Dornach-Thierstein

« Les Membres l'ont exigé »

Bagarre autour des statuts / Les Anthroposophes s'affrontent autour de leur Constitution: certains veulent continuer dans la rigueur, d'autres veulent avoir voix au chapitre. Paul Mackay, membre du Comité directeur, dit qu'il traduira la volonté de l'adhérent.

Par Walter Brunner

Dornach: La Société Anthroposophique (SAG) fait les gros-titres des journaux suite à un affrontement judiciaire. Aujourd'hui, c'est son Assemblée Générale à Dornach avec, entre autres la question de savoir si l'on doit interjeter appel au Tribunal du Bund (Tribunal Fédéral, ndt) après le jugement du Tribunal d'Appel cantonal. Paul Mackay, membre du Comité directeur de la SAG, considère cet échec devant le Tribunal comme étant également positif: « Le jugement éclaircit une question juridique ».

BZ: Monsieur Mackay, dans une série de Lettres de membres, le Comité directeur de la SAG, et donc vous aussi, vous êtes violemment critiqués. Pourquoi ne réagissez-vous pas en rédigeant à votre tour des lettres aux membres?

Paul Mackay: Je ne me sens pas obligé, en tant que Comité directeur de la SAG, à répondre à présent par des contre-lettres aux membres. Il ne m'importe pas d'avoir toujours raison, mais ce compte pour moi c'est la question suivante: comment pouvons-nous tenir compte du souhait de nombreux membres d'adapter nos structures aux taches culturelles et spirituelles actuelles de la SAG? Comment pouvons-nous apporter de la clarté dans nos statuts? D'ailleurs, le jugement du Tribunal d'Appel est positif dans la mesure où il clarifie un problème juridique.

La critique que l'on rencontre très fréquemment est celle-ci: Le Comité directeur a sorti de son chapeau comme par magie, une société vieille de quatre- vingt ans. Puis il en a créé une nouvelle au moyen d'une fusion. Par cette balourdise, il s'est habilement procuré plus de pouvoir et a supprimé le droit de proposition des Membres et donc la démocratie.

Je serais content de pouvoir faire un tel tour de magie. Non, nous voulons très exactement nous rattacher à la Société fondée en 1923, par Rudolf Steiner, le fondateur de l'Anthroposophie. En réalité, nous avons complété les statuts et modifié le droit de propositions. Rudolf Steiner avait déjà pensé à l'époque à une société universelle, mais à présent celle-ci se trouve dans les vêtements d'une Association locale à Dornach. Cela mène à des frictions qui font perdre beaucoup de temps. Un exemple: dans la configuration juridique actuelle, le Comité directeur doit inscrire chaque proposition de chaque membre à l'Ordre du jour de l'Assemblée Générale. Ce sont des points de détail qui déterminent le contenu des discussions. Cela a conduit à de grandes insatisfactions parmi la communauté des membres. Avec la limitation du droit de propositions, nous voulons plus de discussion et non pas moins. Alors, enfin, ce qui concerne la Société universelle viendra en discussion. Les membres l'ont exigé de plus en plus fortement durant ces dernières années: Comment pouvons-nous mener un débat fructueux, sans que le droit de propositions soit trop abondamment utilisé ou qu'il en soit fait mauvais usage?

Le Tribunal d'Appel de Solothurn écrit dans la justification de son verdict, que la manière de procéder du Comité directeur de la SAG « frise l'abus de droit ». Comment une telle faute a pu se produire?

Il y avait à l'époque des demandes par Internet ¸ par lesquelles on voulait participer à notre Assemblée Générale, et où l'on déclarait immédiatement après: «Je ne suis pas membre! ». Alors les décisions de l'AG n'étaient plus valables. Que devions-nous faire, face à ces tentatives d'invalider nos assemblées en les rendant absurdes? Nous devions préserver la capacité décisionnelle de l'AG. Et donc, les participants devaient bien témoigner auparavant qu'ils étaient membres. Cela a été interprété comme une contrainte par le Tribunal, mais sans égard pour ce qui est arrivé antérieurement à cette situation.

Une autre critique consiste aussi à dire que le Comité directeur informe de manière unilatérale et en manipulant — quoique vous ayez diffusé sur Internet le rendu du Tribunal. La méfiance est-elle grande à votre égard?

En vérité, vous devriez le demander aux plaignants. Mon impression, c'est que nous sommes parvenus durant ces dernières années, au sein de la SAG, à vivre et à évoluer sans préjugés avec les critiques dans la confiance réciproque. Cela ne vaut pas, comme cela s'avère en ce moment, pour ce qui concerne le groupe des plaignants. Naturellement, les membres s'inquiètent à cause du procès et je le comprends très bien. Ce procès ne nous est pas profitable.

Selon le jugement de la Cour d'Appel, vous devez de nouveau dissoudre la Société-fusion que vous avez enregistrée le 3 janvier 2003. Que reste-il donc encore?

Je dois respecter ce jugement, si nous n'interjetons pas appel. L'autre association fondée dès 1913, l'actuelle SAG, continue d'exister. Une nouvelle situation surgit du jugement du Tribunal, mais aucune incertitude juridique quant à l'association de 1913. Dans un certain sens, nous sommes de nouveau dans une situation de dénouement, mais sur un plan plus élevé: nous y avons gagné une déclaration claire sur l'Association de 1923. Nous avons à présent un verdict de Tribunal et pas seulement des opinions.

Après le tribunal cantonal, c'est à présent la Cour d'appel qui s'est prononcée, et peut-être que le cas sera encore soumis à la Cour d'Appel fédérale. Est-ce possible somme toute qu'un tribunal civil puisse résoudre la confrontation des Anthroposophes?

Un tribunal peut clarifier une question juridique. Devant ce tribunal, il s'agit seulement de l'existence de la fondation associative de 1923. Cela, un tribunal peut en juger. Le cas de justice semble faire que pour l'extérieur, c'est comme s'il y avait une grande bagarre parmi les Anthroposophes. Mais il n'en est pas ainsi. La culture de la confrontation est propre au Mouvement anthroposophique. Nous poser des questions en fait partie.

Une fois admis que le cas juridique est réglé. Le calme revient-il dans la maison?

Nous avons beaucoup de travail devant nous dans la SAG. Il y a de nombreux domaines de la culture actuelle, pour lesquels nous voulons apporter une contribution encore plus forte. Que cette année, deux Anthroposophes aient reçu le Prix Nobel alternatif, en est peut-être une expression. Un tel engagement (en français dans le texte, ndt) mène sans cesse à la question: avons-nous la juste forme juridique, qui à la fois nous soutienne et nous laisse libres d'agir comme nous le voulons? L'Université libre des Sciences de l'esprit, le noyau spirituel du Goetheanum, n'est pas encore mentionnée dans les statuts jusqu'à présent. Elle se trouve bien pourtant dans ceux de l'Association fondée en 1923, qui, selon le Tribunal, n'existe plus. Après ce jugement, notre travail n'est pas terminé, car l'aspect juridique de l'Université nous tient aussi à coeur.

Maintenant que votre Assemblée Générale est au programme. Qu'est-ce qui est en cours?

L'Assemblée Générale du corps associatif (personne morale, ndt) fondé en 1913 a lieu dans le cadre d'usage. Immédiatement après, nous élaborerons toute une série de thèmes. Et puis il s'agira toujours de la question des statuts.

Bazler Zeitung, du samedi 19 mars 2005


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