Où coule le courant du Congrès de Noël... ?

Michaela Jordan

Au sujet du jugement de la Cour d’Appel de Solothurn du 12 janvier 2005

dans la procédure qui a mené à la constatation de la non-existence de la soi-disant seconde Société Anthroposophique Universelle réactivée par le Comité directeur actuel (Vorstand) de la Société Anthroposophique.

© Gelebte Weihnachtstagung

Contenu :

I. Le Congrès de Noël en tant qu’événement d’incarnation central du courant spirituel anthroposophique

§ Doctrine et vie

§ Les éléments de vie de l’impulsion du Congrès de Noël

II . Les deux coups principaux portés, entre beaucoup d’autres choses, qui devaient ébranler l’efficacité de la Société Anthroposophique

§ Affaiblissement de l’Université par la privation des droits d’édition de l’oeuvre de Rudolf Steiner

§ Dans les années 90, on commença à remettre en cause l’identité de la Société

§ Paul Mackay

§ Un cheval de Troie — les Assemblée des 28 et 29 décembre 2002

§ Une nouvelle condition d’adhésion…

§ Usurpation juridiquement illégale d’une identité associative

III. S’agit-il réellement de la totalité ?

§ Dépôt de plainte

§ Au sujet de la situation juridique

§  § 3 alinéa 1 des statuts d’enregistrement de la SAU — depuis 19365 à aujourd’hui ! —

§ Le « manque » du Pr. Furrer

§ La force de volonté créatrice du droit

§ Que veut véritablement dire le Pr. Furrer ?

§ Enveloppe associative différente de l’Identité associative

§ Les étapes d’incarnation du courant spirituel anthroposophique

IV. Il s’agit de la totalité

§ Que serait-il advenu, si Paul Mackay et ses collègues du Vorstand avaient pu mener leurs plans sans entrave ?

§ Un double de la Société Anthroposophique

§ L’unité et sa destruction

§ Un simulacre d’union dans un semblant de société

§ Interdiction juridique et déploiement de pouvoir

§ Quel rôle joue le Jugendkreis ?

V. Le jugement de la Cour d’Appel du 12 janvier 2005

§ Le débat judiciaire du 11 janvier 2005

§ Le jugement : fusion-concluante par absorption

§ Abus juridique et coercition

§ Notre Société Anthroposophique Universelle est la Société du Congrès de Noël 1923/24

Souvenons-nous en tous : Tout était, pour le moins en rapport avec la constitution de notre Société, dans — presque — le meilleur ordre possible. Nous vivions dans notre Société dans la conscience, qui allait de soi, que cette Société Anthroposophique Universelle, qui est la nôtre, est naturellement la seule Société Anthroposophique existante, et qu’il lui incombait, comme cela allait de soi aussi, d’accomplir toutes les tâches importantes d’une telle société, et, ce qui pour nous était le plus important — comme pour tous les Comités directeurs qui se sont succédés jusqu’à présent et à quelques exceptions près aussi pour tous les membres que cette Société ait jamais eus — que nous vivions dans la pleine conscience que cette Société avait pris naissance lors du Congrès de Noël 1923 et que, aussi imparfaite qu’elle puisse être certainement, que notre Société Anthroposophique Universelle, donc, a porté en elle, au cours du vingtième siècle le courant de ce Congrès de Noël et qu’elle l’a donc véhiculé totalement. Se tenir dans ce courant spirituel du Congrès de Noël, voilà ce qui était pour nous la chose la plus importante qui existât sur Terre.

I — Le Congrès de Noël en tant qu’événement central d’incarnation du courant spirituel de l’Anthroposophie.

Pourquoi ? Pourquoi ce Congrès de Noël nous avait-il séduit avec une telle force ? — Même si, au début peut-être, nous n’en étions pas conscients, mais pourtant nous avions bien ressenti ceci : nous étions enfin arrivés chez nous, enfin nous étions chez nous ! C’était bien ce que nos âmes, pendant si longtemps, de retour sur les chemins de la Terre, avait recherché, ce qu’elles avaient recherché avec une aspiration ardente : la confluence des âmes qui possèdent les mêmes dispositions vers une oeuvre du siècle qui devait rendre possible, à nous et à l’humanité, la remontée dans les mondes spirituels. Car à quoi sert sinon le nom de Congrès de Noël, à quoi sert aussi l’intitulé de Société Anthroposophique Universelle et pourquoi ces deux noms sont-ils si indissolublement liés ?

Le Congrès de Noël n’était-il rien de moins, en effet, que la culmination de l’impulsion culturelle la plus remplie de sens des temps moderne, celle que Rudolf Steiner apporta dans le monde sous la forme de son Anthroposophie ? Un courant spirituel voulait s’incarner, dont le temps était venu enfin. Ce processus d’incarnation s’accomplit en différentes étapes, qui ne se dévoilèrent elles-mêmes que pas à pas au grand initié Rudolf Steiner. Un savoir spirituel et un nouveau cheminement spirituel voulurent se communiquer à l’humanité, afin que celle-ci — et d’abord représentée par ses précurseurs — apprît enfin à accomplir le grand pas, qui se trouve maintenant devant elle : dans la conscience de veille, franchir le seuil ; en tant qu’êtres humains conscients et éveillés, entrer de nouveau dans le monde de l’esprit. Une nouvelle conscience de soi voulut s’ouvrir à l’être humain : vivre en soi ce moment fort, où les frontières du monde spirituel sont en passe d’être traversées. C’étaient de puissantes perspectives que celles que nous communiqua ainsi Rudolf Steiner, — mais son acte le plus grandiose consista dans le fait de nous montrer l’unique cheminement praticable et sain pour notre conscience actuelle, pour parvenir nous-mêmes aussi à acquérir ces perspectives, jusqu’au degré le plus élevé possible, à partir des propres énergies de nos individualités. L’être humain doit aujourd’hui de plus en plus être laissé libre d’apprendre à déployer ses ailes et de s’y déterminer lui-même. Rudolf Steiner engagea toute sa vie pour cela, pour que l’être humain à présent puisse devenir celui qui accomplit pleinement sa propre libération.

§ Enseignement et vie

Plus important que tout enseignement, c’est le cheminement sur lequel cet enseignement est sans cesse renouvelé et maintenu en vie. Seule la vie ancre l’enseignement dans la culture, lui crée l’activité indispensable dans les événements de l’humanité. Sous ce rapport, l’Anthroposophie pose carrément les exigences les plus hautes aux hommes. Ainsi cela relevait-il de ce qui tenait le plus à coeur à Rudolf Steiner, d’aller rechercher la science d’orientation anthroposophique dans les têtes pour la laisser devenir active pour l’être humain tout entier. Sa plus grande entreprise audacieuse à ce sujet fut précisément le Congrès de Noël 1923/24 et son impulsion, qui aboutit à l’inauguration de la Société Anthroposophique.

La société anthroposophique de 1912/13 devait être refondée à neuf lors de ce congrès ; à neuf, c’est-à-dire différente de ce qu’elle était auparavant. Tous les courants de la mouvance anthroposophique devaient désormais confluer en une Société. Et, ce qui devait avant tout être réuni enfin — l’évolution des événements ne l’avait alors que trop nettement montré — ce qui devait être « soudé » c’était enfin la vie ésotérique dans toute son ampleur, la disposition d’esprit ésotérique, l’alignement constant sur le monde spirituel, avec tous les actes à venir de la Société. Autrement, Rudolf Steiner n’eût pas été en mesure de considérer comme réalisée la loi vivante de l’impulsion anthroposophique. Le courant spirituel descendant de l’Anthroposophie devait pouvoir être vécu dans la coopération des actes d’une communauté humaine qui vit sur la Terre. Seul d’abord ce qui est appréhendé et métamorphosé par des hommes, pourrait acquérir de la vie sur cette Terre.

L’Anthroposophie devait donc être libérée de son isolement dans les têtes des hommes, oui libérée du processus d’abstraction et en même temps d’euphorisation qui s’y déroulaient, et renvoyée vers le bas, vers et dans les coeurs des membres. Simultanément, les actes des hommes devaient être délivrés de leur trop grand attachement à la Terre et de l’absence de spiritualité et placés, à cette condition seulement, au service réel de la cause anthroposophique. Mais avant tout, la vie sociale parmi les membres devait fondamentalement changer. Cette préoccupation centrale de Steiner devint effectivement alors aussi l’objet de ses « Lettres aux membres », qu’il publia dans le Nachrichtenblatt de cette année 1924. — C’est une nouvelle Société Anthroposophique, avec désormais des manières d’agir réellement anthroposophiques, qui devait naître en ce Congrès de Noël !

Apprendre à porter sur la Terre leurs anciens liens spirituels centenaires, voire parfois en effet millénaires, et à révéler ainsi à l’humanité de nouvelles voies, telle est la raison pour laquelle les âmes préparées se réunissent au sein de la Société Anthroposophique. Apprendre à vivre l’esprit entre elles, apprendre à marier l’esprit avec la Terre, et dans leurs efforts réciproques, se soutenir mutuellement pour réaliser toutes ces tâches difficiles, c’était ce qui amena ces âmes ensemble vers la lumière de l’Anthroposophie et c’est ce qui leur fit accueillir avec reconnaissance l’impulsion du Congrès de Noël que Rudolf Steiner éleva jusqu’au plus haut de l’esprit. Le courant de l’esprit était parvenu sur la Terre et il s’unit à une communauté humaine. Selon les paroles mêmes de Rudolf Steiner, cela devait devenir l’étape préalable à une école des initiés. Après l’incendie destructeur du premier Goetheanum physique, c’est à présent un Goetheanum spirituel qui devait être édifié. — À cette communauté d’êtres humains, Rudolf Steiner donna le nom de Société Anthroposophique Universelle.

§ Les éléments de vie de l’impulsion du Congrès de Noël

Pour s’engager sur cette voie, Rudolf Steiner fit don aux hommes de trois éléments essentiels : la parole de la Pierre de Fondation, pour ancrer dans les cieux la communauté, au travers de l’effort constant à exercer de la conscience de l’esprit, la forme associative qui devait être enregistrée légalement, pour rendre cette communauté pleinement agissante sur la Terre et les statuts fondateurs, actuellement dénommés « Principes », lesquels, d’une manière tout à fait nouvelle et singulière, révélaient comment ils pouvaient déployer leur plus haute efficacité dans la réunion, justement, de cette dimension spirituelle avec celle terrestre :

Une formation volontairement démocratique en soi, cela veut dire — au sens anthroposophique le plus élevé — une association qui s’établit elle-même à partir des sphères de libertés de ses individualités participantes, c’est ce qui porte, comme un coeur pulsant, la coupe du Graal de l’université, laquelle, par sa lumière, éclaire et réchauffe les efforts de la Société, son cheminement et son but. Et à chaque membre individuel qui le souhaite et qui est prêt à faire naître en lui les capacités nécessaires, la collaboration à cette Université est ouverte. — C’est ainsi que le courant de l’esprit s’engagea donc alors dans son cheminement terrestre.

II. Les deux coups principaux qui, à côté de beaucoup d’autres, devaient ébranler l’efficacité de la Société anthroposophique.

Porter l’impulsion donnée à la Société par le Congrès de Noël devint à la fois la mission et l’étoile-guide d’une communauté de membres en croissance ; une mission difficile parce qu’un élément tout nouveau, inhabituel, qui faisait sauter les habitudes dans la vie quotidienne de la Société, voulait donc s’édifier ; étoile-guide, parce que tout ce qui commençait à parler de cette manière et à s’éveiller à la vie terrestre, éclairait toujours plus le cheminement. Parce la liberté vit dans le penser humain, ce corps d’expression de l’anthroposophie voulut se coaguler en organisation humaine, associative et communautaire, et mettre en évidence, comme objectif à suivre pour l’humanité, de nouvelles formes de vie ensemble, qui fussent les seules porteuses d’avenir et les seules incarnant une forme sociale réelle.

Dans la forme de la Société Anthroposophique Universelle coulait le fleuve spirituel de l’Anthroposophie dans le corps temporel du présent. La Société reçut — outre ses statuts fondateurs spirituels, lesquels sous cette forme propre ne pouvaient pas faire l’objet d’un enregistrement au Tribunal de commerce — des statuts « adaptés » qui, eux, pouvaient l’être et venaient ainsi compléter son vêtement terrestre. En se fondant dans les Cieux, fermement implantée dans les vies culturelle, économique et juridique, du présent, elle commença son cheminement au travers du vingtième siècle, qui devait lui réserver les pires tourments et cependant des tourments ne provenant pas seulement de l’extérieur, mais surtout « de l’intérieur ».

§ Affaiblissement de l’Université

par la dépossession des droits d’édition de l’oeuvre de Rudolf Steiner

L’affaiblissement de l’Université, par la dépossession des droits d’édition de l’oeuvre de Rudolf Steiner, devint, au milieu du siècle dernier, le coup le plus dur porté à la communauté spirituelle, qui ne s’édifiait que lentement et sous des efforts les plus intenses. Gravement touchée en plein coeur, elle se traîna et languit, elle eut de plus en plus de difficultés à ne pas perdre son orientation. Avant tout, cette privation devint une lourde entrave à sa prospérité. La Société s’en remit de ce fait au pouvoir d’un élément qui était entièrement étranger à sa nature.

Gravement touchée la Société entra dans les temps d’épreuves du tournant du millénaire. On avait déjà perdu tant, tant de choses, que le maître avait données sur le chemin parcourut avec lui. L’ardente aspiration resta, même si elle s’affaiblissait toujours plus. Ce qui diminuait peu à peu, au lieu d’enthousiasmer les coeurs par sa culture consciencieuse, c’était la conscience vigilante des dimensions profondes dans lesquelles le Congrès de Noël s’enracine.

§ Dans les années quatre-vingt dix, on commence à remettre

en cause l’identité de la Société.

Dans cette état de chose, la Société reçut son second coup grave de son histoire : dans les années 90, on commença à remettre en cause l’identité de la Société. Au début ce n’était que quelques rares théoriciens constitutionnels, pour la plupart venant d’Allemagne, qui voulaient à toutes forces faire entrer la Société dans les plus diverses carcans d’idées, selon lesquelles il n’y avait pas une, mais deux sociétés anthroposophiques, dont l’une, connue de tous, vécue par tous, est soi-disant une simple société administrative, et à côté ce celle-ci, il existerait la véritable Société spirituelle. Le Vorstand repoussa tout d’abord et encore avec véhémence cet assaut, car, effectivement, et ce n’est pas la dernière ni la moindre des raisons, cet assaut venait remettre en cause son pouvoir central. Et pourtant, soudain, et sans qu’on s’y attende, il se rallia à la nouvelle ligne et s’associa avec les théoriciens des deux sociétés.

Sans autre forme de procès, la Société fut alors ôtée de ses gonds constitutionnels. Ce qui entra en jeu dès lors, ne peut plus désormais être désigné autrement que par le terme d’opportunisme politicien. Le Comité directeur, qui depuis des décennies, s’était de plus en plus éloigné des fondements de la Société et qui avait commencé à refouler juridiquement les membres, en renforçant sa propre position de force en édifiant des structures ad hoc, se vit alors confronté, dans son assemblage actuelle et dans ses intentions, à deux obstacles majeurs : d’un côté, il était aux prises avec des membres orientés par la démocratie qui, face à l’émiettement continu et progressif de leurs droits participatifs et configuratifs, reconnus par Rudolf Steiner lui-même, les défendaient, et, de l’autre, il se trouvait aux prises avec des membres qui, par principe, n’étaient pas du tout prêts à reconnaître le Vorstand dans sa position directrice centrale et s’efforçaient même de le liquider par le recours à cette soi-disant division de la Société en un domaine spirituel et un domaine administratif.

§ Paul Mackay

En 1996, entra dans le Comité directeur Paul Mackay, un spécialiste de la banque, distingué par la Reine des Pays Bas de l’insigne du « Lion de Hollande », lequel, dans la Société anthroposophique nationale hollandaise avait déjà prouvé à suffisance ses « capacités à percer » et qui donc, après la mort de Manfred Schmidt Brabant, s’avança tout naturellement au sommet de la Société. Sous Paul Mackay, il ne sembla plus y avoir dans la Société que deux objectifs à l’ordre du jour et ceci, d’une manière ouverte et sans mâcher ses mots : la consolidation des structures de pouvoir autoritaire et l’interdiction judiciaire sans appel des membres.

Aussi Paul Mackay s’allia-t-il donc provisoirement avec les théoriciens des deux sociétés, et saisissant leur idées là où elles lui semblaient utiles, et les jeta de nouveau par-dessus bord un peu plus tard, lors de l’Assemblée Générale de 2002. Effectivement, il y aurait donc eu deux sociétés, selon lui, mais cet état de fait — et c’est ici que se distingue la conception de Paul Mackay tout à fait substantiellement des autres théoriciens « conséquents » de la théorie des deux sociétés — n’avait pas été voulu, mais il était à imputer à une mauvaise fortune juridique qui avait échappée au Vorstand fondateur et qui, à présent, enfin, donc après 80 ans d’attente, devait être remise en ordre. La fusion d’alors, à laquelle on s’était efforcé en suivant en cela la volonté de Rudolf Steiner, à savoir la fusion de la Société Anthroposophique Universelle, fondée lors du Congrès de Noël avec le Bauverein n’avait pas réussi et donc l’on devait remédier à cela maintenant et en même temps faire immatriculer au registre du commerce les Principes (statuts fondateurs du Congrès de Noël). Au contraire d’alors, cela serait aujourd’hui possible, il n’y faudrait que quelques modifications minimes des Principes. Ensuite, tout l’aspect juridique serait clarifié et remis dans le meilleur ordre et l’on pourrait enfin se tourner de nouveau vers d’autres tâches sérieuses.

§ Un cheval de Troie

— les assemblées des 28 et 29 décembre 2002.

Et assidûment, Paul Mackay commença à confectionner son « cheval de Troie » : cette soi-disant seconde société, existante à côté de notre Société Anthroposophique Universelle, et soi-disant la seule à être spirituellement orientée, qui devait être réactivée — Paul Mackay lui donna l’intitulé de « Société Anthroposophique Universelle (Congrès de Noël) / SAU(CN) » — et la Société Anthroposophique Universelle existante, la SAU « tout court » (ndt) (que Paul Mackay dégrada au rang d’une société d’administration ou de gestion), serait dans un second temps dissoute « par fusion » dans la Société réactivée.

Ces « modifications complémentaires insignifiantes » des Principes, soi-disant indispensables en vue de l’inscription au Tribunal du commerce, Paul Mackay les garda dissimulées si longtemps qu’il devint même impossible d’avoir un débat dans la société à leur sujet. Au tout dernier moment, cependant, ces « modifications complémentaires » furent publiées sous la forme de propositions de résolution dans la Nachrichtenblatt. Mais la plupart d’entre elles se révélèrent ensuite, premièrement en aucun cas nécessaires pour l’enregistrement et, deuxièmement, comme de grossières dénaturations des Principes. Mais comme on l’a dit, une sérieuse discussion à leur sujet n’avait jamais pu avoir lieu de toute manière.

Bientôt on se retrouva donc devant le spectacle « mis en scène » de la grande réactivation. Les 28 et 29 décembre 2002, on mit donc en scène une Assemblée Générale Extraordinaire, comme on dit, en vue de la réactivation de cette association que l’on faisait passer pour une société fondée lors du Congrès de Noël, et on « euphorisa » même les membres présents, auxquels il ne resta même plus de temps, pour penser la chose de manière régulière, car tout cela eut lieu à l’issue d’un emphatique congrès Prokofieff d’une semaine (« Les hommes puissent-ils l’entendre »), par lequel on avait plongé les membres dans une sorte de pénitence, spécialement organisée pour l’occasion, et qui devait redonner vie, de manière la plus enthousiaste possible, au Congrès de noël 1923/24. Les membres devaient en effet être plongés dans une telle atmosphère, étant donné finalement qu’il s’agissait d’obtenir d’eux le consentement à leur propre interdiction juridique, et donc, à extorquer leur accord en vue de la destruction des Principes du Congrès de Noël. Et finalement, pour faire bonne mesure, le droit de vote leur serait retiré à tous — y compris ceux disposant d’une carte rose ! —, s’ils ne venaient pas à reconnaître (confesser, ndt) par écrit qu’ils partageaient effectivement l’avis du Vorstand.

§ Une nouvelle condition d’adhésion...

Que l’on regarde d’un peut plus près ce seul fait : jusque là — selon le souhait de Rudolf Steiner — il y avait une seule et unique condition pour adhérer, et cela avec le droit de vote qui lui était lié, à savoir, celle de reconnaître justifiée dans son existence une Université, telle que sous la forme d’existence du Goetheanum. Soudain, le 28 décembre 2002, on définissait une nouvelle condition du droit de vote — et qui a passé jusqu’à aujourd’hui dans le simulacre de société créé par le Vorstand : n’a le droit de vote donc dans cette « soi-disant société fondée lors du Congrès de Noël », que celui qui dit approuver les quatre-vingts ans d’existence de deux société anthroposophiques et avec cela aussi, la conception du Vorstand, et qui donc, par là même, répudie, en même temps, la SAU en tant que porteuse de l’impulsion du Congrès de Noël. Autrement dit : n’a de droit de vote et ne vaut comme membre, que celui qui se détache de tout ce qui a été porté et vécu consciemment depuis quatre-vingts ans par tous les comités directeurs et à quelques rares exceptions près, par tous les membres. — Un courant ne devait-il pas ainsi être rompu, une volonté ne devait-elle pas être ainsi brisée ?

§ Usurpation illégale d’une identité associative

Un autre phénomène encore mérite d’être examiné ici de plus près : selon l’article 3 des statuts enregistrés au Tribunal de Commerce de notre Société Anthroposophique Universelle, notre société est propriétaire des « Principes », et donc des statuts du Congrès de Noël.

« La Société poursuit ses tâches et ses objectifs au sens des Principes donnés par Rudolf Steiner et acceptés par les membres lors du Congrès de Noël 1923. »

É9tant donné que ces Principes lui avait été donnés par Rudolf Steiner, lors de son Congrès fondateur, on peut donc les caractériser aussi comme les statuts fondateurs de la Société Anthroposophique Universelle. Mais comment ces Principes, déclarés sans ambiguïté comme statuts fondateurs de la Société Anthroposophique Universelle peuvent-ils être maintenant l’objet d’une modification qu’une autre « association », pour préciser, le simulacre de construction du Vorstand, veut opérer sur eux ? ? Ceci est impossible ! Les résolutions des 28 et 29 décembre 2002 ont donc un contenu impossible et la validité peut en être, de ce, fait contestée en justice pour une durée illimitée.

Que l’on prenne bien conscience de la chose : le comité directeur de la Société Anthroposophique Universelle agit contre les statuts de sa propre association ! Rien que par cet exemple, l’on voit combien faible, et effectivement intenable, s’avère cette position juridique du Vorstand actuel. Il prend les statuts fondateurs de sa propre association et les fait modifier dans une construction simulée, dont il simule l’existence par un monstrueux ramassis d’abstractions et de plus, en la dépouillant du caractère conforme à son esprit. On serait enclin à se prononcer sur le côté grotesque de cette situation, si cette situation n’était pas si bouleversante, eu égard à la signification de la Société Anthroposophique, si immensément bouleversante.

III. S’agit-il réellement de la totalité ?

La situation au sein de la Société Anthroposophique avait atteint son point critique et insupportable. On avait volé l’identité et ses quatre-vingts ans d’histoire à la Société, les membres critiques étaient réduits au silence, la discussion au sein de la société était tombé au point zéro. Les membres étaient privés de leurs droits de configuration participative, un incroyable esprit d’iniquité se répandait. La chimère avait été enregistrée au Tribunal de Commerce, les Principes de Rudolf Steiner détruits. Et le pire : la Société se tenait devant sa propre dissolution.

Pouvait-on tolérer cela ? Pouvait-on regarder cela sans rien faire ? La Société, dont on était convaincus qu’elle portait en elle l’impulsion du Congrès de Noël, dans laquelle tous nos efforts étaient placés dans le courant spirituel anthroposophique, la gardienne d’une continuité spirituelle — devait-elle être liquidée ? ? Et tant de membres se laissaient aveuglément déposséder, ne voulaient que faire confiance et croire, et non penser et vérifier la manoeuvre, la contrôler sans préjugé. Ils voulaient simplement qu’on leur fiche finalement la paix, qu’on les laisse à leur travail « intérieur » — et ils laissaient la Société dans l’embarras.

Liquider la Société Anthroposophique ? Fusionnée dans une chimère, ruinée dans le faux-semblant et l’abstraction ? Tombée victime du reniement et du mépris ? Anéantie, la patrie des âmes en quête ? Cela ne pouvait pas être pourtant : cela ne devait jamais arriver, ne jamais devenir une réalité. Quel travail intérieur eût encore eu une chance quelconque, d’acquérir de la substance, si l’on s’était chargé du poids de l’inaction ! Et le plus fondamentalement, des lois spirituelles eussent été profondément violées, si l’on s’était tu ! Ici c’était l’avenir de l’humanité qui était en jeu !

Une impulsion nous avait été confiée, cette impulsion qui devait mener l’humanité à franchir le seuil, d’une manière correspondante à ses facultés actuelles. Ce franchissement du seuil devait aujourd’hui s’accomplir humainement. La question décisive c’était comment cela arriverait. Considérons cette déclaration de Rudolf Steiner :

« Mais pendant que nous avons cette conscience dans la tête, notre conscience plus profonde, qui affecte le coeur, franchit le seuil, justement même au plan historique pour la civilisation moderne. En haut, dans la tête, les hommes vivent avec tout ce qu’ils disent, surtout avec tout ce qu’ils racontent de mensonges sur les circonstances extérieures, et en-dessous, toute l’humanité — sans qu’elle le pressente, comme quelqu’un qui marcherait sur un volcan — passe au travers du seuil. Et au-delà, l’être humain doit soit dépérir ou progresser avec bonne volonté vers la connaissance du monde suprasensible. — Anthroposophie est déjà liée aujourd’hui au progrès véritable de la civilisation humaine. Mais la misère, qu’aujourd’hui on peut voir au sein de cette civilisation, devrait être l’exhortation d’aborder une considération suprasensible des hommes et du monde. Mais nous ne le pouvons que si nous gardons un oeil bien ouvert sur ce qui se passe dans le monde. »

(Dans : « Rudolf Steiner et les tâches civilisatrices de l’Anthroposophie »)

Comment une connaissance, indispensable pour un franchissement salutaire du seuil des mondes suprasensibles, serait-elle censée être apportée à l’humanité, si aucune Société Anthroposophique n’était là reposant sur quelque chose de vrai et d’authentique ? N’y aurait-il aucune Société, qui fût suffisamment forte et éveillée, pour sauver son identité de résister à son histoire ? Aucune Société qui ne fût prête à prendre sur soi l’effort de poursuivre la connaissance de soi, la connaissance de sa propre Constitution, d’appliquer l’élément de la connaissance sur elle-même ? Qu’est-ce qu’on aurait voulu raconter à l’humanité au sujet de la nécessité des connaissances du suprasensible, si l’on ne voulait pas d’abord reconnaître soi-même la nécessité d’une connaissance de sa dimension sociale ? — Le jugement brûlait profondément dans le coeur, que la perte du contenu menaçât un moment de s’effondrer dans la perte de parole et la paralysie.

S’agit-il vraiment de la totalité ? Que peut-on seulement faire... ?

§ Introduction d’une action d’instance

Le 24 janvier 2003, six amis du cercle du Gelebten Weihnachtstagung déposèrent une plainte au Tribunal d’Instance de Dorneck-Thierstein, en constatation de la non-existence juridique du simulacre de construction de la « Société Anthroposophiqiue Universelle (Congrès de Noël) SAU(CN ) ». Comme tous les amis du Gelebten Weihnachtstagung — sur la base de longues années d’études sur l’histoire de la Société Anthroposophique — ils avaient la conviction que ce simulacre juridique n’était pas du tout la réanimation de la Société fondée lors du Congrès de Noël, comme le Vorstand voulait soudain le faire accroire aux membres, en effet cela ne pouvait pas être, puisque l’identité de cette société était purement et simplement la Société Anthroposophique Universelle qui existait bien vivante depuis 80 ans — et ceci dans la pleine extension de ce tout qu’elle avait vécu.

La procédure juridique qui s’engagea alors fut en mesure, non seulement de déjouer la première tentative de Paul Mackay, visant à dissoudre la Société à Pâques 2003, mais aussi d’empêcher son deuxième coup, en novembre suivant, visant à procéder à la dissolution. Le 3 février 2004, le Tribunal de Dorneck-Thierstein, après un marathon éphémère d’un jour de négociations, la veille, prononça son jugement : la construction du Vorstand est dénuée de tout fondement juridique. La Société fondée lors du Congrès de Noël vit intégralement dans la Société Anthroposophique Universelle, et donc exactement dans celle-là même que Paul Mackay souhaiterait dissoudre. Paul Mackay fit appel du jugement avec son avocat le Prof. Doct. Andreas Furrer.

Comme Benediktus Hardorp, l’un des deux théoriciens des deux société, l’avait bien rapporté lors des débats judiciaires, à l’occasion de sa déposition à partir du groupe de travail constitutionnel, et à l’étonnement des personnes présentes : « Furrer fut chargé de prouver si ce que nous avions pensé était exact ». Paul Mackay et son groupe de travail constitutionnel, avaient bricolé avec zèle une théorie « convenable » et ensuite, ils avaient demandé à un ami « érudit en droit » d’ébaucher pour celle-ci l’infrastructure juridique nécessaire. Une manière de procéder hautement douteuse. Elle apparaît d’autant plus louche que Paul Mackay, lui-même, seulement deux ans auparavant, avait défendu avec véhémence l’attitude exactement opposée à celle que l’on adoptait maintenant, et que jusqu’alors, aucune nouvelle connaissance d’aucune sorte n’avait été avancée qui eût pu laisser apparaître comme justifié d’une manière ou d’une autre ce changement de position. De plus, Paul Mackay avait fait justifier sa conception antérieure par une expertise du Pr. Dr. Hans Michael Riemer, Professeur titulaire de droit privé auprès de l’Université de Zurich. — cela apparaît comme une ironie du destin que cette « expertise Riemer » soit devenue aujourd’hui précisément l’un des points d’appui les plus essentiels pour les membres plaignants. Et pourtant, ceci n’est pas plus étonnant outre mesure, car ces membres défendent en fin de compte rien d’autre que la position qui, jusqu’au changement fatal de direction introduit par Paul Mackay, avait été celle de l’ensemble des Vorstände précédents.

§ Au sujet de la situation juridique

Regardons d’un peu plus près la théorie de Furrer, avec laquelle Paul Mackay pensait encore fonder effectivement la dissolution de notre Société Anthroposophique Universelle.

Le Pr. Furrer reconnaît au moins le fait que, premièrement, Rudolf Steiner voulait une unique société, dans laquelle aussi bien les tâches spirituelles que les tâches de gestion pussent trouver leur réalisation, et que, deuxièmement, au moyen de l’impulsion du Congrès de Noël, toutes les entreprises anthroposophiques devaient être rassemblées dans une unique société — qu’il appelle, lui, du reste « Société anthroposophique » —. Le professeur Furrer admet encore aussi qu’à cet fin, l’Association du Goetheanum de l’Université Libre des Sciences de l’Esprit, qu’on appelait alors le Bauverein, approuva le 29 juin 1924 sa propre intégration dans la société qui avait été fondée lors du Congrès de Noël précédent.

Nous voulons de suite nous permettre ici une brève digression éclairante. Dans l’un des « papiers fondamentaux », sur lesquels Furrer fait expressément reposer ses théories, à savoir dans ce qu’on appelle le « résultat de Mannheim », par lequel Paul Mackay, en 2001, avait initié son changement d’orientation — le « résultat de Mannheim » porte donc aussi les signatures de Paul Mackay et Bodo von Plato —, ce processus du 29 juin 1924 est encore entièrement interprété autrement : pour préciser, les déclarations de Rudolf Steiner, textuellement transmises, d’user d’autorité pour parvenir à cela, Paul Mackay les a encore interprétées dans le « résultat de Mannheim », en affirmant que Rudolf Steiner aurait envisagé, ce jour-là, la fondation d’une seconde société, dans laquelle aurait dû s’intégrer aussi la Société fondée lors du Congrès de Noël. — On voit, combien peu on a progressé ici. Cette petite excursion n’illustre en outre aucun cas isolé...

Le 29 juin 1924, le Bauverein résolut donc de s’intégrer à la Société Anthroposophique Universelle — que le Pr. Furrer appelle avec une obstinée persévérance « Société anthroposophique » ; nous verrons encore comment il compte encore sauver sa théorie de cette manière — fondée au Congrès de Noël. Cette intégration échoua conséquemment au fait que les statuts fondateurs de la Société Anthroposophique Universelle, et avec cela la Société, ne purent pas être enregistrés au Tribunal de commerce, comme Steiner l’avait souhaité.

Pour réaliser l’impulsion du Congrès de Noël, il fallait une société qui, au moyen de l’enregistrement au Tribunal du Commerce, eût pleinement toutes ses capacités juridiques et économiques. Comme le Bauverein était, premièrement, déjà enregistré, depuis des années [1918, ndt] et, deuxièmement, que ses considérables valeurs en capital n’auraient pas pu être transférés à la Société Anthroposophique Universelle sans un difficile changement de propriété, — la solution suivante s’imposa — et c’est exactement ce que conteste à présent, le Pr. Furrer, quoique cela fût établi par de multiples preuves et pas des moindres, comme celles transmises par Gunther Wachsmuth et Paul Eugen Schiller — à savoir qu’on eut alors recours à la solution suivante en bonne et due forme et ceci avec l’accord de Rudolf Steiner : On procura à la Société Anthroposophique Universelle, qui n’était pas enregistrable en tant que telle, l’inscription au Tribunal de Commerce du Bauverein, en la faisant entrer dans les enveloppes juridiques de celui-ci. En pratique, ceci fut atteint en réorganisant les statuts du Bauverein en statuts de la Société, en intégrant le Comité directeur, en transférant l’ensemble des membres, et surtout : en transférant le nom de la Société, et donc bien l’intitulé de Société Anthroposophique Universelle, sur le Bauverein. De cette façon, il y eut au sein de l’inscription au Tribunal de Commerce, le remplacement de l’identité du Bauverein par celui de la Société.

On avait donc complètement réorganisé le Bauverein en Société Anthroposophique Universelle. La Société avait donc déposé son enveloppe juridique d’association non-enregistrable et elle avait revêtue celle, déjà enregistrée du Bauverein. Celui-ci avait renoncé quant à lui à sa nature d’association [au sens allemand du terme, ndt], il s’était intégré parmi les sub-divisions de la Société tout en restant pareillement au sein de son enveloppe juridique ancienne.

Les Statuts-fondateurs de la Société Anthroposophique Universelle, furent ré-intitulés « Principes », selon la volonté de Rudolf Steiner, pour les délimiter des Statuts d’enregistrement, proprement dits qui furent ajoutés de cette façon, et donc les statuts fondateurs furent incorporés comme « Principes » dans la nouvelle enveloppe juridique, de sorte que, la Société, vers l’extérieur, au moyen de ses statuts enregistrés, pût pleinement avoir sa capacité d’action dans les vies économique et juridique de l’époque. Vers l’intérieur, la Société pouvait largement poursuivre sa propre vie en l’organisant et en la déployant en conformité avec les Principes du Congrès de Noël. Rudolf Steiner ne fut certes pas totalement heureux de cette nouvelle « enveloppe extérieure », mais il recommanda, comme Gunther Wachsmuth, son plus étroit collaborateur de cette époque le relate, d’aller de l’avant, en disant que l’on pourrait toujours entreprendre des modifications par la suite. — Le 22 mars 1925, tous les membres, furent informés par le Vorstand de fondation sur ces événements dans la Nachrichtenblatt. Le 30 mars, Rudolf Steiner quittait le plan terrestre.

Cette nouvelle organisation trouva son expression explicite, après qu’elle a été vécue comme quelque chose allant de soi pendant des décennies, dans les modifications statutaires de 1965, par lesquelles on voulut alors rapprocher encore plus les statuts enregistrés de l’esprit des Statuts fondateurs ( = Principes). On introduisit, entre autres aux statuts enregistrés, un paragraphe 3 alinéa 1 et on confirma avec cela sans équivoque les faits du 8 février 1925 comme une démarche constitutive de la seule et unique Société Anthroposophique Universelle :

§ 3 alinéa 1 des statuts enregistrés de la SAU — de 1965 à aujourd’hui ! —

« La Société poursuit ses tâches et buts dans le sens des Principes que lui a donnés Rudolf Steiner et qui ont été acceptés par les membres lors de son Congrès fondateur de la Noël 1923. »

La teneur du § 3 indique bien : deux statuts — une association. Par leur § 3, les statuts enregistrés de la SAU font des statuts fondateurs, que la Société avait reçus de Rudolf Steiner lors du Congrès de Noël, des Principes obligatoires pour la Société.

Le carnet rose, que depuis des décennies est adressé en vue d’une demande d’adhésion à qui se propose d’entrer dans la Société, et qui renferme aussi la demande d’adhésion proprement dite, indique naturellement notre Société, il signale cette réalité vécue dans toute sa netteté. Des personnalités désireuses d’adhérer trouvent pareillement dans ce petit fascicule, après les statuts fondateurs (Principes) et les statuts d’enregistrement inscrits, l’indication d’une seule Société qui, « sur la base des Principes et statuts », peut « s’efforcer constamment d’accomplir ses tâches », « de cultiver l’ésotérisme authentique dans le domaine pleinement public ». Et le titre de ce fascicule rose remis au membre est bien: Société Anthroposophique Universelle.

Nous le voyons bien, on doit déjà violer bien des faits qui parlent d’eux-mêmes dans toute leur évidence, si l’on veut en faire sortir une autre vision en les triturant : Il n’a toujours existé depuis le premier commencement jusqu’à aujourd’hui, qu’une seule Société Anthroposophique, à savoir celle qui fut fondée au Congrès de Noël 1923, avec Rudolf Steiner, et qui, en tant que refonte de la « Société Anthroposophique » de 1912/13, reçut son intitulé de lui : Société Anthroposophique Universelle.

§ les « manques » du Pr. Furrer

Revenons donc à présent au Pr. Furrer: Comment voit-il la chose, lui ? Fondamentalement, il est d’avis que la fusion entre la Société et le Bauverein fut voulue, mais qu’elle a échoué.

Après le 8 février 1925, selon le Pr. Furrer, deux sociétés auraient continué d’exister, pour préciser celle fondée au Congrès de Noël, pour laquelle il donne le nom de « SCN » [Société du Congrès de Noël], qu’il appelle également « Société Anthroposophique » et pour laquelle il ne voulait pas admettre depuis longtemps que Rudolf Steiner lui eût surtout donné l’intitulé de « Société Anthroposophique Universelle ». Nous verrons encore plus loin pourquoi le Pr. Furrer évite intentionnellement cet intitulé. De cette Société, le Pr. Furrer dit qu’elle est exclusivement consacrée à des tâches spirituelles.

À côté de cette « SCN » — dont nous savons, déjà à présent, qu’elle s’est appelée véritablement Société Anthroposophique Universelle, et donc SAU, — est née le 8 février 1925 une société, qui a reçu uniquement comme tâche l’administration de la « furrerienne SCN »... — On voit déjà, quelles singularités se présentent ici. La question de l’intitulé, qui dans les faits prend chez le Pr. Furrer des formes extrêmement douteuses, nous occupera encore par la suite.

Ici, on doit brièvement considérer que le Pr. Furrer réalise exactement cette scission que Rudolf Steiner voulait précisément éviter par le Congrès de Noël. Celui-ci avait pour intention, et en cela consiste effectivement un élément essentiel de son impulsion des Mystères, d’amener la fusion des tâches administratives, ou de gestion, d’avec celles ésotériques. Cela aussi nous occupera encore plus loin. Le Pr. Furrer procède donc en fin de compte avec ses théories à un congrès de Noël à l’envers. Il sépare exactement ce que Rudolf Steiner — avec le plus grand engagement personnel, comme nous le savons ! — a relié !

Examinons d’un peu plus près comment le Pr. Furrer en arrive à l’existence de deux sociétés. — En tant que raisons de l’impossibilité de l’intégration du Bauverein au sein de la Société Anthroposophique il mentionne :

— Premièrement, on n’a jamais voulu intégrer la Société dans le Bauverein, mais seulement ce dernier dans la Société. Ce fait est cependant incontestable. Naturellement à partir du processus de fusion, la SAU fondée lors du Congrès de Noël devait être haussée à l’identité d’Association primordiale, ce qui, comme nous l’avons vu, est effectivement arrivé.

— Et deuxièmement, les éléments juridiques font défaut pour une telle fusion. Il se présenterait donc ici un incurable manque juridique.

Il faut d’abord répondre à cela que, comme l’exposa déjà la Cour d’appel le 11 janvier 2005, il est sans importance de considérer la façon dont la fusion des deux corps associatifs fut primitivement résolue. Car c’est un fait, et un fait juridiquement valide que cette fusion fut réalisée et vécue. Après les événements de l’année 1925, ne vécut plus, comme cela est démontrable preuves à l’appui, qu’une seule identité de Société et celle-ci porta le nom de Société Anthroposophique Universelle, et donc ce nom que Rudolf Steiner lui avait donné, à sa naissance, lors du Congrès de Noël, en signe de son extraordinaire refondation et nouveau commencement.

Par dessus le marché, la tentative du Pr. Furrer de démontrer l’impossibilité de la fusion, et de ce fait l’existence de deux sociétés, échoue encore en d’autres points essentiels :

Selon le Pr. Furrer, il devrait y avoir un contrat de fusion et les résolutions s’y rapportant lors des deux Assemblées Générales des deux associations.

— Le fait que Rudolf Steiner fit approuver, lors du Congrès de Noël, aux membres présents les statuts de la Société Anthroposophique Universelle, qu’il venait de présenter en instaurant avec le Bauverein, la « relation correspondante », ce n’est manifestement pas important pour le Pr. Furrer (Voir à ce propos le protocole de l’Assemblée fondatrice: le Congrès de Noël en vue de la fondation de la Société Anthroposophique Universelle, édité par Marie Steiner aux Phil. Anthr. Verlag , Dornach 1944, page 86).

— Et le fait que le Bauverein, enregistré au Tribunal de Commerce le 29 juin 1924, avait décidé son intégration dans la Société Anthroposophique Universelle, le Pr. Furrer tente de le déprécier, en disant qu’il n’était pas possible, parce que la Société Anthroposophique Universelle se révéla ensuite non apte à l’enregistrement, et elle n’aurait donc pas pu reprendre le capital du Bauverein.

Mais le fait que le 8 février 1925, le problème fut résolu par le Bauverein, lequel, disposant déjà de son enregistrement au Tribunal de Commerce, fut pleinement réorganisé en Société Anthroposophqiue Universelle, et qu’il y fut intégré en tant que sub-division, le Pr. Furrer, avec ses théories, ne peut absolument plus en faire table rase. Il tente, certes, en affirmant qu’il y a ici une seconde société, pour préciser, l’association de gestion de la Société Anthroposophique Universelle, qui fut fondée. Mais il ne peut pas expliquer la raison pour laquelle cet enfant avait dû recevoir exactement le même nom, qu’avait reçu une bonne année auparavant la fondation la plus importante de l’impulsion anthroposophique, de Rudolf Steiner lui-même, à savoir Société Anthroposophique Universelle. Au début, le Pr. Furrer avait encore tenté de nier cet intitulé, pour la société fondée lors du Congrès de Noël, mais il fut accablé par les innombrables présentations de preuves contradictoires des membres plaignants et finit par admettre, en fin de compte, l’utilisation synonyme du nom de Société Anthroposophique et de Société Anthroposophique Universelle.

Peut-il y avoir deux Sociétés Anthroposophique Universelles portant le même nom ? Non, c’est impossible, car c’est légalement prohibé. Le nom de Société Anthroposophique Universelle ne peut servir d’identité qu’à une seule et unique société. Et il est prouvé de manière multiple que la Société Anthroposophique Universelle est celle du nom de son Congrès de Noël fondateur, et qu’elle ne peut pas avoir un autre nom que celui-là, qui prit naissance à la suite des événements du 8 février 1925, et non en aucun cas une autre Société !!

Même s’il se présentait un manque juridique, la volonté des participants se révéla en définitive — rien que par l’intitulé donné — orientée nettement en faveur de l’existence d’une seule société seulement ! Sinon, on eût premièrement choisi un deuxième intitulé et, deuxièmement, Rudolf Steiner n’eût pas proposé d’appeler les statuts fondateurs de la Société Anthroposophique Universelle en délimitation des statuts qui se sont rajoutés en vue de l’inscription au Tribunal de Commerce, des « Principes ».

On n’avait donc en vue et on ne voulut qu’une Société. Et en vérité on ne voulut pas deux sociétés ! L’existence de deux sociétés anthroposophiques avec des objectifs différents, comme le Pr. Furrer la simule fût venue pleinement contredire les intentions de Rudolf Steiner lors du Congrès de Noël, et n’eût jamais été, pour cette raison, dans les intentions des membres ni voulue par eux.

Ce qui ne fut jamais voulu, cependant, ne peut jamais non plus survenir avec une validité juridique. Une association doit être portée par une volonté associative pour exister. Inversement, ce qui est voulu par tous, peut obtenir ensuite alors sa validité juridique, si — ce qui dans notre cas ne s’est révélé d’aucune façon — se présentaient des manques juridiques.

§ La force de la volonté créatrice du droit

La force créatrice du droit d’une volonté, qui est orientée sur une exigence possible et légitime, appartient aux principes fondamentaux du penser juridique. D’éventuels manques juridiques, qui se glisseraient dans la transposition juridique d’une telle volonté, seraient réparés par une telle volonté. Ici repose aussi l’idée de base de la notion instrumentaire de Fusion-conluante, dont il est question dans l’expertise du Pr. Riemer. Par des actions péremptoires, qui manifestent et réalisent une bonne volonté, une claire volonté juridique, on crée un rapport juridique valable — et dans notre cas, une fusion.

Une telle appréciation de la volonté d’individualités participantes à une opération juridique — et n’oublions pas qu’il s’agit même ici, en l’occurrence du comité fondateur de notre Société ! — vient bien à la rencontre justement d’un penser anthroposophique. D’autant plus incompréhensible s’avère donc, de ce fait, une déclaration de « l’anthroposophe » (!) Pr. Furrer, dans sa lettre à certains « partisans de l’initiative commune Gelebte Weihnachtstagung » du 13 novembre 2002 :

« Uniquement obligatoires sont, pour cette raison, les actions juridiques des personnes responsables, et non pas leurs intentions. »

Quel type de penser se dissimule derrière une telle déclaration ! — Écoutons au contraire le très réputé commentateur du Code Civil Suisse, le Pr. August Egger, dans son ouvrage : « Au sujet de l’éthique du droit dans le Code Civil Suisse  »:

« Tout droit est au service la réalisation de la liberté humaine. 

Ce qui est décisif, en matière de création juridique, c’est la volonté qui doit seulement recevoir une expression juridiquement compréhensible. »

Dans notre cas, nous voyons cette expression juridiquement compréhensible de la volonté dans l’attitude concluante des participants qui fut finalement vécue pendant des décennies.

Nous voyons qu’entre l’esprit anthroposophique et la technique juridique authentique, il n’existe pas de contradiction ! Le Pr. Furrer veut-il refuser cette progression qu’a accomplie la science juridique, lors du passage du dix-neuvième au vingtième siècle, qui fut marquée par le positivisme régnant dans la manière de considérer le droit dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle. Une manière qui refuse de se poser la question de l’essence du droit et s’en tient au contraire aux normes empiriques et contrôlables de sa mise en oeuvre, en insistant sur la valeur du droit reposant sur ses fondements idéels, — le Pr. Furrer veut-il à présent refuser ce pas décisif accompli par l’humanité et revenir en arrière ?

Et : ne devraient-elle pas être obligatoires ces intentions de notre Congrès fondateur, pour nous, Anthroposophes ? Quelqu’un n’est-il pas venu, à présent, de l’extérieur de la Société Anthroposophique, mais bien du sein même de notre comité directeur, et celui-là a refusé ces intentions créatrices du droit, et celui-là veut, sur la base d’un soi-disant manque juridique, faire sortir de ses gonds tout l’ensemble de la constitution de notre Société. Que l’on se rende bien compte de ce que cela signifie ! Deux tribunaux ont dû intervenir, deux tribunaux « extérieurs », et ils ont dû protéger notre comité directeur fondateur vis-à-vis de notre actuel et propre comité directeur.

Le Vorstand actuel a placé une question purement juridique en coeur du débat constitutionnel actuel. Cette question, auquel le Vorstand aurait bien voulu répondre lui-même au préjudice de la totalité de la Société anthroposophique, et désavouer ainsi le Vorstand fondateur — y compris Rudolf Steiner — et tous les autres Vorstände jusqu’à l’actuel, qui lui devait être traîné en justice, parce que d’une manière bouleversante, ce n’est que de cette façon que l’espoir subsista qu’il fût rendu justice à notre Vorstand fondateur, au sens le plus authentique du mot, oui l’espoir subsista, que notre Société Anthroposophique Universelle pût être préservée de sa liquidation.

Quel certificat d’indigence aurait présentée la Société anthroposophique, si l’actuel Vorstand avec ses affirmations d’avoir eu le droit pour lui, ce qui revient à dire : une société fut voulue, mais malheureusement elles furent deux. Étant donné qu’eut lieu une stupide adversité ; quatre-vingts ans se sont écoulés sans que, malheureusement, l’ont fît quoi que ce fût pour remettre les choses en ordre, mais aujourd’hui on en est au point où nous le faisons. Nous réactivons une des sociétés, pour laquelle, pendant quatre-vingts ans on a oublié de convoquer les Assemblées générales, d’approuver les Vorstände, d’accepter les demandes d’adhésion, et de mettre des contributions à l’ordre du jour. Nous la réactivons aujourd’hui et nous liquidons ensuite la Société, qui a mené pendant des décennies une vie associative pleine et vaste, en la fusionnant au sein de la société réactivée. Alors est enfin atteint ce que tous ont voulu, mais que personne en dehors de nous n’a jamais fait. — Doit-on encore commenter cela ?

Il reste encore à indiquer brièvement que le Pr. Furrer, dans ses interminables écrits juridiques — dont nous espérons qu’un jour il aura le courage de les remettre au public anthroposophique — n’a de cesse de contredire la fusion concluante exposée par le Pr. Riemer d’une manière telle qu’il tente de prouver que les conditions préalables — régulières — d’une fusion (contrat de fusion, résolutions approuvées aux Assemblées générales respectives), ne sont pas accomplies. — Il est pourtant impensable que le Pr. Furrer ne possède pas l’intelligence nécessaire pour faire la différence entre une fusion régulière et une fusion concluante. Pourquoi ne le fait-il pas ?

§ Que veut dire en vérité le Pr. Furrer ?

Pour faire prévaloir les plans du Vorstand, le Pr; Furrer doit prouver l’existence de deux sociétés anthroposophiques. Aussi construit-il sa théorie selon la vision que le courant spirituel du Congrès de Noël n’a pas afflué dans notre Société Anthroposophique Universelle âgée de quatre-vingts ans, mais à côté d’elle, dans une seconde société inconnue, discrète, la véritable Société du Congrès de Noël, que lors d’une audition devant la cour du tribunal de Dorneck-Thierstein, en février 2003 il caractérisa de « fantôme ».

Considérée au plan du droit, cette société n’aurait pas sombré, parce que ni fusionnée, ni liquidée, elle est la forme associative de la Société du Congrès de Noël. Dans cette seconde société s’est développé l’ensemble de sa vie spirituelle, sans que personne ne l’eût remarquée, tandis que la société connue consciemment aux yeux de tous, elle, et en opposition avec tout ce que nous avons tous cru jusqu’à aujourd’hui, a été simplement une société gestionnaire et elle n’a pas, comme nous l’avions tous pensé, porté en elle le courant du Congrès de Noël.

Le Pr. Furrer expose comme impensable que le courant du Congrès de Noël ait abandonné l’enveloppe juridique, soi-disant unique, créée lors du Congrès de Noël. Cette enveloppe serait tout essentiellement liée aux statuts du Congrès de Noël, qui relèvent de ce qui est le plus précieux de l’impulsion anthroposophique. — Cette enveloppe juridique pourrait être profondément gravée dans la mémoire, comme le Pr. Furrer l’a évoquée en tant que nécessité spirituelle, dans son pathos théâtral, on ne peut pas le dire autrement, lors de la session principale devant la Cour du tribunal de Dorneck-Thierstein, le 2 février 2004.

Mais: Premièrement, tout ce qu’il y a d’identité essentielle et qui lui confère sa forme d’enveloppe juridique sortie du Congrès de Noël, est passé dans la forme associative configurée et enregistrée en février et mars 1925 (le moment de l’enregistrement des statuts de la Société Anthroposophique Universelle). En font partie justement aussi les statuts-fondateurs de la Société Anthroposophique Universelle, dont Rudolf Steiner pour cette raison a modifié le nom en « Principes », pour les délimiter par rapport aux statuts nouvellement rajoutés en vue de l’enregistrement, comme on l’a déjà expliqué. S’il y avait effectivement eu deux sociétés, cette délimitation des statuts n’eût absolument pas été nécessaire. Dans le § 3 des statuts enregistrés, La Société Anthroposophique Universelle confirme ses principes, quand bien même en 1965, elle les avait fait vivre depuis longtemps de toutes manières comme « les siens ».

Et deuxièmement, cette question s’impose, après les Assemblée générales de 2002 : si les principes sont si spirituellement importants pour le Vorstand, au point qu’il veuille en faire le fondement de sa construction associative, — pourquoi les a-t-il donc tant dénaturés dans ses propositions de résolution au point d’en ravir, et ce n’est pas la dernière ni la moindre des choses, leur caractère spirituel par l’interdiction civile des membres au mépris de tout individualisme éthique ?

É9tant donné que le Pr. Furrer fait dépendre ses théories de l’idée de la forme associative absolument salvatrice, parce que spirituellement significative, de la fondation du Congrès de Noël, on va considérer d’un peu plus près ce concept ci-après.

§ L’enveloppe associative différente de l’identité associative

La forme associative est une enveloppe juridique, qui est formée à partir des règles juridiques — plus exactement à partir des paragraphes 60 à 79 du Code Civil Suisse —. Un tel revêtement de paragraphes est mis à la disposition d’une communauté d’êtres humains afin qu’ils obtiennent de cette manière une « personnalité juridique » [le caractère d’une personne morale, ndt] pour pouvoir se mouvoir en tant que communauté dans le droit — et, dans le cas d’une association enregistrée au Tribunal de Commerce, également dans l’économie —.

L’association en elle-même est donc une forme, que la loi met à sa disposition. Cette forme est à la fois anonyme et vide, jusqu’à ce qu’elle soit saisie par une communauté d’êtres humains et qu’elle soit remplie d’un contenu élaboré et organisé par cette communauté d’hommes. Ce contenu est formateur d’identité et appelle à la vie une personnalité juridique individuelle. L’élément essentiel de ce contenu formateur d’identité est celui d’une conscience qui individualise et vivifie. — Cette conscience s’exprime avant tout dans les statuts, qui décrivent l’intitulé [le nom, ndt], le but et les processus fonctionnels de vie de la personnalité juridique. — l’enveloppe associative est donc à différencier strictement de l’identité associative.

Le 8 février 1925, la Société Anthroposophique Universelle se débarrasse par son Vorstand de son enveloppe juridique qu’elle avait prise lors du Congrès de Noël, et en prend une nouvelle, plus convenable, dans laquelle elle peut mieux développer ses idées correspondantes. L’enveloppe change, mais pas l’identité ! La forme change, mais pas le contenu ! La Société Anthroposophique Universelle reste la Société Anthroposophique Universelle.

La Société Anthroposophique Universelle emporte et conserve dans sa nouvelle forme les statuts reçus au Congrès de Noël et elle complète donc ces statuts fondateurs par les statuts permettant l’enregistrement au Tribunal de Commerce. Les statuts fondateurs évoluent au rang de « Principes » dans l’espace intérieur et les statuts d’enregistrement commercial forment le « revêtement extérieur » de l’individualité Société Anthroposophique Universelle. — le courant spirituel anthroposophique, qui s’était uni lors du Congrès de Noël avec la communauté humaine de la Société Anthroposophique Universelle, continue de couler dans sa nouvelle enveloppe, dans son nouveau « lit », sans être entravé, et même au contraire, avec des possibilités élargies.


image 1


§ Les étapes d’incarnation du courant spirituel anthroposophique

Voyons en guise d’explication conclusive d’un peu plus près les détails, qui se sont d’abord déployés successivement devant les yeux de Rudolf Steiner, de l’incarnation progressive dans sa forme terrestre du courant spirituel anthroposophique :

— Après que l’impulsion anthroposophique au sein de la Société Théosophique eut accompli son « stade de développement embryonnaire », comme Rudolf Steiner le désigna, elle en vint à la fondation en 1912/13 d’une « Société Anthroposophique » autonome. Cette société n’avait encore aucune forme associative, et elle ne se mouvait donc encore presque qu’exclusivement dans la vie de l’esprit.

— Par l’impulsion spirituelle centrale du Congrès de Noël 1923/24, cette « Société Anthroposophique » de 1912/13 est refondée sur un nouveau plan en tant que Société Anthroposophique Universelle. Dans la personnalité de Rudolf Steiner, qui se charge de la présidence, le courant spirituel anthroposophique se lie avec la société.

Lisons pour cela la déclaration centrale de Rudolf Steiner, au commencement de la première des trois conférences de Arnehm, en juillet 1924 sur le « karma » de la Société Anthroposphique et le contenu du Mouvement Anthroposophique :

« Et depuis ce Congrès de Noël à Dornach, c’est carrément le contraire qui doit valoir :

On ne doit plus faire de distinction entre le mouvement anthroposophique et la Société Anthroposophique, mais tous deux doivent être un. »

Pour canaliser ce courant dans l’événement présent, Rudolf Steiner donne à la Société la forme d’une association. De ce fait, la Société entre expressément dans la vie juridique du temps, se procure au moyen des organes juridiques, qu’elle se forme, tout d’abord un Vorstand et une Assemblée Générale, et une capacité juridique d’agir. En même temps, on en vient à une exigence plus haute adressée à la vie spirituelle de la Société. Rudolf Steiner, plus loin dans les conférence d’Arnehm :

« Mais cela signifie en même temps que toute la Société Anthroposophique doit être placée sur une autre base — une base qui rende possible, que l’ésotérisme afflue directement par la Société Anthroposophique — et dans la disposition d’esprit correspondante de ceux qui vont à sa rencontre et qui veulent être des Anthroposophes, devra exister ce qui dans l’avenir constituera l’essence véritable de la Société Anthroposophique. »

Une association démocratiquement organisée, avec son coeur, l’Universisté Libre des Sciences de l’Esprit, devient ainsi porteuse du courant spirituel de l’Anthroposophie.

· Mais avec cela ce n’est pas assez. La société doit être enregistrée au Tribunal de Commerce, selon la volonté de Rudolf Steiner, pour pouvoir de ce fait développer aussi dans la vie économique son apport vivant et salutaire. Cela trouve sa réalisation, après quelques complications, dans les événements des 8 février et avec l’inscription au Tribunal de Commerce le 7 mars 1925.

Ainsi le courant spirituel de l’anthroposophie, le mouvement anthroposophique, comme Rudolf Steiner appelait aussi ce courant, commence à déployer son activité dans les trois domaines de la culture actuelle, sur le plan de la vie spirituelle, celui de la vie juridique et celui de la vie économique. Avec les événements du 8 février 1925, la disposition de l’impulsion du Congrès de Noël parvient à son achèvement. Le courant spirituel put commencer son cheminement terrestre dans toute sa vaste capacité d’actions. Le 8 février 1925 n’est donc pas, comme le Pr. Furrer voudrait nous le faire accroire, la plaque tournante d’une malchance fatale qui aurait frappé la Société anthroposophique et qui devrait être aujourd’hui compensée, mais un pas essentiel vers l’accomplissement du Congrès de Noël. Cela s’exprime, et ce n’est pas l’ultime et la moindre chose, dans la déclaration du Vorstand fondateur, publiée le 3 mai 1925, après le départ de Rudolf Steiner, dans la Nachrichtenblatt:

« Aux membres !

La direction de la Société Anthroposophique sera poursuivie dans le même esprit que celui que Rudolf Steiner a donné au Congrès de Noël.

Étant donné le règlement final de la nouvelle organisation des Institutions a pu être possible encore quelque temps avant sa mort, (voir Mitteilungsblatt du 22 mars 1925), et qu’il ne se présente pas d’indications tardives donnant lieu à une modification de cet état des choses, le Vorstand mis en place par lui-même [Rudolf Steiner, ndt] considère comme son devoir de rester en fonction et cela dans l’esprit de Rudolf Steiner, qu’il sait continuer d’être son guide dans la poursuite de l’oeuvre.

le Vorstand de la Société Anthroposophique Universelle

Albert Steffen, Marie Steiner, Dr. I. Wegman, Dr. E. Vreede, Dr. G. Wachsmuth ».

IV. Il s’agit de la totalité

Passons en revue ce qui aurait pu survenir, si Paul Mackay et ses collègues du Vorstand avaient pu faire prévaloir leurs plans sans encombre.

· Que serait-il arrivé, si Paul Mackay et ses collègues avaient pu parvenir à leurs fins sans entrave.

D’abord, pour le coup, on en serait sûrement venu à la liquidation de la Société Anthroposophique Universelle. À celle-ci, notre société y avait déjà échappé de peu par deux fois en 2003 : la première, lors de l’AG de 2003, par une disposition provisoire que fut en mesure de provoquer la plainte de l’initiative Gelebte Weihnachtstagung ; la seconde, le 15 novembre 2003, au moment où Paul Mackay saisit les membres présents — 543 au total — d’une résolution de dissolution et se fit lui-même attribuer le pouvoir de la réaliser, mais cette fois, en raison de la plainte qui était en cours, il n’osa cependant pas mener à bonne fin cette dissolution. Depuis, le destin de notre société repose toujours entre les mains de Paul Mackay — mais Dieu merci, justement pas seulement dans ses seules mains...

Ainsi la Société de Rudolf Steiner eût été liquidée. — Combien de gens auraient parfaitement compris ce que cela eût signifié ? Au bout du compte, il n’y aurait eu personne qui pût prendre la mesure de cette tragédie universelle. Qu’il soit laissé ici à chacun, en son âme et conscience, d’en faire l’investigation. Nous avons tous reçu de Rudolf Steiner des points de repère en abondance, pour délivrer ces pensées de l’abstraction de les éprouver dans leur caractère essentiel avant d’agir ensuite.

Ce qui doit encore nous concerner ici et maintenant, c’est la question, la question qui incite tant à la vigilance, celle de savoir ce qui à la place de cette communauté des Mystères, que devait être la Société Anthroposophique, et, même si elle était sur le point de l’être d’une manière si pitoyable, ce qu’il y aurait eu à la place de cette porteuse du courant spirituel anthroposophique qui a néanmoins évolué dans les plus grandes douleurs. — Le Vorstand, Paul Mackay, aurait bien au plus vite manigancé son association bricolée, « Société Anthroposophique Universelle (Congrès de Noël) SAU/CN ». Il aurait fait croire aux membres, que cette dernière était à présent la vraie Société et beaucoup, beaucoup d’entre eux auraient commencé à danser autour du veau d’or.

· Un double de la Société Anthroposophique

Une chimère, un simulacre de formation irréelle aurait donc remplacé la réalité vécue et essentielle. Et d’où une telle formation fantomatique aurait-elle tiré son « existence »? À partir de l’esprit de la négation, de la négation d’une histoire vécue ; de l’esprit du reniement, du désaveu du nom, de l’esprit du reniement du nom donné par Rudolf Steiner à la Société Anthroposophique Universelle, lors du Congrès de Noël 1923/24 ; de l’esprit de l’interdiction juridique, de l’interdiction juridique des membres d’une communauté des Mystères, qui devait inaugurer une nouvelle connaissance de l’esprit, à savoir, à partir du domaine de liberté de leur individualité agissante. Cela aurait été le terrain nourricier à partir duquel cette non-entité aurait voulu tirer ses énergies.

Nous aurions eu devant nous rien d’autre qu’une sorte de double de la société anthroposophique, appelé à un simulacre de vie dans une sorte d’organisation double singeant le Congrès de Noël 1923/24, à savoir sa contre-image en ce congrès de Noël de décembre 2002. Le Congrès de Noël, éclairé par l’amour, l’abnégation et le sacrifice de Rudolf Steiner. Le pouvoir et la dureté de coeur produisent sa contre-image, en niant la dignité de l’unique. Autrefois, une impulsion des mystères, aujourd’hui une destruction. — Quel esprit malfaisant tente ici de se manifester et de détruire au berceau la conscience d’un nouveau christianisme.

· L’unité et sa destruction

Rudolf Steiner a surmonté l’opposition, le dualisme, qui règne entre le Je et le monde, entre esprit et matière, et que l’on aurait voulu insurmontable. Cette victoire sur le dualisme devait atteindre son point culminant dans la pose de la Pierre de fondation remise à une communauté d’êtres humains, lesquels devaient faire, de cette opposition à surmonter, leurs actions et leurs efforts quotidiens. L’ésotérisme le plus élevé devait pénétrer tout l’exotérisme du domaine d’existence de cette communauté. On devait apprendre ensemble à oeuvrer à cette rédemption, mais avant tout on devait apprendre à offrir ce qu’il y a de plus élevé au centre de cette oeuvre.

Pour l’inauguration d’un tel événement, il fallait un Mystère. Dans notre cas, le don d’un être humain. Ce fait ne peut aussi être approfondi que dans les espaces intérieurs de notre être. Par Rudolf Steiner, par l’acte d’amour du grand initié, se produisit la grâce de la communauté avec la capacité, de commencer à accomplir la mission. On devait alors apprendre à comprendre et à développer ce germe spirituel bienveillant offert et fondé.

Ce que Rudolf Steiner voulait relier et qu’il a relié par le Congrès de Noël, l’unité, que Rudolf Steiner a fondée dans une impulsion de Mystère, il l’a fondée avec l’appel à la suivre, le Vorstand actuel voulut — au moyen d’arguments juridiques — la déchirer et sur un plan de réalisation profane et juridique, la re-bricoler de nouveau artificiellement dans un semblant d’événement.

Paul Mackay affirme : Certes, Rudolf Steiner ne voulait qu’une Société, mais sur la base d’un manque juridique qui introduisit une erreur (!), elles furent deux. Et donc, pendant 80 ans, on n’est pas arrivé à réaliser le souhait de Rudolf Steiner — c’est-à-dire rien d’autre que la condition de vie de l’avènement moderne du Mystère (!). Pendant 80 ans on a séparé en deux, on a scindé en deux sociétés, on a vécu comme cela, avec ce qui autrement aurait dû être uni, à savoir esprit et matière, ésotérique et exotérique, tâches spirituelles et tâches administratives. Mais aujourd’hui nous accomplissons ce que Rudolf Steiner et le Vorstand fondateur d’alors ne sont pas parvenus à réaliser. Ce n’est qu’à partir du Congrès de Noël 2002 que peut devenir réalité ce qui pendant 80 ans fut perdu. Seul le présent Vorstand est la vrai réalisateur du Congrès de Noël 1923/24 — et donc de facto Paul Mackay…

· Un simulacre d’union dans un simulacre de société

Mais, chers amis, représentons-nous consciemment les conséquences spirituelles qu’aurait aujourd’hui une « unité » qui eût été instaurée de cette manière ! La Société, dans laquelle pendant 80 ans cette unité a en vérité vécu, eût été détruite et dissoute. Cette unité qui a été vécu 80 ans eût été désavouée et extirpée, pour, à sa place être artificiellement reconstituée ! Rendons-nous compte de ce que cela eût signifié ! On eût détruit une impulsion des Mystères. Sur la base de l’erreur, des falsifications, des fausses interprétations, du mensonge, sans un événement des Mystères et purement sur des bases exotériques, avec une pure argumentation juridique (qui jusqu’à présent ne tient même pas, à vrai dire devant la loi), on eût bricolé un semblant d’union, un simulacre d’union en définitive entre le Ciel et la Terre. — Et ensuite une humanité eût dû la porter dans un avenir dignement humain et plein de vie ?

Ce simulacre d’union eût encore pris un aspect tragique. Pour préciser, elle n’eût rien fondé — comme le fait notre Société Anthroposophique Universelle par le Congrès de Noël 1923/24 — sur la condition nécessaire et qui est en suspens aujourd’hui, pour le franchissement du seuil, cette condition d’une absolue attention portée à la sphère de liberté individuelle, mais au contraire, elle eût fondé sur son entrave, son refoulement et en définitive sur son mépris. La destruction de ce contrat entre des êtres que Rudolf Steiner, au congrès de Noël 1923/24 avait établi, par les « résolutions » du « contre-congrés de Noël de 2002 », qui menaient à l’interdiction juridique des membres, cette destruction en barre le chemin ! L’interdiction juridique bloque le seul et unique chemin de l’humanité vers un événement social, réellement basé sur la liberté et de ce fait sur une impulsion spirituelle, le seul et unique cheminement salutaire qui puisse nous sortir du chaos social qui se répand tout autour de nous dans ces dévastations d’ampleur humanitaire.

Mais aussi dans la « Société Anthroposophique » (laquelle ne serait naturellement plus là, mais dont on prétexterait certainement encore formidablement qu’elle fût toujours là) on eût introduit le pouvoir, le pouvoir, la manipulation, la manoeuvre, l’oppression de conscience, l’entrave à la connaissance. Nous en avons déjà bien suffisamment vu apparaître quelques exemples illustrant ce qui menacerait de percer ici. Un « beau nouveau monde », qui nous serait tombé dessus... Dans la Société anthroposophique commence dès aujourd’hui à régner le même esprit que celui qui menace d’engloutir l’ensemble de la culture humaine. Dans le simulacre de société, ce même monstre se fût pleinement imposé.

Comment aurait-on vécu dans ce simulacre de société, dans ce double de société ? Devant quoi les membres auraient-ils dû fermer leurs yeux, pour supporter cette vie ? Qu’est-ce qui devrait être refoulé et repoussé dans l’inconscient ? Et que se passerait-il dans la conscience ? Effectivement de quoi pourrait-on encore devenir conscients ? Jamais une vie anthroposophique ne serait susceptible de prospérer dans une telle ambiance, et l’on devrait en venir à la destruction et à l’évidement même du monde intérieur de ceux qui y participeraient.

Aujourd’hui déjà, se dessinent dans la Société anthroposophique— en atteignant même une certaine culmination sous l’actuel Vorstand — des évolutions, dont on doit reconnaître qu’elles auraient pu s’imposer dans le simulacre de société, et qu’elles seraient entrées dans l’état de manifestations, sous la forme de l’institutionnalisation. Aujourd’hui déjà, Paul Mackay travaille avec application à ces degrés préparatoires. Il suffit seulement de considérer le nouveau règlement intérieur et les changements de statuts dans les sociétés nationales. Paul Mackay veut manifestement être certain de son affaire. Resurgit ici rien d’autre que le cabinet [noir ? ndt] du secrétaire général que de nombreux membres en 1999 refusèrent, qui devait destituer de ses droits l’Assemblée Générale. Les membres le remarqueront-ils ? Et s’ils le remarquent, pourront-ils se prémunir vis-à-vis de cet empiètement plus récent de Paul Mackay ?

Il est à douter que Paul Mackay pût parvenir à transposer ses plans dans notre Société Anthropsophique Universelle d’une manière analogue à celle selon laquelle il pensait pouvoir procéder dans le simulacre de société. Car d’abord, il ne peut plus éliminer aussi facilement les membres critiques comment il l’eût espéré pour sa chimère et deuxièmement, et cela nous ne devrions pas l’oublier, les décisions désastreuses des 28 et 29 décembre ne peuvent effectivement pas entrer en vigueur, tant qu’il n’y a pas de décision juridique sur la procédure de vérification en cours et tout ce qui en dépend, pour raisons économiques, de la suspension de la plainte. Cela veut dire que du point de vue du droit, les « Principes » de Rudolf Steiner ne sont pas encore détruits ; les modifications de statuts qui entraînent l’interdiction juridique des membres, ne sont toujours pas légaux, à cause du recours en annulation.!

Même si ces circonstances dans notre société empirent de jour en jour, certaines limites sont imposées au règne des contre-forces au sein de notre société. La protection sous laquelle se trouve la société, et qui jusqu’à un certain degré existe encore, serait d’abord supprimée, si les contre-forces parvenaient à dissoudre la Société de Rudolf Steiner et avec cela, à écarter le courant, le courant de grâce de l’anthroposophie, de sa communauté humaine. — Car une chose est sûre : dans le simulacre de société, ce courant ne pourrait plus continuer de couler. Cet édifice se serait affecté ensuite d’autres forces complètement opposées.

· Interdiction judiciaire et extension de pouvoir

Considérons ces forces opposées d’un peu plus près. Car, comme on l’a dit, elles s’annoncent déjà dans la vie de notre Société et on devra aller très consciemment à leur rencontre si l’on ne veut pas entraver plus longtemps le courant anthroposophique dans son oeuvre de rédemption civilisatrice. Deux phénomènes principaux sont à considérer qui se trouvent en étroite interdépendance, à savoir le phénomène d’interdiction judiciaire et celui de l’extension de pouvoir. Quels genres de phénomènes rencontrons-nous ici ? À quoi auraient-ils dû servir ces phénomènes, une fois institutionnalisés bien sûr, traits caractéristiques essentiels du Vorstand-chimère ? Et en quoi sont-ils des phénomènes qui veulent s’opposer à l’impulsion anthroposophique ?

· La suppression du droit de tout membre, pour tout thème, qui s’est dégagé du travail individuel de faire l’objet d’une motion, à soumettre à une assemblée générale avec la demande d’une prise de position, autrement dit la suppression du droit de proposer librement aux votes une motion, que le Vorstand fit décidée en décembre 2002, n’est rien d’autre que la tentative de dés-individualisation et simultanément du nivellement de l’affiliation. L’individualité avec ses intuitions éthiques est refoulée, la masse sans visages et sans droits de l’anonyme « société mondaine » avance au premier plan. — Combien Rudolf Steiner a esquissé autrement une action communautaire anthroposophique :

« Il (le Vorstand) voudrait que ce qui est directement humain, qui peut aussi agir individuellement en chaque détail, pour en arriver à une valeur partagée par tous au sein de la Société. »

( Nachrichtenblatt du 6 avril 1924)

Quel esprit tout différent s’exprime ici ! Seul cela peut être l’esprit de l’Anthroposophie ! Une vraie société d’avenir, une société qui pour la civilisation entière veut édifier des germes d’avenir, ne peut jamais se conformer autrement que par la seule et unique sphère de liberté de l’individualité que la spiritualité imprègne. À Cette sphère de liberté, on doit fournir un espace de liberté pour qu’elle s’exprime dans l’événement social auquel elle participe. — Réfléchissons : « N’est salutaire que si la totalité de la communauté se reflète dans le miroir de l’âme humaine, et que dans la communauté vit l’énergie de l’âme individuelle ».

· Tout autrement a l’air d’être l’image de la société, quand l’effet de massification auquel s’efforce Paul Mackay s’installe :

Pour mener la masse, pour la former, il faut des fonctionnaires. Ils ne sont jamais les serviteurs de la communauté, pour maintenir en bonne ordre la quantité minimum d’organisation nécessaire, mais ils se rendent autonomes en position de pouvoir qui va toujours se durcir et devenir impénétrable. Ici apparaît dans une certaine façon la contre-image de l’individualisation. Par le déploiement du pouvoir on en vient à un renforcement du je inférieur, le je qui ne se transforme pas. La « liberté » pervertie et corrompue du « fonctionnaire » individuel vit ainsi du mépris de la liberté des autres. Un principe hiérarchique dégénéré se fait prévaloir. C’est un fantôme qui règne et non la lutte pour l’intuition éthique.

Amputation juridique et dés-individualisation, d’un côté, déploiement du pouvoir et culte du vulgaire de l’autre, mènent au recul successif de l’alliance avec le monde spirituel et une dé-spiritualisation et une absence d’esprit s’installent. Une substance spirituelle n’est plus édifiée, mais détruite. En définitive, c’est ce qui apparaît, une terrible dé-christation.

· Quel rôle joue le cercle de la jeunesse

Ces considérations sont certainement très schématiques, mais elles sont peut-être néanmoins appropriées, pour rendre claire la brisance de la situation actuelle de la Société Anthroposophique. L’impulsion anthroposophique se trouve aujourd’hui à une croisée des chemins, que l’on ne peut pas assez prendre au sérieux, et il serait à espérer que cela devienne une préoccupation telle qu’elle exige de chacun de méditer et de prendre la décision suprêmement personnelle de choisir l’une ou l’autre des deux voies qui s’ouvrent devant nous. Alors il pourra être évident pour chacun qu’il n’y a pas de troisième voie, et en définitive pour personne. Dans cette phase décisionnelle, on ne peut plus s’abstenir, même si tant de gens rêvent encore de cette possibilité.

Une des grandes questions, qui se posent dans ce contexte, c’est celle du rôle que joue dans cette évolution ce qu’on appelle le « cercle de la jeunesse » [Jugendkreis]. Ce cercle des Jeunes est une chose extrêmement remarquable. Nous avons ici une union de personnes orientées pour la plupart « anthroposophiquement », lesquelles forment les unes avec les autres une sorte de société secrète, qui grandit au sein de la Société Anthroposophique et qui prennent successivement possession des postes de commande de la société. Guère aucun, qui d’une façon ou d’une autre ne soit parvenu à la notabilité dans la société, sans passer par ce cercle de la jeunesse. Eh oui !, qui veut faire carrière dans la Société doit d’abord entrer « dans le cercle ». Aussi est-ce avant tout Dornach, comme on l’entend dire toujours, qui est parsemé de membres de cette alliance secrète. Toute personne active et dirigeante d’une manière ou d’une autre, appartiendrait « au cercle », du rang le plus haut au rang le plus bas. Seul Heinz Zimmermann constitue une exception.

Sans cesse, les plus grandes réserves sont exprimées sur le compte de l’activité de ce cercle. Le cercle des jeunes est une forge de cadres qui n’admet rien d’essentiel en dehors d’elle. On y engendrerait des dépendances et on y restreindrait les espaces de liberté. Il serait difficile de quitter ce cercle. On y poursuivrait des méditation en commun, qui auraient certes des effets puissants sur la volonté, mais en même temps, mèneraient à un endurcissement. Il n’y aurait pas d’affranchissement ni même de volonté prête au changement, qui soit ici pour ainsi dire éduquée...

Quand on observe l’évolution au sein de notre société, on ne peut pas s’empêcher d’attribuer à ces déclarations une gravité qui n’est pas anodine. En particulier le comportement de nombreux fonctionnaires décharge de telles observations de leur nature de rumeur. Et la question presse : qui gouverne ce cercle des jeunes ? Les intérêts de qui y sont-ils défendus — et ceci sans que la plupart de ses membres en aient conscience ?

Oui, qui gouverne la Société Anthroposophique ? Est-ce qu’effectivement le démontage [en français, dans le texte, ndt] de la Société Anthroposophique est lié à ce cercle ? Ce cercle de la jeunesse est-il, à l’insu de la plupart de ses membres, un instrument de démontage de la vie spirituelle — voyez l’évidement de l’Université poursuivi depuis des décennies ; la « transformation du chemin de connaissance en chemin de volonté » qui est actuellement propagée, lequel est pratiqué tout autrement que michaéliquement ; hébétude et platitude générales ; destruction de l’ensemble d’Eurtythmie et de la scène — ... au démontage de la vie juridique — voyez les événements en cours au sujet de la Constitution — ... et au démontage de la vie économique de notre société — voyez les transports en lieu sûr ; dissolution de substance par planification d’un déficit annuel à venir à la hauteur d’un demi-million de Francs suisses (Pietzner) ; scandale financier allemand (Pommering + Co.) et ainsi de suite, ainsi de suite, ainsi de suite.

N’oublions pas : de nombreux courants n’ont toujours pas pardonné aujourd’hui à Rudolf Steiner d’avoir apporté une impulsion au renouvellement du Christianisme par l’ouverture du Christianisme ésotérique. On ne lui a pas pardonné d’avoir révélé publiquement une sagesse tenue secrète pendant des siècles sur la base de ses discernements quant aux nécessités d’un progrès conforme à l’humain, rendu de plus accessible à chacun. Et on ne lui a pas pardonné non plus d’avoir rendu conscient, d’avoir montré à l’homme son cheminement vers le Christ, son cheminement en pleine liberté, à la liberté, à l’auto-détermination, à la pleine majorité.

Aujourd’hui, justement, nous ne pouvons que trop nettement voir combien l’évolution de notre culture est activée dans la direction opposée. Un être humain conscient de soi, un homme conscient de son soi, comme d’une entité douée de liberté, est aujourd’hui jugé plus que jamais comme un grain de sable dans un rouage, comme un facteur perturbateur. Mais Anthroposophie fut créée pour justement produire de tels « facteurs perturbateurs », qui unissent en eux la claire capacité de jugement et l’énergie dévouée et désintéressée, des hommes qui ont des objectifs clairs, des hommes qui connaissent leur patrie spirituelle et apprennent à puiser aux sources de l’esprit. — Pour des ambitions de pouvoir, de tels hommes sont aujourd’hui extrêmement menaçants.

Combien on manifesta d’hostilité à Rudolf Steiner durant sa vie... on en voulut à son oeuvre et à sa vie. Tout particulièrement, le premier Goetheanum fut réduit en cendre en étant victime de cette hostilité. — Aujourd’hui les puissances adverses doivent-elles parvenir aussi à détruire l’impulsion donnée par Rudolf Steiner à sa société ? Croyons-nous qu’aujourd’hui il y ait moins qu’autrefois des efforts en cours pour liquider l’Anthroposophie ? Les moyens sont devenus plus tordus, les êtres humains encore moins éveillés qu’alors. Les membres d’aujourd’hui négligeront-ils d’ériger le mur protecteur autour de leur sanctuaire ? Deviendront-ils conscients que c’est de siècles qu’il s’agit — et plus... pour notre futur à tous ? Un simulacre d’union ésotérique-exotérique, fondée sur la non-vérité, artificiel et réalisé sur un plan inférieur, ne pourra pas porter ce futur, il ne pourra pas l’organiser conformément à l’humain. Notre lien à l’esprit doit être bâti sur de la roche, pas sur du sable.

Aspirer ardemment à ces « hauteurs de la conscience,

sur lesquelles la vie s’accomplit dans le monde sensible

s’entrelace avec les monde spirituel suprasensible,

afin que tous deux deviennent un. »

(dans l’esprit et la manière de Goethe).

Le cheminement anthroposophique doit mener à ces hauteurs sublimes. On ne doit pas s’étonner que les puissances adverses, dès le commencement ont tout fait pour rendre ce cheminement impraticable. Un être libre, qui dans ses propres profondeurs enfante l’esprit, et le fait devenir actif rédempteur de la création, un tel être ne doit pas exister sur la Terre.

Mais la Société Anthroposophique, elle, voulut carrément de tels hommes qui visent ces buts, qui s’y efforcent pour le monde, des hommes qui veulent faire de leur « action dans le sensible l’accomplissement de motifs suprasensibles », pour de tels chercheurs de l’esprit, la Société voulut être la patrie et le champ d’action et de consolidation. Cela non plus, on ne lui a pas pardonné. Mais que vaut-il de faire ensuite de faire...

V. Le jugement de la Cour d’Appel de Solothurn du 11 janvier 2005

À l’occasion d’une tentative de réconciliation, le Tribunal avait recommandé en ce 11 janvier à Paul Mackay de retirer son appel, pour épargner à tous les participants coûts et dépenses. La Cour d’Appel est arrivée à la reconnaissance que la première instance a jugé correctement. Sur la base de ses vérifications, on est parvenu à l’avis que le contenu de la Société Anthroposophique Universelle fondée lors du Congrès de Noël, au contraire de la conception du Vorstand, n’a pas continué de vivre dans une seconde société, mais bel et bien au sein de la sus-dite Société Anthroposophique Universelle existante.

§ Le débat juridique du 11 janvier 2005

Par les événements du 8 février 1925, le fond d’idées du Congrès de Noël est passé dans le Bauverein réorganisé en Société Anthroposophique Universelle (en ce 8 février 1925, le Bauverein reçut des statuts complètement nouveaux, un nouveau Vorstand et avant tout un nouvel intitulé, pour préciser, celui de la Société fondée lors du Congrès de Noël: « Société Anthroposophique Universelle SAU ». Les membres ont tous également été transférés dans cette SAU. Le reste est une forme d’association vide. Une réanimation d’une forme juridique morte n’est pourtant pas possible. La Cour d’appel textuellement: « Il est de fait que l’enveloppe (juridique) vide de 2002 qui voulut fusionner avec la SAU, n’est pas possible. Nous sommes d’avis, que la première instance a jugé correctement. »

Paul Mackay n’a pas retiré son pourvoi en appel. Son représentant juridique, le Prof. Furrer, tenta durant toute la session de la cour d’Appel du 11 janvier de la convaincre qu’elle s’est trompée — toute la matinée sur un ton offensif, après la pause de midi, manifestement plus docile aux avis, d’une manière plus polie presque mielleuse. En tant qu’auditeurs, on ressentit le même malaise désagréable.

· Le jugement; fusion concluante par absorption

Six semaine plus tard, le jugement et ses justifications se présentent par écrit. Comme il n’avait pas à s’y attendre autrement, la Cour d’appel appuie sa décision, comme déjà la première instance l’avait fait, sur la situation juridique sur l’expertise du Prof. Riemer, expert en droit, qui fait le point d’une manière géniale. Le tribunal parle de la « Société Anthroposophique Universelle » fondée en 1923 et adaptée en 1925 (jugement p.15) et exprime clairement qu’il estime que l’identité associative de la Société Anthroposophique Universelle fondée lors du Congrès de Noël, a continué d’exister au travers du processus de modification des statuts de l’année 1925. Elle a donc continué d’exister jusqu’à aujourd’hui dans la seule et unique Société Anthroposophique Universelle. En 1925 eut lieu une « fusion par absorption ». Comme déjà la première instance, la Cour renvoie aussi à la conception du Prof. Riemer d’une « fusion concluante ». « L’argumentation du Prof. Riemer la convainc donc. Les objections des plaignants ne sont donc pas plausibles. » (Jugement, page 16).

· Abus du droit et coercition

Le passage suivant, tiré du jugement, est remarquable : le Pr. Furrer s’était efforcé de prouver que l’absence de légitimité des plaignants au motif qu’ils ne se comprennent pas comme membres de la construction associative du Vorstand et que de ce fait ils n’auraient donc aucune relation en droit avec l’objet de leur plainte et qu’en particulier pour une action en droit il ne se présentait pas la nécessaire constatation d’intérêt chez les plaignants. Le tribunal ajoute :

« Cela touche à l’abus de droit que de ’contraindre’, les membres de la Société Anthroposophique Universelle à une reconnaissance de l’objet de la plainte, ou selon le cas, l’association (Société Anthroposophique) réanimée, fondée en 1923, et ensuite à cause d’un refus de reconnaissance de faire valoir, à cause de la relation juridique défaillante, qu’il n’existe pas de constatation d’intérêt. Il reste à noter que toute personne, indépendamment d’une relation juridique déterminée au parti qui a porté plainte peut soulever une action en contestation de droit lors d’un intérêt juridique correspondant (Hans Michale Riemer : Commentaire au sujet du droit privé suisse, Bern 1990, N135 et suiv. jusqu’à Art. 75 OP). « (Jugement, Page 6).

· Notre Société Anthroposophique Universelle d’aujourd’hui est la société du Congrès de Noël 1923/24.

Deux tribunaux, deux jugements, deux instances attestent à présent que notre Société Anthroposophique Universelle, se trouve en continuité directe avec le Congrès de Noël 1923/24, elle est donc la porteuse incontestable de l’impulsion du Congrès de Noël. S’il s’agissait réellement d’une clarification pour Paul Mackay — comme il voudrait toujours le faire accroire aux membres — Il pourrait en rester là. Mais pour Paul Mackay il ne s’agissait justement pas de clarification dès le début, sinon les étapes dévastatrices de « l’événement constitutionnel » en ce tournant du millénaire eussent été posées autrement et eussent eu une tournure différente. Nous nous trouvons devant la destruction de notre Société, et cette destruction sera menée jusqu’au bout, si finalement un nombre suffisant de membres ne trouve pas le courage de s’éveiller. Pour cela, il nous faut continuer de lutter sinon nous nous trouverons bientôt devant un amas de ruines, analogue à celui qu’à laissé le terrible incendie du premier Goetheanum, mais cette fois sur un niveau essentiellement plus grave. Car entre cet incendie et la destruction actuelle, il y a le Congrès de Noël, et une impulsion de renouveau, la Pierre de fondation pour l’essence des nouveaux Mystère de l’époque. Le courant de ce Congrès de Noël ne pourra être porté que par fidélité, et cette fidélité nous sera demandée à tous, ce à quoi nous sommes en situation de la donner.

Pour le 144ème anniversaire de la naissance de Rudolf Steiner 27 février 2005

J’apprécierais de pouvoir m’entretenir sérieusement avec le lecteur de ses lignes.

Michaela Jordan

(Traduction Daniel Kmiécik)


Retour à l'accueilRetour sommaire Sciencepage précédente