Les rythmes de la vie et leur origine dans le cosmos
Chacun de nous sait par
les journaux, et aussi par expé
rience, que certaines années nous apportent des vagues de chaleur,
de sécheresse, des inondations, d’une intensité extraordinaire
et souvent catastrophique. En face de ces phénomènes très
actuels, il est intéressant d’observer des phénomènes
qui se rapportent à l’atmosphère et à la météorologie.
Goethe avait carac
térisé en son temps ce problème si complexe et divers,
en disant :
« Nous sommes entourés d’une atmosphère, mais
nous ignorons
ce qui vit en elle et de quelle manière elle se trouve reliée
à
notre esprit. »
Cette triplicité se retrouve également dans la constitution
de l’homme. Il y a un homme d’en-haut (la tête), un homme
d’en-bas (les membres, les fonctions digestives), et entre les deux
un intermédiaire qui est le système rythmique. Mais l’analogie
n’est pas absolue entre l’univers et l’homme. L’homme
a un système médian, compensateur, qui a son propre rythme.
Il n’en est pas de même pour l’univers. L’atmosphère
et les phénomènes météorologiques forment une
sphère de combat. L’atmosphère est forcément chaotique
; au contraire, chez l’homme, le système rythmique est appelé
à établir l’harmonie. C’est pourquoi ce serait
une erreur de voir (comme on l’affirme parfois) dans les phénomènes
atmosphériques l’origine de certains rythmes qui apparaissent
chez l’homme. Ces rythmes ont une origine bien plus complexe.
Pour Rudolf Steiner, les hommes, au cours des quatre der
niers siècles (du début du XV
e à
la fin du XIX
e , ont
eu pour tâche
de se faire une conception du firmament
selon l’espace.
C’est
pourquoi, à
l’aube de cette période, apparaissent des esprits
tels que Giordano
Bruno, Copernic, Kepler, Galilée. Depuis le
début du xx
e siècle,
nous avons pour tâche de nous former une
nouvelle conception du firmament,
selon le
temps. Et
pour cela,
le rythme est naturellement d’une importance capitale. Il est
donc devenu
indispensable de comprendre quel rôle joue le
rythme dans
l’univers :
il y
tient lieu de force. «II est nécessaire
de se rappeler cette règle universelle : Le rythme remplace la
force. C’est là un principe important. Aujourd’hui il
y a une
grande irrégularité dans la vie de l’homme, dans ses
pensées,
ses actions... Il devrait s’efforcer d’y introduire du rythme.
»
(R. St.)
L’homme a non seulement le devoir d’étudier les rythmes
cosmiques, mais aussi celui de se former un rythme individuel.
18 X 60 X 24 = 25 920 respirations, chiffre qui
correspond
exactement au nombre d’années que met le soleil
à parcourir,
par son point vernal, tous les degrés du Zodiaque.
Ces rapports entre l’univers et l’homme expriment une concordance
empreinte de sagesse.
Nous constatons le contraire lorsque ce n’est pas la sphère
des étoiles qui agit sur nous mais celle des phénomènes
atmo sphériques,
des actions météorologiques. Au lieu d’en retirer de
la
santé, nous ressentons des névralgies, des migraines, des troubles
d’estomac, de l’asthme, bref des perturbations. Le sang, les
nerfs, l’estomac se révoltent dès que l’organisme
cède aux influences de l’atmosphère.
Goethe eut à son époque une autre manière d’envisager ces phénomènes. Il était loin de les nier, les connaissait même dans toute leur portée, car il les a étudiés minutieusement. Mais il pensait qu’il appartenait à la nature même de l’homme de s’affirmer en face de ces influences et à leur contact, en un mot de les surmonter. « C’est incroyable, dit-il, ce que l’esprit a d’empire sur le corps physique. Je souffre souvent de maux de ventre, mais par la volonté de mon esprit, les forces de mon être supérieur, je me maintiens en équilibre. Il faut seulement que l’esprit ne cède pas au corps. Je travaille mieux quand le baromètre est haut que lorsqu’il est bas. Mais le sachant, je travaille en me donnant plus de mal quand le baromètre est bas, pour annuler l’influence défavorable, et j’y arrive.»
Pour lui, l’essentiel était d’abord de se bien connaître,
puis de faire
l’effort de surmonter systématiquement ces influences.
Goethe savait par expérience personnelle que toute la vie
humaine est
soumise, jusque dans les mouvements de l’âme et
de l’esprit,
à certains rythmes dont l’homme doit se rendre
conscient ; car seulement ainsi il les dirige.
« La vie en nous,
dit-il,
est
toujours en état de systole et diastole, d’aspir et de
respir. Même s’il n’est pas possible de se l’expliquer,
il faut au moins l’observer exactement et y prêter attention
. »
Comme nous le disions plus haut, on s’occupe beaucoup à
Il va sans dire que les phénomènes dénotés par
la pression
Il existe une maladie peu répandue dont les symptômes varient
directement selon les modifications de l’atmosphère ; c’est
l’hémophilie, maladie qui n’a pas été sans
influencer certains événements historiques, si l’on se
souvient que le fils du dernier tsar en était atteint et que pour
cette raison Raspoutine pénétra dans la famille impériale.
Il a été prouvé que ce ne sont pas les grands rythmes,
mais les perturbations promptes et subites de la pression atmosphérique
qui agissent sur les symptômes de cette maladie. Kritzinger écrit
: « Ce ne sont pas les grands changements atmosphériques, relativement
durables, qui exercent de l’influence, mais ce sont les changemen
D’autre part, des savants ont découvert des rapports entre
les
A plusieurs reprises, j’ai déjà eu l’occasion
de mentionner un
En dehors de ces rythmes journaliers et annuels, il existe des
En présence de ce phénomène qui s’accomplit exactement
un
Pour expliquer ces faits, il faut s’en rapporter à nouveau
aux
Mais étudions de plus près les rythmes physiologiques, et ensuite les rythmes de l’âme et de l’esprit.
Rappelons que l’homme respire en moyenne 18 fois en une
minute quoiqu’il existe de nombreuses variations indivi
duelles. Chaque
être humain rend un son différent dans l’uni
vers. On pourrait donc dire qu’il est nécessaire que chacun
apprenne tout
d’abord à connaître le nombre de vibrations de
son propre instrument physique.
Un autre rapport rythmique, que l’on a peu étudié jusqu’à
présent, est celui existant entre la tête et les échanges
orga
niques. Ce rapport se comporte aussi comme 1 à 4. Rudolf
Steiner dit à ce sujet «
Il est un mystère important dans l’évo
lution individuelle, c’est que les processus de la tête
ont des rapports avec le système inférieur, dans la mesure
de 1 à 4... L’organisme de la tête vit 4 fois plus lentement
que le reste de l’organisme. »
Toutefois, dans le processus que nous venons de mentionner,
Rudolf Steiner mentionne encore un rythme journalier plus intime. Indépendamment du rythme qui s’accomplit dans la conscience de soi-même par rapport à l’état de veille et au sommeil, on peut constater (en s’observant minutieusement) que chacun a, durant la journée certaines périodes où il tend à se plonger plus intensément et plus activement dans la vie sen sible et à se mêler à tout ce qui se passe autour de lui. Il y a d’autres périodes, par contre, où nous tendons moins à projeter notre activité au-dehors. Cette activité, nous la concentrons intérieurement. Il y a des gens qui accomplissent certains tra vaux de préférence le soir, et d’autres qui travaillent mieux le matin. Pour bien faire, il faudrait que ces choses soient exa minées et notées avec plus d’attention. Rudolf Steiner nous dit : « La vie rythmique pénètre intimement l’organisation de la tête. Tantôt nous nous adonnons à la perception des sens, tantôt nous sommes moins disposés à nous y adonner. Ces états se succèdent les uns les autres en l’espace de 24 heures. Et il serait intéres sant de constater, au moyen de courbes, combien les hommes sont différents par rapport à ces changements qui interviennent entre une imagination claire et vive et un état somnolent et apathique. »
Nous venons de citer quelques exemples des rythmes annuels,
journaliers, atmosphériques, ceux de l’être humain, de
la tête,
des échanges
organiques, etc. Or, il existe encore d’autres
rythmes qui
gouvernent tout le chemin de la vie. C’est ce que
Goethe avait
relevé lorsqu’il notait que le vivant est toujours
à l’état
de systole et diastole, d’aspir et de respir. Dans son
ensemble, le chemin de la vie forme une courbe ascendante et
descendante. Elle est ascendante jusqu’à l’âge de
27 ou 28 ans,
se maintient égale jusqu’à 35 ans et prend ensuite une
direction descendante. Dans l’univers, la période de 30 ans
est un terme, un achèvement, car Saturne, la planète la plus
éloignée, accomplit sa trajectoire en trente années
environ. Selon Rudolf Steiner,
ce nombre de 30 ans correspond à une « année spirituelle
» et c’est
pour cela que tous ceux qui ont l’esprit ouvert à ces choses
ont la possibilité, vers la trentaine, de se trouver placés
dans l’univers
en face du « Principe du Père ». Ce n’est vraiment
que vers le
milieu de la vie que l’homme commence à devenir indépendant
et qu’il oppose au monde extérieur son propre monde
intérieur (et cela est justifié à cet âge). Dans
les oeuvres de
Rudolf Steiner
qu’il a écrites durant la première moitié de sa
vie, on y retrouve Goethe, Haeckel, Nietzsche, etc. Ce n’est que plus
tard que Rudolf Steiner y oppose ses propres oeuvres fon
damentales. Là s’exprime consciemment une loi vitale qui est
de laisser
parler les autres durant la première moitié de la vie
et de leur
opposer sa propre création seulement durant la
seconde moitié. «
Quiconque examine ce que j’ai écrit il y a une
dizaine d’années déjà pourra se rendre compte
que je me suis abstenu de formuler ma propre opinion
.
Je n’ai pas écrit mon
avis sur Goethe, mais j’ai essayé d’exprimer les pensées
qui pro
viennent de Goethe. J’ai écrit une théorie de la connaissance
selon l’esprit de Goethe, et non pas
ma
théorie de la connais
sance. »
(R. St.)
Si l’on observe la ligne ascendante et descendante du chemin de la vie, on relève certains rapports entre le commencement et la fin. « Remarquons que les causes qui ont été semées dans l’âme de l’enfant ont leur effet véritable vers la fin de la vie... On pourrait encore trouver de ces rapports en ce qui concerne les époques du milieu de la vie... La cause et l’effet se déroulent d’une manière cyclique, comme dans un cercle. Les causes accu mulées dans le plus jeune âge ont leurs effets à un âge plus avancé.» (R. St.)
Dans le « calendrier intérieur » individuel doivent figurer
encore d’autres
éléments importants, certains « noeuds ».
Il
arrive qu’un événement important forme un de ces noeuds
;
on en retrouve la cause un certain nombre d’années en
arrière,
alors que les effets s’en font sentir après un nombre d’années
équivalent
à celles qui l’ont précédé. «
Comme dans
le cas (du
pendule qui oscille à droite et à gauche et qui a au milieu
son point
fixe, la dix-huitième année est un noeud. Ce qui a eu lieu
avant
dans la
vie est la cause de ce qui aura lieu
après,
un
nombre égal d’années comptées en deça et
au-delà de ce point
de jonction. Il en est ainsi durant toute la vie. La vie humaine ne s’écoule
pas irrégulièrement, mais bien régulièrement
et conformément à certaines lois. »
(R. St.)
Rudolf Steiner compare ces phénomènes à ceux que présente
une balle élastique ; comprimée, elle accumule en elle
certaines
« Nous pouvons effectivement parler d’une respiration du cosmos. Nous n’avons qu’à observer le mouvement de la lune durant 18 ans et la nutation de la terre. La terre danse, et, en dansant, son axe décrit un cône double en l’espace de 18 ans. Cette danse traduit la respiration de l’univers, et celle de l’être humain qui est de 18 fois à la minute. Ce mouvement de nutation de la terre correspond donc à une respiration d’une minute. » (R. St.) Les périodes dont nous venons de parler jouent aussi un certain rôle dans la vie humaine. Rudolf Steiner relève que l’être humain devrait faire attention à ce qui se passe en lui la nuit quand il atteint 18 ans et 7 mois, 37 ans et 2 mois, 55 ans et 9 mois, et ainsi de suite : « Les nuits par lesquelles on passe à ces époques sont les plus importantes de la vie. C’est alors que le macrocosme achève de respirer 18 fois ; il achève la « minute » cosmique et pour chacun s’ouvre une fenêtre qui lui donne un aperçu dans un autre monde. » (R. St.)
Il serait bien nécessaire que chacun prête attention à
certains tournants de sa vie où la fenêtre du monde spirituel
s’ouvre ou
bien se referme. Il y a de ces moments durant le jour, durant
l’année, durant la vie.
Indépendamment des rythmes déjà cités, il en est aussi un de nature purement spirituel et individuel. Certaines idées et pensées par exemple ont en effet leurs propres rythmes.
Rudolf Steiner décrit comment il peut se faire qu’une petite
idée semble nous échapper après 7 jours. Ceci peut
même nous tracasser. La cause est que cette idée plonge dans
le corps éthé
rique. Au bout de 2 fois 7 jours, elle a vécu dans l’éther
uni
versel et se trouve corrigée pour ainsi dire par le monde de la
pensée. Après 3 fois 7 jours, elle se relie plus fortement
au corps éthérique
de l’homme. À ce moment-là, il faut se garder de
projeter cette idée dans le monde extérieur, car elle est
encore négative,
froide ; elle n’a pas encore été assez individualisée.
Ce n’est
qu’après 4 fois 7 jours que l’idée réapparaît
avec une
forme individuelle, après avoir été « baptisée
par les dieux »
pour ainsi dire. C’est à ce moment-là seulement que
nous sommes à même d’énoncer cette idée
comme il convient.
Des idées plus importantes
exigent des périodes de 7 semaines ou de 7 ans, ou davantage.
On retrouve ces périodes
dans la vie de certaines personnalités
dont on connaît la biographie.
«
Il serait facile de prouver que
des natures
d’artistes obéissent à un certain rythme, connaissent
une certaine
périodicité dans leur labeur. Ces rythmes se comp
tent d’après
les jours, les semaines, les années, etc. »
À l’avenir, il sera du devoir de l’homme de maîtriser les rythmes de la vie comme cela se trouve exprimé par Rudolf Steiner dans les mots suivants : « Le vrai progrès de l’homme et son salut ne sont pas dans le retour au rythme ancien, ni dans la solution de la question : que dois-je faire pour vivre d’après les quatre phases de la lune ? Car si aux époques an ciennes l’homme était comme le cachet de l’univers, il ne l’est plus. Mais il importe aussi qu’on sache qu’il n’est pas possible de vivre sans rythme. Tout comme l’homme s’est développé du dehors au dedans, il faut qu’il se forme à régler à nouveau sa vie par rythmes du dedans vers le dehors. Voilà ce qui importe. Il faut que le rythme traverse tout son être intérieur. »
* * *
Cette étude de Günther
Wachsmuth a été publiée initialement dans la revue « La
Science spirituelle ».
Günther Wachsmuth (1894-1963), collaborateur de Rudolf
Steiner, âgé de 29 ans, Rudolf Steiner lui confia la Section
des Sciences Naturelles, lors de la création en 1923 de l’Université
Libre de la Science de L’Esprit. Il s’efforça durant toute
sa vie de rendre pensable et vérifiable par un esprit moderne le monde
des forces formatrices agissant dans le cosmos à travers les quatre
éthers.
Œuvres traduites :
· La réincarnation processus de métamorphose, Editions Triades 2002
· Le monde
éthérique, Editions de la Science spirituelle, 1933
· Ciel de
naissance et ciel de mort - Editions Triades, 1956
· L’évolution
de la Terre, supplément Triades n°9 Paris, 1960
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