De Siegfried à Parsifal

Rudolf Steiner

Une conférence de Rudolf Steiner, donnée à Stuttgart en 1914 (a) , qui n'a jamais été publiée jusqu'à présent.

Richard Wagner a tenu à représenter son Anneau du Niebelung à l'occasion d'un "festival arrangé de manière bien précise"; Il caractérisait son Parsifal comme "la représentation solennelle d'un drame initiatique", et il prit des dispositions pour que cette oeuvre ne puisse être donnée qu'à Bayreuth pendant les trente années qui ont suivi la première représentation (26 juillet 1882) (b) . Celui qui connaît la profondeur spirituelle et le caractère cultuelle de cette oeuvre, par ailleurs la dernière oeuvre de Richard Wagner, peut comprendre cela sans plus. (On peut ressentir un souci analogue en ce qui concerne les représentations des Drames-Mystères de Rudolf Steiner dans le monde entier.)

De fait, on a vu récemment de mauvaises mises en scènes qui manifestent justement toujours cette tendance psychologisante, "moderne", parfaitement inadéquate, en attendant même à Bayreuth. C'était d'autant plus réjouissant de voir en février dernier, à l'Opéra Bastille de Paris (présentée en 1997 pour la première fois), des réalisations de l'Anneau quelque peu plus "dignes et initiatiques", tant par la mise en scène de Graham Vick, que par le niveau de l'exécution musicale (sous la direction de James Colon). Il faut espérer revoir ces représentations parisiennes à l'avenir. On a pu entendre récemment la "Kundry" parisienne (Violetta Urmana), lors d'une représentation donnée à Zurich aux dernières Pâques (dans le cadre d'une autre mise en scène) (c) . Zurich est précisément liée au destin de cette oeuvre, puisque c'est dans le jardin de la maison d'accueil Wesendonck, à Zurich, que Wagner reçut l'inspiration originelle de son Parsifal .

Dans le contexte de ces représentations parisiennes et zurichoises du Parsifal , il nous a semblé opportun de publier maintenant ces développements de la conférence de Rudolf Steiner, si riches de sens et si profonds, restés jusqu'à présent inconnus.

Thomas Meyer

(a) Rudolf Steiner a donné cette conférence le 6 décembre 1914 devant les membres le Société Anthroposophique, lors d'une réunion de la Branche de Stuttgart. Le contenu des 14 pages de notes dactylographiées, qui nous sont parvenues, reflète pratiquement exactement la forme et la teneur des notes prises par un auditeur de cette conférence.

(b) Quelques mois avant cette conférence du 1er août, - la veille au soir de la déclaration de guerre - Steiner y avait assisté à la représentation de Parsifal, en présence de Marie von Sivers et Hélène Röchling.

(c) Dates des trois représentations zurichoises: 1 er , 2 et 11 avril 1999.


À partir de l'oeuvre de Richard Wagner, l'Anneau du Niebelung , on peut reconnaître comment le Je, l'individualité humaine consciente d'elle-même de la cinquième époque post-atlantéenne, est né de la sagesse originelle de l'époque atlantéenne. C'est à notre époque que se rattache en effet la mission de développer un Je libre, autonome, une individualité ayant toutes les qualités requises, ainsi que d'amener l'intellect à son épanouissement extrême. L'égoïsme, l'existence individuelle, qui confère par ailleurs la liberté personnelle à l'être humain, doit d'abord se rattacher à l'intellect, en renforçant la vie au plan physique. L'homme reçut donc à l'origine cette impulsion de liberté par la volonté des dieux. Wotan , et les dieux guidés par Lui, ont donc renoncé à l'amour servile de l'homme. Dans l'Anneau il est dit: "Celui que j'aime - Qu'il soit garant de lui-même - Qu'il vainc ou qu'il échoue - Il est son propre maître." (1)

Le principe de liberté doit exister pour donner à l'homme la possibilité de retrouver le chemin de la divinité par une décision volontaire, absolument et entièrement libre, indépendamment de toute volonté divine supérieure. Le savoir rationnel a donc pris naissance de la pure sagesse, ces flammes originelles représentées par le fleuve du Rhin.

L'intellect est représenté par l'or, mais un or originellement pur, une vertu de pureté qu'incarnent les filles du Rhin. Le Je humain, avec ses trois facultés du penser, du sentir et du vouloir, a pris naissance dans le Rhin, au sein de cet élément psychique inhérent au fleuve, au cours d'eau.

L'être humain faisait à l'origine partie de Dieu. Dans l'accord en mi-bémol majeur (2) , Richard Wagner nous présente l'activité créatrice de la divinité dans le monde des forces psychiques. Dans la dominante, la tierce, la quinte qui est déjà en mouvement, nous avons ce qui crée, trame et agit dans le mouvement ainsi figuré. L'élément divin vit et s'active dans ce triple accord et le Je divin Lui-même est agissant au sein même de cette triade divine; Ce qui se trouve à la base, c'est la sagesse divine, c'est le Saint Esprit. La sagesse divine traverse le plan astral. Et aujourd'hui, elle agit du centre de la terre, à partir des forces les plus denses, pour spiritualiser à nouveau la terre, pour dissoudre ce qui s'est compacté, resserré sous l'effet de la particularisation. L'anneau de l'égoïsme est donc rompu par ces forces d'amour affluant désormais de l'acte d'amour accompli lors du Mystère du Golgotha. C'est ce que Brunhilde sait. Elle sait que le feu d'amour spirituel purifie l'anneau de la malédiction qui pèse sur lui; Elle sait que ce feu consume l'égoïsme, que l'or de l'intellect est apuré de l'égoïsme et qu'il doit être à nouveau fondu dans la sagesse. L'amour qui s'oublie pour les autres est donc né de la sagesse. Délivré de la contrainte du royaume terrestre, le Je naît de l'eau et du feu des forces purement astrales et il doit être rendu à l'élément originellement pur de l'eau et du feu.

Le Je personnel doit en venir à s'ouvrir au divin comme la fleur qui s'épanouit et s'offre aux rayons du soleil. La cinquième époque post-atlantéenne, qui mûrit l'individualité, doit retrouver une relation au divin pour que la poursuite de l'évolution ne mène pas à l'endurcissement du Je. Nous sommes parvenus à ce moment de l'évolution, là où nous sommes présentement, où s'engagent des épreuves qui nous conduiront à dissoudre progressivement notre individualité particulière. Quand nous pourrons sacrifier un peu nos petits intérêts personnels, nos intérêts égoïstes liés à notre personnalité, au profit des grands intérêts universels, alors pourra survenir ce qui doit survenir. La cinquième époque post-atlantéenne doit faire mûrir un Christianisme intériorisé, libre de ces influences de nature égoïste. Le vrai Christianisme doit montrer qu'il est désormais possible à l'âme humaine de s'élever au-dessus de tout ce qui dégrade l'âme au sein du penser, du ressentir et du vouloir. Car l'homme vrai est dégradé par les cupidités et les passions de la nature inférieure, d'une part; mais d'autre part, l'homme vrai s'avilit aussi lui-même lorsqu'il ravale la meilleure faculté qu'il possède, l'esprit, en en faisant un mauvais usage à des fins dégradantes, des fins qui ne servent qu'à accroître le pouvoir personnel. La mort d'une nature du type de Siegfried , celle de la spiritualité d'un Baldur , ont été ressenties comme tragiques par nos ancêtres germaniques. Siegfried - Baldur ne pouvait pas encore être armé pour vaincre ces puissances ténébreuses amenées par les dieux et qui sont représentées dans le Crépuscule des dieux . Il ne pouvait pas encore contrecarrer, vaincre ou même percer à jour, l'élément ahrimanien à l'oeuvre dans le personnage de Hagen ; Il ne pouvait pas encore vaincre l'égoïsme luciférien en lui. Car Siegfried aurait dû admettre qu'il devait rendre l'Anneau aux Filles du Rhin , et qu'il aurait dû écouter jusqu'au bout Loge -Lucifer; qui affirmait qu'il fallait restituer l'Anneau. Nous l'écoutons jusqu'au bout lorsque nous avons appris à distinguer le bien du mal et lorsque l'intellect débouche à nouveau dans la sagesse. Mais l'homme doit apprendre à pouvoir résister aux tentations de Lucifer. D'une manière négative, à vrai dire, Lucifer conduit l'homme à se renforcer en lui-même jusqu'à le rendre capable de percer à jour Lucifer et de le ramener à la sagesse par la connaissance. Lucifer est dangereux là où les passions humaines s'expriment, dans le penser, le sentir et le vouloir. L'homme doit en triompher. Il doit surmonter les exigences égoïstes du penser du ressentir et du vouloir.

Pour quelle raison l'épée Nothung ne protège-t-elle pas Siegfried de la perfidie de Hagen ? Dans les quatre parties individualisées de l'oeuvre, l'Anneau, la Walkyrie, Siegfried et le Crépuscule des Dieux, on assiste à une descente vers le monde terrestre solidifié, jusqu'à l'avènement du Je personnel de l'être humain. Siegfried descend ces degrés jusqu'à atteindre la dernière phase, l'individualité personnelle. L'ancienne Sagesse se perd pour lui et il n'en possède pas encore de nouvelle, c'est pourquoi il ne peut pas encore triompher de ces puissances qui, précisément sont grosses de danger pour le Je personnel. Il possédait pour ainsi dire quelques restes, les derniers, de l'ancienne sagesse qu'on avait encore en passant de la conscience de la lignée à celle du Je personnel; Mais ces derniers restes sont aussi perdus pour lui et ne lui sont plus d'aucune utilité. Les hommes qui ont pleinement accompli l'expérience de la quatrième phase - Et Siegfried ne réalise même pas cette expérience totalement, il est l'homme d'une époque de transition - n'en ont même plus la conscience; Celle-ci s'est bel et bien obscurcie en nous. Certes nous possédons encore Grane , le cheval, la sagacité terrestre. Mais celui-ci ne nous préserve pas suffisamment des puissances obscures. Et l'épée des anciennes forces d'initiation, la sagesse et la connaissance anciennes, qui resurgissent chez Siegfried , ne sont pas en mesure de le protéger face aux dangers amenés par l'intellect naissant; C'est pourquoi il doit succomber aux forces des ténèbres. La spiritualité et le rayonnement lumineux des anciennes époques s'éteignent tandis que triomphent les manigances sournoises de Hagen . Mais la destinée rattrape aussi ce dernier, car il doit aussi s'engager dans la chemin de la purification, de la catharsis, que les filles du Rhin lui imposent en l'entraînant dans les profondeurs; Ce chemin le conduit au tréfonds de son âme. Baldur-Siegfried doit être vaincu par les forces obscures qui ont leur siège dans l'égoïsme. Et le malheur se serait abattu sur l'humanité si le Mystère du Golgotha n'était pas survenu, si le Christ-Jésus ne s'était pas incarné dans les enveloppes merveilleusement pures de Jésus de Nazareth, élaborées et spiritualisées par le grand maître Zarathoustra. Le Christ-Jésus devait mourir, comme Baldur et Siegfried sont morts. Mais le Christ, Lui, a triomphé des forces des ténèbres. C'est pourquoi nous avons désormais l'assurance de triompher des puissances obscures qui siègent dans l'égoïsme, par les forces du Je supérieur, qui ont été déposées en nous à l'état de germes par le Mystère du Golgotha pour le restant de l'évolution à venir. Nous pouvons dès à présent éveiller ces forces en nous et maîtriser l'égoïsme. Il ne s'agit que de l'égoïsme injustifié, qui fait de nous des êtres épouvantables et se révèle par la lascivité, l'avidité de pouvoir et la mégalomanie ou de la vanité du Je personnel. Voici ce que nous devons apprendre de Richard Wagner: Au sein de l'apprentissage occulte, il n'existe de danger nulle part ailleurs que là où l'égoïsme s'exprime, depuis que s'est accompli le Mystère du Golgotha. Si nous en triomphons - et nous pouvons en triompher - nous pouvons progresser sans danger dans notre cheminement spirituel. Nous pouvons librement décider quel chemin prendre. Nous avons reçu le don du penser pour être en mesure d'agir à partir de notre libre discernement. Mais nous devons aussi maintenir la pensée libre des attaques ahrimaniennes et lucifériennes, en ce qui concerne l'élément moral, car il est ensuite possible de comprendre les connaissances dans lesquelles nous devons nous engager. Si nous voulons réaliser la vraie réalité humaine, nous devons apprendre à considérer notre âme dans ses trois dimensions, pour ce qui est de l'élément moral et à partir de notre Je. Par une connaissance de soi courageuse, nous devons apprendre à percer à jour ce que sont les dangers et ce qu'est le bien au sein du penser, du sentir et du vouloir. Dans le Mystère du Golgotha, le Christ a triomphé des forces obscures, de tout ce qui a fait son entrée dans les humains suite au péché originel, à la chute. Ce péché originel fut nécessaire pour mener les hommes à la liberté, ou bien en s'ouvrant à la divinité ou bien en développant l'individualité particulière.

La divinité nous a donné la pensée pour que nous apprenions à discerner le bien du mal. Mais pour cela nous devons mener la pensée à son terme, si nous voulons apprendre à faire cette distinction. On pense à fond en prenant conscience du fait que la pensée doit s'ouvrir à la divinité. La pensée doit être purifiée pour cela; car le Soi Spirituel, le Manas, naît de la catharsis, de la purification des forces de l'âme. La sagesse de Dieu, qui est une partie du Soi divin, y prend naissance, une sagesse unie à l'Esprit de Vie, l'esprit de l'amour spirituel, qui est pour l'Homme Esprit, la volonté spirituelle. C'est cela que nous devons comprendre, que la sagesse de Dieu est quelque chose que nous pouvons conquérir en nous engageant dans des voies qui mènent d'abord à la libération de la pensée de l'égoïsme. Sinon nous nous engageons dans des chemins qui ne mènent qu'à l'endurcissement du Je. La pleine sagesse divine ne peut seulement être acquise qu'en purifiant la totalité de l'âme de la recherche de l'intérêt personnel, y compris dans son ressentir et dans son vouloir. La mission de la cinquième culture post-atlantéenne est premièrement, de développer le penser, deuxièmement de libérer le penser de son égoïsme. La purification de la volonté consiste à acquérir de haute lutte la bonne volonté qui mène au plan de la sagesse divine, car: "Saints sont ceux qui sont de bonne volonté". La béatitude divine est l'aboutissement de ce chemin qui, il est vrai, conduit la volonté vers de plus en plus d'épreuves. Mais en fin de compte, la pensée spirituelle, la volonté spirituelle et la béatitude divine doivent prendre naissance de la purification du penser, du ressentir et du vouloir.

Si nous acquérons la bonne volonté, par laquelle nous devons déjà commencer à présent, alors nous purifierons le Je de son égoïsme, alors nous prenons nous-mêmes part à l'amour compatissant, en laissant notre petit Je devenir le reflet du grand Je. Et cet amour spirituel devra toujours être uni à la sagesse.

Tout cela nous est donné dans le Parsifal . Le vrai Christianisme doit prendre son essor à partir de la cinquième époque post-atlantéenne, l'époque de culture germanique (Il faut plutôt comprendre cela au sens général d'anglo-saxonne, en fait. N.D.T.). Ce qui, émanant des mondes spirituels, pénètre toujours plus profondément le Je qui a mûri, ce qui s'enfonce toujours plus dans la nature humaine pour s'unir avec ce Je parvenu à maturité, c'est ce que nous appelons la grâce. La différence entre Parsifal et Siegfried , c'est: Siegfried ne pouvait pas se prémunir contre les puissances sinistres incarnées chez Hagen . Dans la première partie de l'oeuvre, Parsifal est semblable à Siegfried . Parsifal surgit dans toute sa pureté, son innocence, dans le domaine du Graal; Devant l'humanité, il apparaît comme l'insensé; En effet, comment le monde devrait-il admettre que ce fou est plus sage que lui? Peut-être qu'un insensé de cette espèce connaît-il, mieux que le monde n'en est capable, le sens profond des paroles que Wotan adresse à Mime lorsque, parcourant le monde, il décide de faire une halte chez ce dernier: "Plus d'un se berce de l'illusion d'être sage, et ne sait pas seulement ce qui lui est nécessaire. C'est mon Verbe qui le lui enseigne généreusement." (3)

L'âme de Parsifal nous apparaît dans toute sa candeur enfantine. Sans cette nature enfantine, qui n'est que folie devant le monde, il n'aurait pu parvenir dans le domaine du Graal.

Quel est ce domaine du Graal? C'est d'une certaine manière ce qu'est cette forêt dans laquelle Siegfried tua le dragon. C'est le monde astral élémentaire, dans lequel on cherche la forteresse du Graal. Klingsor , l'ennemi de la fraternité du Graal, est une entité qui ressemble aux puissances qui peuvent développer leur activité dans l'égoïsme de l'homme, comme Alberich et Hagen l'étaient aussi. Amfortas n'a tout d'abord pas suffisamment évolué pour être en situation de vaincre Klingsor. De grandes reliques sacrées se trouvent dans la forteresse du Graal, à la garde d' Amfortas. Klingsor a arraché la sainte lance des mains d' Amfortas , lors d'un combat, du fait qu' Amfortas a succombé à la séductrice Kundry , une entité mauvaise, dont les effets peuvent devenir pervers sur l'âme; Elle agit aussi dans l'égoïsme de l'être humain. On peut l'appeler Vénus ou Paradis, car Lucifer et Ahriman sont intimement unis au point de se confondre dans sa nature. Richard Wagner nous décrit ce personnage de Kundry comme servant les Chevaliers du Graal dans sa conscience diurne, mais sous la coupe de Klingsor par l'impureté de son Je, dans sa conscience nocturne, lorsque son Je n'est pas libre et que sans le vouloir, elle est vouée à Klingsor pendant la nuit. Elle paraît donc comme une âme hésitant entre le bien et le mal, qui n'est plus maître sur le mal. Amfortas voulait vaincre le sorcier, le magicien noir, avec les forces divines de la lance, mais il tomba sous le pouvoir de Kundry . Il n'était donc pas mûr, il n'était pas parvenu à la catharsis supérieure du Je. Il ne pouvait pas encore surmonter l'égoïsme qui a son siège dans la convoitise. La pureté du Je lui faisait défaut. Un autre devait venir: "Par compassion sachant, le candide fol". (4) Celui-ci devait apporter toute la vigueur et la maturité du Je. Parsifal avait tué un cygne. Il y a beaucoup de choses à dire sur cette mort du cygne. Le Je personnel a donc effectivement tué l'élément spirituel, représenté par le cygne, par son égoïsme. Dans le regard du cygne mourant, Parsifal apprend ce que signifie tuer. Il apprend à ressentir de la compassion et de l'amour à l'égard du monde animal, auquel l'être humain est redevable. Il apprend ce que faire du mal veut dire. Il doit recevoir une seconde leçon en répondant aux questions que Gurnemanz lui pose. Parsifal ne sait répondre à aucune. Pourtant à celle-ci: "Dis, maintenant, tu ne sais rien de ce que je te demande: Conte alors ce que tu sais. Car enfin, tu dois savoir quelque chose!", il répond: "J'ai une mère; Herzéloïde est son nom; la forêt et la prairie sauvage furent notre demeure." (5) En effet, l'être humain n'accède pas au domaine du Graal sans cette mère. Il ne va nulle part non plus sans traverser les épreuves que cette Herzéloïde lui amène. Qui est donc cette Herzéloïde , la mère? Kundry la connaît, elle lui apprend que sa mère est morte de chagrin à cause de son départ. C'est donc quelque chose que tout homme fait sans le savoir. Chacun de nous s'est échappé en abandonnant cette mère. Dans la légende originelle, on raconte comment Parsifal apprend d'un ermite que quelqu'un n'a pas abandonné sa mère. Parsifal a abandonné la mère Sophia, la sagesse divine, qui se rattache toujours à Herzéloïde . Cette dernière est l'ancienne sagesse préchrétienne, la mère du Je personnel. Cette mère divine meurt quand l'être humain acquiert son Je personnel. Nous avons abandonné l'ancienne sagesse divine et nous n'avons pas encore accueilli la nouvelle sagesse divine; Nous devons d'abord l'acquérir. C'est d'une manière toute nouvelle que nous devons l'accueillir. C'est ce qui est affirmé par Jean, le disciple que le Seigneur aimait. Sur la croix, il accueille auprès de lui la mère, la sagesse divine qui est à présent une nouvelle mère, une mère christifiée, qui est ainsi réacquise avec Herzéloïde .

Siegfried ne fait pas pleinement l'expérience d'un Je qui s'individualise. Parsifal fait au contraire l'expérience de ce Je personnel, quoiqu'il ressemble à Siegfried comme deux gouttes d'eau. Il entre en rapport avec cette nouvelle sagesse dans le domaine du Graal, tout en étant d'abord totalement ignorant. Parsifal se trouve dans la cinquième époque post-atlantéenne, Siegfried au passage de la troisième à la quatrième époque. Parsifal devait abandonner sa mère, l'ancienne sagesse pour devenir autonome. L'être humain est mené de l'ancienne sagesse au Je personnel. Parsifal a beaucoup de noms, mais il n'en connaît plus aucun. Il a traversé de nombreuses incarnations, lors desquelles il a sans cesse porté des noms différents, mais il n'en sait plus rien. L'être humain devenu une personne ne sait plus qu'il a déjà existé de nombreuses fois et qu'il a porté beaucoup d'autres noms.

L'état de santé d' Amfortas se complique avec l'évolution vécue par Parsifal . L'humanité à deux chemins devant elle: Celui d' Amfortas et celui de Parsifal . Les deux cheminements doivent s'unir si on veut recouvrer la santé de l'âme. Amfortas nous apparaît comme grevé de douleurs, profondément atteint et malade en son âme sous l'effet de la lance. Qu'est-ce que cette lance? "Qui de ma lance craint la pointe, ce feu jamais ne franchisse!" (6) Celui qui ne peut pas encore franchir ce mur de flammes continuellement en mouvement doit craindre la pointe de cette lance. C'est le cas d' Amfortas . Il succombe à l'élément de cupidité de Kundry qui réside dans le domaine du désir. Il doit craindre la pointe de la lance qui l'a blessé. Il est donc atteint au plan psychique autant qu'au plan corporel. La lance est représentée comme la lance de l'amour divin, la lance solaire de la divinité. La pointe de la lance agit au plan spirituel comme les rayons solaires qui transpercent les hommes. De son éclat lumineux, la divinité éclaire chez l'homme son imperfection personnelle. Ce n'est pourtant pas la divinité qui punit en quelque sorte l'humanité, mais l'être humain se juge lui-même et parvient à la connaissance de soi sous l'effet des forces lumineuses de la lance. C'est la situation dans laquelle se trouve Amfortas . Il doit reconnaître que lui, le gardien élu du Graal, ne peut pas supporter la divinité car il n'est pas suffisamment pur pour cela, parce qu'il ne peut pas traverser sans danger le mur des flammes vivantes, le mur des passions. La profonde blessure consiste dans le fait de devoir se dire: "Dans le château du Graal, je dois découvrir la relique sacrée à l'intention de ceux qui sont purs et moi, moi je suis indigne de faire cela." Klingsor a utilisé les forces créatrices de la lance à des fins personnelles, et c'est bien ce qui est épouvantable. L'égoïsme ne doit pas disposer de telles forces, car ce serait épouvantable pour les événements du monde. Pour ces événements, le combat n'est pas encore terminé et il continuera tant que tous les hommes ne se seront pas décidés pour le bien.

Parsifal doit effectivement causer une déception à Gurnemanz car il doit commencer à connaître la compassion et à s'engager dans le sentier octuple dès son arrivée au château. Parsifal aurait dû poser une question importante au roi malade: "Mon oncle, quel est ton mal?" (7) Il aurait dû ressentir de la compassion et en même temps - sinon cette question n'a aucun sens - posséder les forces secourables qui reposent dans la lance. Mais il ne les possède effectivement pas. Il doit d'abord les conquérir. "Oh! quel miraculeux et suprême bonheur! de l'arme qui put fermer ta blessure je vois découler un sang sacré aspirant à la source parente qui coule là-bas dans l'onde du Graal (8) " La lance porte en elle ces forces de guérison. Sous l'expression "oncle", se manifeste le fait que Parsifal , dans le Graal, se trouve au milieu de ceux qui lui sont spirituellement apparentés, c'est-à-dire ses frères en esprit. Mais il ne sait pas qu' Amfortas est son frère spirituel, un frère qui se trouve à un rang plus élevé et c'est la raison pour laquelle il s'adresse à lui en l'appelant son oncle. Il ne reconnaît donc pas son frère spirituel. Il ne sait pas plus que Titurel est son grand-père, Titurel le vieillard chenu qui a édifié la château du Graal et qui se trouve réellement dans les mondes spirituels, où l'on peut effectivement réellement le rencontrer lorsqu'on dirige l'activité de connaissance sur ces mondes par le regard clairvoyant; Toujours est-il qu'il est le grand ancêtre des frères du Graal, le grand maître.

Par son innocence, Parsifal peut entrer dans la forteresse du Graal, il peut vivre les Mystères et voir le roi malade et perclus par les souffrances. Le Saint Graal se découvre devant lui: "Du vaisseau sacré, le divin contenu s'empourpre d'un éclat lumineux" (9) . Il peut faire l'expérience des forces rajeunissantes qui lui sont aussi transmises. Aussi ignorant qu'il soit, il peut toutefois déjà éprouver les forces de rajeunissement en étant autorisé à voir cette coupe qui s'empourpre, et à recevoir ce qui rayonne de cette coupe rougeoyante. Il voit tout cela, mais il ne peut pas poser la question, car il ne possède pas la connaissance. Parsifal doit apprendre en faisant l'expérience du monde. Il doit apprendre à percer à jour ce que Siegfried ne pouvait pas encore faire. Il doit vaincre la sournoiserie de Klingsor et de Kundry ; Ahriman et Lucifer s'approchent à présent de lui en le tentant. En surmontant l'épreuve de la tentation, il doit conquérir de haute lutte ce qu'il ne possède pas encore, mais qu'il doit acquérir maintenant. Kundry se trouve sous le charme de Klingsor . Elle paraît comme si elle n'avait pas vraiment d'existence physique, presque diaphane, comme si seuls son Je et son corps astral apparaissaient, à l'état de rêve, endormie, comme ayant perdu toute conscience diurne. Elle est ensuite artificiellement éveillée du rêve dans lequel le charme de klingsor l'a plongée. On a alors l'impression: Tout cela - le second acte dans son ensemble - ne se déroule pas à ce moment-là sur le plan physique. Klingsor parvient à la réveiller, si bien qu'elle plonge dans les profondeurs avec un rire affreux pour aller séduire Parsifal . Ce rire, c'est la cause de son péché, de sa maladie. Elle s'était mise à rire autrefois, au passage du Sauveur portant sa croix. Ce rire, c'est le lieu où la frivolité habite l'âme. Cette âme frivole rit toujours de la dimension de pureté et d'innocence du spirituel. Parsifal ne succombe pas au charme des Filles-fleurs ; Et à l'instant où il pourrait devenir la proie de Kundry , qui se rapproche de lui de la manière la plus subtile, Parsifal triomphe, car à cet instant la compassion surgit en son âme. À présent, il ressent les douleurs atroces d' Amfortas . Il le comprend, il se sent uni à lui, dans l'âme du roi du Graal, dans cette âme chargée de souffrance et il l'appelle: " Amfortas ! - La blessure! - La blessure! - Elle brûle en mon coeur!" (10)

Kundry met Parsifal à l'épreuve en lui rappelant sa mère. Elle lui fait le reproche d'avoir provoqué sa mort, si bien qu'il s'écrie: "Ha! qu'ai-je pu oublier encore? De quoi me suis-je jamais souvenu? Seule une folie accablante vit en moi?" Kundry lui rétorque ces paroles tentatrices: "L'aveu effacera la faute dans le repentir. Le savoir en raison changera la folie!" (11) Kundry ne veut pas signifier la connaissance divine. Tout ce que la tentatrice exprime est altéré, dénaturé quant au sens, de manière sophiste, le blanc est inversé en noir. Elle ne triomphe pourtant pas; Car c'est précisément l'instant où la victoire est remportée, où Parsifal éprouve les souffrances de l'autre dans son propre corps, en cet instant où l'amour divin, miséricordieux naît en lui. Ressentir les souffrances des autres, dans notre propre corps, c'est à cela que nous sommes conduits en ce temps de guerre (la conférence a été donnée pendant la guerre 1914-18. N.D.T.), en nous livrant à méditer ces paroles:

"Aussi longtemps que tu ressens la souffrance qui m'évite, Christ n'est pas reconnu agissant dans l'essence du monde." (12)

Aussi longtemps que nous ne pouvons pas épouser les souffrances des autres, il n'est rien de vrai dans le Christianisme. Par Kundry , Parsifal devient donc "clairvoyant au monde" mais d'une manière qu'elle ne désirait certainement pas. Désormais, il a acquis une expérience du monde et il perce à jour l'âme de Kundry . Il a donc triomphé à présent de la tentation luciférienne, il a l'expérience du monde, il est devenu clairvoyant au monde et il reconnaît la blessure qui brûle dans le coeur d' Amfortas. Au cri de détresse de Kundry , Klingsor s'abandonne à l'illusion, la plus déraisonnable à laquelle il puisse se livrer: Il jette sa lance sur Parsifal . Celle-ci lui échappe et reste suspendue au-dessus de sa tête de Parsifal, qui s'en empare vivement et décrit le signe de croix avec ravissement. Par ce signe, Kundry et Klingsor sont vaincus; L'ensemble du jardin enchanté s'effondre en ruines. La croix que Siegfried ne pouvait pas encore prendre sur lui, Parsifal en a connaissance. Il sait que l'on doit porter sa croix, prendre sur soi cette croix de la catharsis de l'être humain entier, si on veut devenir digne de la lance et si on veut de nouveau prendre part à l'amour de Dieu qui se présente sous l'aspect de la lance solaire, de la lance d'amour, la sainte lance. La divinité dirige ses rayons d'amour solaire sur tout être; Mais cet amour, qui illumine l'âme humaine comme les rayons du soleil, agit sur la nature humaine et y provoque une blessure - quoique le soleil lui ne le fasse pas -, et cette blessure reçue, provoquée par la lance pour ainsi dire, est aussi guérie par cet amour. " Une seule arme est propice: La blessure ne peut être fermée que par la lance qui l'a faite." (13)

Il existe des Chrétiens bien-pensants, mais qui n'approfondissent pas la connaissance du Christ et parlent volontiers de l'amour du Rédempteur en affirmant que le Sauveur est toujours amour. On ne doit pas oublier pourtant qu'on ne pas approcher sans plus le Rédempteur, sans une préparation correspondante; C'est la raison pour laquelle il faut parler du chemin qui prépare celui qui mène vers Lui. Le Christ exige de nous - et doit l'exiger - l'effort de purification de notre être. Et lorsque nous l'approchons dans un état d'immaturité, Il agit sur nous dans sa grandeur comme en nous jugeant, bien qu'il ne juge pas. Il agit ainsi seulement par la majesté de son apparence que nous devons comparer à notre imperfection, dont nous ne soupçonnons pas du tout l'ampleur souvent. Les épreuves qu' Amfortas doit traverser en cette circonstance, ont été vécues en Palestine, elles ont été effectivement vécues par un homme qui, par ignorance, commença d'abord à persécuter le Sauveur et ses disciples: Paul. La lumière, dans laquelle la voix du Christ retentit pour lui, en lui apportant la connaissance de soi, a agi en lui comme une lance ouvrant une blessure. Il sut de ce fait qu'il suivait le spirituel. Il sut; Le Christ en nous, l'homme christifié doit s'unir au Christ en dehors de nous. Pour cela, nous avons beaucoup, beaucoup à faire à notre époque. Le Christ ne peut pas sans plus habiter une âme obscure.

Par sa seule apparition, il agit donc en nous, séparant le bien et le mal, quoique qu'il ne juge pas comme un juge nos pensées, nos sentiments et nos sensations les plus secrètes. Mais si nous pouvons lui pourvoir une âme pure, nous n'avons plus besoin de redouter la pénétration de la lumière du Soleil-Christ, la sainte lance. Le Christ agit pédagogiquement en nous, pour ainsi dire, en mettant en lumière le bien et le mal de notre âme avec sa lance divine, sa lance d'amour. Nous devons donc faire entrer en nous ce qui maintient l'ordre, la loi d'harmonie divine, la réaliser en nous, si nous voulons apprendre à supporter la lance. La lance est conquise sous le signe de croix. Parsifal est en situation de s'emparer de la lance par le fait qu'il a vaincu Kundry , la nature inférieure du désir. Il reconquiert par ce fait les forces aidant à la guérison, qui appartiennent à la magie blanche désintéressée et qui ne doivent pas tomber aux mains du magicien noir égoïste. Mais Kundry lui adresse la malédiction: “Égarement! Égarement! si bien connu de moi - je te le voue, sois son guide!” (14) Cette malédiction agit de telle manière que Parsifal doit encore traverser de nombreuses épreuves. Mais ensuite il apparaît revêtu de sa cuirasse. Nous avons là l'armure, la cuirasse possédée par Lohengrin , l'armure de l'esprit qui consiste à s'armer vis-à-vis de l'univers et du monde, à les percer à jour et à pouvoir résister aux passions inférieures. La cuirasse de ces forces de connaissance et de cette clairvoyance universelle triomphe de l'erreur à laquelle l'âme est extérieurement et intérieurement exposée et peut acquérir une nouvelle sagesse christifiée.

L'être humain ne sait pas, ni la première fois, ni la seconde, quand il est digne de pénétrer dans le château du Graal. Kundry peut s'éveiller du long sommeil hivernal de son errance. Elle peut vivre la conversion de son âme qui s'éveille des ténèbres et des erreurs. "Servir, servir." (15)

Parsifal a atteint la source sacrée qui représente la sagesse, la sagesse divine qui le purifie de l'erreur dans les faits. Le lavement des pieds commence, le lavement des pieds qui signifie toujours la volonté de servir. Après s'être purifié de la poussière de sa longue errance, il s'aperçoit qu'il entre dans une nouveau rapport avec le monde qui l'entoure, avec le monde végétal, la nature végétale, l'âme humaine. L'oiseau du bois pouvait aussi parler à Siegfried , parce que celui-ci disposait de cette relation, entre la nature et son être, après avoir tué le dragon Fafner . (16) Lorsque nous avons acquis ces relations avec la nature, alors nous entendons ce que la nature nous dit et nous devenons alors clairaudiant. Nous trouvons la forteresse du Graal en notre for intérieur, mais seulement si nous avons édifié nous-mêmes le temple, si nous avons érigé ses colonnes en notre âme de nos propres mains. Dans le Crépuscule des dieux , on raconte que le Walhalla est réduit en cendre par le feu lunaire Loki. Cela veut dire que le feu de Lucifer provoque la déchéance du corps physique. L'égoïsme des passions apporte à l'être humain la décadence du corps physique menant à la mort. Celui-ci doit donc désormais édifier un nouveau temple à partir de ses propres forces, en utilisant les forces déposées en lui depuis le Mystère du Golgotha, en reconnaissant ainsi au sens juste la mission de son Je. C'est alors que surgit le nouveau temple christifié (La Jérusalem céleste de la Révélation de Jean , N.D.T.). Parsifal doit d'abord expier la faute d' Amfortas , lui apporter la purification avec la divinité; L'âme guérit ainsi dans la catharsis. La divinité veut avoir toute notre âme, l'ensemble de notre Je qui doit porter en lui les forces élaborées qui ont été acquises au plan physique. Ce Je, qui se tient là debout avec tous ses talents, qui a traversé la catharsis, est appelé à devenir le porteur du Je supérieur. Car nous devons mourir sans aucun doute; Mais nous mourons pour devenir. Nous mourons dans le Christ, dans cette retraite de sagesse sacrée du Rhin, qui était originellement auprès de la divinité, qui fut donnée à l'humanité dans le Mystère du Golgotha et qui resurgit en nous, comme Richard Wagner l'exprime, sous la forme du Graal sacré, dans les forces de rajeunissements de la Rose-Croix. (Selon les indications données par Rudolf Steiner sur cette confrérie dans ses nombreuses conférences et qui n'ont rien à voir avec les sectes actuelles portant éventuellement ce nom. N.D.T.) L'être humain est le temple que la divinité veut habiter.

Jésus de Nazareth était un temple de ce genre. Au sein des enveloppes spirituelles de Jésus de Nazareth, agissaient les forces du Je du Jésus-Zarathoustra, que celui-ci avait acquises au travers de ses nombreuses incarnations terrestres. C'est la raison pour laquelle un Je personnel doit s'apprêter à devenir le porteur de la divinité après avoir travaillé avec soin au sein de son âme; Car de bas en haut, depuis la terre, un Je mûri de cette manière doit aller à la rencontre de la divinité qui descend. Le Je du Jésus de Nazareth s'est retiré, lorsque le Christ est entré en lui. Le Je personnel doit mourir à la personne, c'est-à-dire que nous devons remettre ce qui vit de personnel et d'éphémère en nous. L'homme doit réacquérir l'enfance de l'âme, pour pouvoir devenir le porteur d'un Je; Ce qui implique qu'il abandonne ce qui n'est pas de l'enfance, l'égoïsme. La parole

de Paul: "Non pas Je, mais le Christ en moi." acquiert alors toute sa vérité.

L'humain véritable, l'humanité vraie et sacrée, ne se tenait-elle pas devant l'humanité par la teneur de ces paroles désignant le Christ en croix? "Ecce homo!" Voici l'homme!

Une parole magnifique de Nietzsche, se rapportant à la grande mission culturelle de Richard Wagner, est la suivante: "Et maintenant demandez-vous donc sincèrement, vous les descendants vivant actuellement, est-ce que cela fut écrit pour vous? Avez-vous le courage de montrer de vos mains ces étoiles sur l'ensemble de la voûte terrestre pleine de beauté et de bonté en déclarant: C'est notre vie, que Wagner a transposée sous les étoiles?" (17)

"Rédemption au Rédempteur!" (18)

Rudolf Steiner

Der Europäer 6/7- 1999

Notes:

(1) Richard Wagner, Siegfried , Acte 2/scène 1. Le Voyageur [ Wotan ]: “ Qui m'agrée libre accomplit son oeuvre. Vainqueur ou vaincu, son roi, c'est lui. Tels héros seuls me secondent. ” (Traduction d'Antoine Livio, de même que les autres citations en français: L'oeuvre lyrique de Richard Wagner , Le Chemin vert, Paris 1983)

(2) Accord en FA majeur, d'une manière erronée dans les notes (sans doute une méprise). Voir aussi Friedrich Oberkogler, Richard Wagner - Vom Ring zum Gral (Richard Wagner - De l'Anneau au Graal) , Stuttgart, 1985, P. 54.

(3) R. Wagner, Siegfried , Acte1/scène 2. Le Voyageur: “ Plus d'un pense tout bien savoir qui du danger seul n'est pas instruit. Tout l'utile, s'il s'en informe, c'est par moi qu'il l'apprend. ”

(4) R. Wagner, Parsifal , Acte 1. Gurnemanz : “ Par compassion sachant le candide Fol, attends-le, celui que j'ai élu. ” Les quatre écuyers: “ Par compassion sachant le candide Fol... ”

(5) R. Wagner, Parsifal , Acte 1. Gurnemanz : “ Dis, maintenant, tu ne sais rien de ce que je te demande: Conte, alors, ce que tu sais: car enfin tu dois savoir quelque chose. ”

(6) R. Wagner, La Walkyrie, fin du 3ème acte.

(7) Wolfram von Eschenbach, Parsifal , 16ème livre, 725/29.

(8) R. Wagner, Parsifal, Acte 3. Parsifal : “ Oh! quel miraculeux et suprême bonheur! de l'arme qui put fermer ta blessure je vois découler un sang sacré aspirant à la source parente qui coule là-bas dans l'onde du Graal! ”

(9) R. Wagner, Parsifal , Acte 1. Amfortas: “ Du vaisseau sacré, le divin contenu s'embrase avec un éclat lumineux; enivré par la douleur de la lus céleste jouissance, je sens se répandre dans mon coeur la source du sang divin. ” Et Acte 2: Parsifal: “ Le regard se fixe morne sur le vase d'élection... Le sang divin s'embrase; ”

(10) R. Wagner, Parsifal , Acte 2.

(11) R. Wagner, Parsifal , Acte 2. Parsifal: “ Ma mère! Ma mère! J'ai pu l'oublier! Ha! qu'ai-je pu oublier encore? De quoi me suis-je jamais souvenu? Seule une lourde folie vit en moi! ” Kundry: “ L'aveu effacera la faute dans le repentir. Le savoir en raison changera la folie. ”

(12) R. Steiner, Menschenschicksale und Völkerschicksale (Destinées humaines et destinées des peuples) , GA 157, conférence du 1.9.1914: “ So lang du den Schmerz erfühlest / Der mich meidet / Ist Christus unerkannt / Im Weltenwesen wirkend / Denn Schwach nur bleibet der Geist / Wenn er allein im eignen Leibe / Des Leidesfühlens mächtig ist. ”

(13) R. Wagner, Parsifal , Acte 3.

(14) R. Wagner, Parsifal , Acte 2.

(15) R. Wagner, Parsifal , Acte 3.

(16) R. Wagner, Siegfried , Acte 2/scène 2.

(17) Friedrich Nietzsche, Considérations inactuelles , quatrième partie, "Richard Wagner à Bayreuth".

(18) R. Wagner, Parsifal , fin de l'acte 3.


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