'être humain, avant ce Concile, consistait en trois parties, esprit, âme et corps, à partir de ce moment en accord avec la dichotomie proclamée par le Concile ne fut plus considérée que la présence d'un corps et d'une âme en l'homme, tout en accordant à celle-ci certaines qualités spirituelles Le sommet de ce processus fut l'émergence de la théorie de l'évolution animale de Darwin, en Europe occidentale au dix-neuvième siècle selon laquelle l'homme descend du singe [ce qui est pour le moins un raccourci interprétatif , Darwin n'ayant fait qu'attiré l'attention sur l'origine animale commune de l'homme et du singe, ndt] et aussi des théories marxistes sur la suprématie de l'existence sociale sur la conscience individuelle, qui n'était, dans sa substance, qu'une simple extension du Darwinisme aux rapports sociaux humains. Ainsi, l'abolition de l'esprit, au neuvième siècle, est devenue en dix siècles le fondement de l'abolition, dans le Marxisme, de l'âme humaine aussi. Dans les esprits de la majorité des êtres humains instruits par la science, l'homme est désormais conçu comme une forme corporelle privée d'esprit et d'âme et considéré simplement comme un mécanisme physique hautement complexe. Qu'il ne soit pas inéluctable que la science soit Cela trouve une confirmation extérieure dans la situation historico-spirituelle générale de la Russie en cette fin de dix-neuvième siècle. En effet, à cette époque 80% de la population était constituée de paysans dont 75% étaient complètement analphabètes, à savoir qu'ils n'avaient absolument pas été touchés par les fruits principaux de la civilisation occidentale. L'état de conscience général de cette population rurale était très semblable à celui qui existait en Europe au septième siècle. Comme alors, la majorité des paysans russes conservaient aussi une profonde foi chrétienne et dans leur vie religieuse, ils étaient guidés par l'Église Orthodoxe et par sa hiérarchie. Tout cela correspond exactement au caractère de l'Âme Sensible, dont les forces prédominaient encore dans de larges couches de la population russe au début du vingtième siècle. En outre, il y avait en Russie un nombre réduit de personnes dites cultivées qui étaient dans leur ensemble des porteuses de l'Âme rationnelle et, par conséquent, étaient particulièrement attirées par la France et par Paris la grande métropole de l'Âme d'Entendement ou Âme Rationnelle. (Et ceci est la raison pour laquelle presque tous les représentants de l' Dans cette situation, les Bolcheviks cherchèrent de force à amener les forces de l'Âme Consciente, dans la démonialité de Sorath, à un nombre le plus grand possible de Russes. En conséquence, toutes les mesures législative des Bolcheviks la collectivisation, l'industrialisation et surtout la soi-disant révolution culturelle ne servirent en réalité qu'un seul but: imprégner des énergies de Sorath le plus grand nombre possible d'âmes humaines. Comme résultat de cela, l'impulsion de démonialité associée au nombre de la Bête déchaînée pour la première fois de manière significative au sein de l'humanité européenne au septième siècle se rendit manifeste dans la Russie à partir de 1917 et ensuite avec un succès très supérieur. Dans ses conférences, Rudolf Steiner décrit également l'évolution d'Esprits hiérarchiques particuliers. Il rapporte que l'Esprit qui, dans la Tradition chrétienne porte le nom de Michel Archange s'est élevé au rang d'Archée ou d'Esprit du temps pour pouvoir guider l'humanité dans son ensemble dans les quatre siècles qui viennent . Rudolf Steiner signale l'année 1841 comme étant l'année à partir de laquelle Michel Archange a commencé son accession au degré d'Archée Toutefois, cette victoire de Michel sur le Dragon eut une conséquence d'importance énorme pour le reste de l'évolution terrestre: le lieu où Michel, en 1879, relégua les esprits ahrimaniens hors de la sphère suprasensible la plus proche de la Terre était désormais le règne des êtres humains. Les âmes humaines devinrent donc de plus en plus les demeures des démons qui en prirent possession. L'Apocalypse parle de ces événements dans les termes suivants: 3 Sur la base de la recherche scientifico-spirituelle de Rudolf Steiner, cette bataille de Michel avec le dragon eut une structure temporelle particulière: elle débuta en 1841 et culmina avec la victoire de Michel en 1879, puis, après avoir franchi le même intervalle de temps (environ 38 ans), dans un certain sens, elle revint à son point de départ Ceci signifie qu'après que Michel eut précipité les Esprits des ténèbres sur la Terre, ceux-ci atteignirent leur pouvoir maximum en 1917 et cela se refléta dans la Révolution bolchevique. Dans la même période de 1841 à 1917 surgit d'abord le Marxisme qui se répandit en Europe et ensuite le Bolchevisme, son application pratique. En 1848, Marx publia son programme principal, le Manifeste Communiste, qui débute par ces mots: Nous avons considéré les quatre niveaux principaux par lesquels s'est reliée historiquement et métahistoriquement la tragédie majeure qu'a vécue la Russie non seulement au vingtième siècle mais dans tous ses deux mille ans d'histoire . Ces quatre niveaux, si on les considèrent ensemble, nous révèlent dans sa plénitude la tragédie qui est advenue et nous permettent de nous approcher de la compréhension du terrible phénomène que fut le Bolchevisme. À l'âge de 17 ans, Lénine vécut l'événement décisif de sa vie. Son frère aîné, qui appartenait à une organisation terroriste qui avait projeté et tenté d'assassiner le Tzar Alexandre III, fut arrêté, condamné à mort et exécuté. Cet événement fit une profonde impression sur le cadet. Pendant des semaines, il resta dans une sorte d'état de rêve jusqu'à ce que mûrisse en lui la grande décision de sa vie: à partir de ce moment, il fut certain qu'il serait révolutionnaire. Il débuta son activité subversive dès qu'il fut étudiant en Droit à l'Université de Kazan. Après les premières réunions d'étudiants, il fut expulsé de l'Université et envoyé en exil pour presque un an. En 1888, il revint de l'exil, désormais révolutionnaire de profession, possédé par une idée unique: renverser le Tzar et venger ainsi la mort de son frère. Ce principe de répondre à chaque goutte de sang par des fleuves de sang ultérieurs fut un Mais quelle était la nature de l'initiation bolchevique et en quoi consistait-elle? Les Bolcheviks étaient en effet, sans exception, des athées et matérialistes convaincus, par conséquent leur initiation ne pouvait pas se fonder sur un rapport De quelle manière cette initiation fut mise en pratique, et sous quelles formes concrètes elle se manifesta, cela put être observé avec une netteté particulière par ceux qui, comme l'auteur de cet article, passèrent leur enfance et leur jeunesse en Russie sous les Bolcheviks en étant déjà anthroposophes. Le Parti Communiste de l'Union Soviétique fut dès l'origine organisé sur la base d'un principe bien défini qui déterminait et régulait de manière rigoureuse toutes les promotions de ces propres membres jusqu'aux postes les plus élevés dans la structure de la hiérarchie de la De ce point de vue, toutes les assemblées rituelles des Bolcheviks et surtout leurs réunions et congrès du Parti à tous les niveaux, prennent un sens particulier. Rudolf Steiner s'exprima une fois de manière très radicale sur ces réunions de matérialistes: Mais revenons-en à la nature de leur initiation. Comme nous l'avons dit, en fois que le groupe local du Parti avait reçu d'en haut sa charge particulière, il devait trouver le moyen le plus rapide et le plus efficace pour la réaliser pratiquement. Pour y parvenir, il était nécessaire que tous les participants développassent deux qualités intérieures sans lesquelles il était impossible d'obtenir une inspiration ahrimanienne. La première consistait dans le développement d'un intellectualisme luciférien brut et abstrait dépourvu de sentiment et de conscience. Cette qualité était largement cultivée d'une manière cohérente dans toutes les institutions éducatives bolcheviques, dans les écoles du Parti, dans de nombreux cours de marxisme-léninisme et ainsi de suite. La seconde qualité était de cultiver chez les êtres humains une volonté criminelle et absolument animale, qui ne s'arrêtât devant rien quand il s'agissait d'atteindre ses buts. Tels étaient donc les deux principes piliers sur lesquels se fondaient l'initiation bolchevique. Ce que cela voulait dire en pratique, c'est justement ce qu'allait pleinement révéler ensuite la fameuse époque stalinienne. En représentant l'exact contraire et absolu de la vraie initiation, ces deux qualités combinées entre elles étaient en mesure de détruire rapidement et efficacement ce qui dans l'âme était associé à des sentiments d'amour, de compassion, de conscience et d'esprit de sacrifice qui, seuls, font d'une personne un individu humain dans le vrai sens du terme. Dans l'initiation bolchevique, tout ceci était constamment remplacé par une collaboration mécanique entre un intellectualisme froid et abstrait et une volonté bestiale capable de n'importe quelle cruauté et de n'importe quel crime pour atteindre les buts imposés le plus souvent de manière anonyme par des degrés supérieurs de la hiérarchie du Parti. Ceci est la nature essentielle de l'initiation moderne de la Bête, dont le résultat est que l'esprit absolu du mal, l'esprit de Sorath, transforme l'homme en un instrument d'obéissance en tuant l'âme humaine et en en prenant la place. Après que le groupe intéressé avait mené à bien la tâche qu'on lui avait confiée, suivait une inspection immédiate du Parti qui avait pour but d'établir qui parmi tous les participants dans la réalisation du programme avait fait preuve le plus consciemment de valeur et avait par conséquent fourni la plus grande contribution au succès de l'entreprise. Un tel membre du Parti démontrait, par ses actions, que la motivation sous-tendue à ses pensées et à ses actes avait été l'effort de porter en avant l'application du décret du Parti, avec toute son énergie et avec tous les moyens à sa disposition. D'un point de vue occulte il était en train de démontrer de cette façon une capacité hautement développée à recevoir des inspirations ahrimaniennes et pouvait par conséquent être promu au niveau supérieur par la Cette combinaison d'une intelligence rusée et d'une volonté bestiale mena en un temps bref à une atrophie totale, chez les êtres humains concernés, de la sphère centrale ou du coeur, la source principale de leurs impulsions morales et, en même temps, à l'hyperdéveloppement des instincts inférieurs qui ne pouvaient plus être contenus, aussi bien dans la sphère intellectuelle que dans celle de la volonté. Des forces de l'âmes, telles que la compassion et la conscience avec lesquelles est reliée chez l'être humain le développement de son sentiment individuel de moralité et de sa responsabilité personnelle à l'égard de ce qui arrive dans le monde devaient être complètement détruites dans l'homme nouveau . Cela signifiait l'annulation pure et simple de ce qui lui donnait le droit de s'appeler un être humain son je individuel qui, en tant que porteur de l'esprit, avait la tâche de guider toutes les forces de son âme. Rudolf Steiner a appelé ce guide, imprégné d'esprit et autonome, du je individuel sur les forces de l'âme que sont le penser, le sentir et le vouloir, la vie de l'Âme Consciente et a considéré le déploiement de ces forces en l'homme comme étant la tâche principale de la moderne Cinquième Époque Postatlantéenne. Au contraire, l'initiation bolchevique amenait la totale destruction de l'âme consciente avec le résultat que le je humain n'était plus en mesure de mener une existence digne d'un être humain et tombait inévitablement dans un domaine sous-humain démoniaque. Dans l'Évangile de Matthieu, cette condition est décrite en détail par les paroles du prophète Daniel de l' L'image que nous trouvons dans l'Apocalypse (chapitre IX) des sauterelles aux visages humains et aux dents de lion se réfère à ces êtres humains qui ont été privés de leur je L'apparition actuelle du Christ sous une forme éthérique sur la Terre a marqué le début de la Petite Apocalypse ou de la Lors du Concile de Constantinople, les démons de Sorath parvinrent à tellement obscurcir les conscience des chefs de l'Église Chrétienne de l'époque que, sous leur influence, le principe de l'esprit fut exclu de la conception de l'être humain. De cette façon, des conditions hautement favorables se créèrent dans la civilisation occidentale à une influence successive des forces du mal, spécialement de celles qui, aujourd'hui, plus que tout autre chose, entravent le développement d'un compréhension vraie de la nature du je humain et de sa signification centrale dans l'évolution présente et future de l'humanité. On pourrait dire: si au neuvième siècle, les Pères de l'Église n'avaient pas aboli l'esprit, le Bolchevisme aurait été impossible au vingtième siècle. Celui-ci est né en effet de l'abolition de l'âme qui fut consécutive à celle de l'esprit, avec le résultat que l'homme fut abaissé à un niveau d'animal pensant privé de je. Le je humain a une connexion primordiale avec le monde spirituel. Ainsi, à chaque fois qu'un être humain vainc son égoïsme et agit sur la base de ses intuitions morales, qui ont leur source dans le je, la voix de sa conscience approuve de telles actions; et dans la voix de leur conscience, les êtres humains sont toujours plus en mesure de discerner aujourd'hui le Christ Éthérique qui leur parle. L'expérience du Christ Éthérique qui opère aujourd'hui au travers de la conscience est, dans notre époque, l'unique puissance en mesure de vaincre ces forces du mal dans l'âme qui, dans le vingtième siècle, ont donné vie au phénomène du Bolchevisme et qui, si on ne les combat pas, continueront d'agir dans l'humanité du futur, en mettant même son existence en jeu. Cependant, cette expérience du Christ n'est rien d'autre que le début de Sa révélation actuelle à l'humanité. Au travers du développement ultérieur de la conscience, en effet, surgira en chacun, grâce au Christ, la faculté d'une compréhension de son propre Le peuple russe qui est appelé dès cette époque à devenir la 3 (1)