Le mythe de l'Atlantide
Les théosophes et les anthroposophes, entre autres, croient encore dur comme fer à l'existence de l'Atlantide. Chez les anthroposophes, cette croyance découle de leur confiance quasiment aveugle aux doctrines de Rudolf Steiner, fondateur de l'anthroposophie. Steiner en prodiguant son enseignement a constamment discrédité et ridiculisé les résultats de la recherche scientifique, si bien que ses disciples et admirateurs en ont souvent encore une conception très biaisée. Cette foi aveugle en Steiner, et ce mépris obsessionnel pour la science, les amènent à considérer avec sérieux et à admettre des contrevérités, des inepties, et même parfois d'énormes bobards. Ils font tellement confiance en la soi-disant science spirituelle (c'est-à-dire la clairvoyance de Rudolf Steiner et ses prétendues investigations spirituelles) qu'ils ne prennent même plus la peine d'examiner les apports de la science sur le sujet, ou ne serait-ce que l'exactitude des faits. Et quand ils le font c'est à travers le filtre déformant de conceptions anthroposophiques dogmatiques.
En ce qui concerne, l'Atlantide, Steiner a repris une grosse partie de ce que les théosophes disciples de H.P. Blavatsky (HPB), et d'autres en avaient déjà enseigné. Certes, il a reformulé et étendu le sujet pour qu'il s'accorde avec sa façon particulière d'envisager la question. Même, si à son époque la croyance en l'Atlantide n'était pas partagée par tous, il n'en demeure pas moins que nombre de personnes friandes de mystères et de rêves voulaient y croire, faisant confiance à Platon, mais sans aucune raison sérieuse par ailleurs. Le cas de la Lémurie est un peu différent, car au départ c'était une hypothèse scientifique, laquelle n'avait pas encore été invalidée à l'époque de Steiner.
L'origine du mythe de l'Atlantide se trouve essentiellement dans deux dialogues de Platon : le Timée et le Critias.
Ce sont principalement les occultistes qui ont tenté de donner du crédit à cette fable, et tout spécialement HPB et son entourage. HPB a recomposé à sa manière cette utopie de Platon, comme bien d'autres mythes d'ailleurs, pour l'intégrer dans la cosmogonie qu'elle expose toutefois fort confusément dans son œuvre majeure :La Doctrine secrète. D'autres théosophes, comme A.P. Sinnett (1840-1921), C.W. Leadbeater (1854-1934), Scott Eliot (1849-1919), ont amplifié le mythe avec beaucoup d'imagination en y intégrant des éléments supplémentaires et fantaisistes que Platon n'avait même pas mentionnés. Leadbeater a même été jusqu'à dessiner des cartes de l'Atlantide à ses diverses époques. À noter que d'autres auteurs, comme le rosicrucien américain, d'origine danoise, Max Heindel (1865-1919), le soi-disant prophète endormi américain, Edgar Cayce (1877-1945), ont aussi contribué à propager le mythe. (On pourrait citer beaucoup d'autres auteurs, notamment dans le mouvement du soi-disant Nouvel Âge).
Vers 1901, quand Steiner s'est converti à la théosophie et qu'il élaborait peu à peu sa propre doctrine, il a repris des pans entiers de la cosmogonie blavatskienne, y compris les affabulations sur l'Atlantide. Cet cosmogonie théosophique, il l'a simplifiée, rationnalisée, retravaillée et accomodée à sa culture germanique en y intégrant le mythe chrétien dont il fit une sorte de pilier central. Il l'a aussi marquée de son mode de penser prétendument gœthéen, lui donnant aussi une apparence aux allures scientifiques.
Pour les théosophes-anthroposophes, l'Atlantide aurait été un vaste continent occupant une bonne partie de l'océan Atlantique. Il se serait effondré suite à des catastrophes successives à différentes époques parfois fort éloignées l'une de l'autre. Mais les dates proposées sont variables selon les auteurs. Edgar Cayce mentionnait une catastrophe en -50.000, une autre en -25.000 et la dernière fatale en -10.000. Steiner est beaucoup plus flou sur les dates, et se contredit même souvent. Pour certains théosophes, l'Atlantide existait déjà il y a près d'un million d'années. Les auteurs sont cependant d'accord pour admettre que l'ultime engloutissement aurait eu lieu très approximativement vers -10.000.
Le mode d'engloutissement varie aussi : soit effondrement, avec tempêtes et cataclysmes, soit montée des eaux par condensation de la vapeur d'eau qui aurait été contenue dans l'atmosphère en quantité considérable selon Steiner. Il faut noter que pour Steiner les continents nagent dans la mer, et que la mer existe aussi sous les continents, et que les continents s'élèvent ou s'abaissent de par les forces exercées par les constellations selon certains rythmes cosmiques. Dans ses débuts, Steiner ne donnait pas cette explication, mais il enseignait que c'était les épais brouillards qui en se condensant avaient produit la submersion des territoires atlantéens.
Par la suite, ce mythe a donné naissance à une abondante littérature romanesque. Par exemple l'Atlantide de Pierre Benoît qui la situait dans le Hoggar (Sahara), ou Jules Verne qui la décrit au fond de l'océan Atlantique dans « Vingt mille lieues sous les mers », ou encore Conan Doyle, dans « Le Monde perdu sous la mer ». Même la BD l'a utilisée comme Edgar P. Jacob qui y décrit une aventure de Blake et Mortimer. Il serait vain d'établir une liste exhaustive de toutes les œuvres qui font références à l'Atlantide, mais cela montre que même de nos jours c'est encore un sujet qui fait rêver comme on peut le constater par la récupération affabulatrice du mythe par la littérature du Nouvel Âge.
Les recherches modernes sur les mythes ont montré que Platon avait mis en scène l'Atlantide pour illustrer son propos et lui donner du poids. C'était en fait une fable politique et pédagogique, un moyen didactique habile d'exposer ses idées à ses contemporains. (Voir tout spécialement Pierre Vidal-Naquet, Christopher Gill, et Heinz-Günther Nesselrath). À son époque, par exemple, ni son proche et grand disciple Aristote, ni Eratosthène n'y croyaient. Aristote a écrit « Lui qui la fit (l'Atlantide), la détruisit ». Ptolémée, et Strabon s'en sont moqués ouvertement.(voir Vidal-Naquet, « L'Atlantide et les Nations » dans La Démocratie grecque vue d'ailleurs, Champs-Flammarion, Paris, 1990, p. 142.)
L'étude des fonds marins contredit totalement l'existence éventuelle d'un continent dans l'Atlantique. (Carottage des fonds marins, étude par le paléomagnétisme, géologie et volcanisme des fonds marins, etc.) Au lieu de traces de l'Atlantide, on a découvert la dorsale médio-atlantique, une chaîne de montagne sous-marine, un élément prouvant la tectonique des plaques, autrefois appelée la dérive des continents. Cela fait que l'océan Atlantique s'agrandit au niveau de la dorsale de plus ou moins 2,5 cm par an. On sait actuellement que les plaques n'ont pas toujours la taille de continents, c'est-à-dire qu'il y existe des plaques plus réduites. Cette théorie a été proposée initialement par l'astronome et climatologue allemand Alfred Wegener en 1912, quoique la première édition de son livre ait été publiée en 1915. Cette théorie s'est heurtée à beaucoup de scepticisme durant de nombreuses années, car aucune explication des mécanismes en jeu n'était connue. Il fallu attendre les années cinquantes, pour que les preuves commencent à s'accumuler, notamment grâce à l'étude des fonds marins, et au développement du paléomagnétisme. Actuellement, avec l'avènement des techniques GPS, il est possible d'en mesurer les paramètres notamment au niveau des rifts. Il est donc ainsi certain qu'un vaste continent situé dans l'Atlantique n'est qu'un mythe et rien qu'un mythe. On peut également faire les mêmes constations en ce qui concerne la Lémurie.
Deux hypothèses parmi de nombreuses autres
Platon a-t-il purement imaginé l'Atlantide ou s'est-il inspiré d'un événement ayant réellement eu lieu avant son époque ? Il est fort possible qu'il y ait une origine historique, bien qu'à une autre échelle, à la base du mythe platonicien. De nombreuses hypothèses ont été faites à ce sujet, mais aucune ne fait l'unanimité. Les prétendues localisations de l'Atlantide sont innombrables, mais elles se sont toujours révélées sans fondement solide. En Scandinavie, au Spitzberg, dans l'Antarctique, en Espagne, en Islande, etc. Examinons les deux plus vraisemblables.
La civilisation crétoise
Le Santorin, l'ancienne île crétoise a été partiellement détruite en -1600 ans av. J.-C. La nouvelle île est née des suites de l'éruption. L'effondrement partiel de l'ancienne île, plus vaste, aurait pu inspirer Platon.
Le commandant Cousteau, s'appuyant sur des travaux d'archéologues, a identifié l'Atlantide avec la civilisation crétoise. Cette île s'appelait jadis Thera et était surnommée « la Ronde » en raison de sa forme. Actuellement, elle a la forme d'un croissant. L'intérêt dans les années 1960 pour la civilisation minoenne, située en Crète, pourrait donner une caution scientifique à cette hypothèse. Mais l'éruption de l'île du volcan Santorin qui l'aurait détruite ne remonte qu'aux alentours de 1500 ans av. J.-C., donc près de mille ans avant Platon. Toutefois, l'île du Santorin et la Crète ne sont pas situées dans l'Atlantique, et ne formaient bien sûr pas un continent. Ce qui contredit Platon. Néanmoins, Platon aurait pu s'inspirer indirectement de ce cataclysme pour développer sa fable. Cela contredit aussi évidemment, les ésotéristes de toutes tendances qui situent mordicus l'Atlandide dans l'océan Atlantique, laquelle d'ailleurs aurait eu la taille d'un vaste continent.
Les îles du Cap Spartel
Les îles du Cap Spartel, actuellement le banc Spartel, est une ancienne île immergée du détroit de Gibraltar, située à environ 15 km du cap Spartel, sur la côte marocaine. Son point le plus élevé se situe à 56 m sous le niveau de l'océan Atlantique. L'île aurait disparu, il y a environ 12.000 ans suite à l'élévation du niveau des océans du fait de la fonte des glaciers à la fin de la glaciation Würm (la dernière période glaciaire). Certains auteurs récents l'ont proposée comme le site de la légendaire Atlantide, mais bien sûr cela reste une hypothèse. Elle pourrait naturellement correspondre à la situation donnée par Platon au-delà des Colonnes d'Hercules. Toutefois, si Platon s'est inspiré de faits réels, à savoir qu'à son époque, les fonds vaseux de l'endroit auraient rendu la navigation difficile, il a inventé le reste comme illustration pédagogique de son propos. En outre, une ou plusieurs îles de taille modeste ne constituent nullement un continent. L'île principale aurait mesuré 14 km de long sur 5 km de large.
Ainsi, si l'Atlantide a existé d'une quelconque façon, inspirant le récit de Platon, elle n'a jamais été un immense continent occupant tout l'océan Atlantique. Il s'ensuit donc que tous les prétendus clairvoyants (y compris Rudolf Steiner) se sont lourdement fourvoyés, prouvant ainsi l'inanité et l'inefficacité de leur clairvoyance.
Dans le cas de Steiner ce n'est qu'un élément de plus prouvant que l'anthroposophie, et tout particulièrement sa cosmogonie, n'est rien d'autres que le système de croyances élaboré par Steiner sur base de fables, mythes, et légendes, et même de fictions littéraires. Steiner était spécialement réactionnaire et rejetait presque systématiquement toute connaissance scientifique qu'il ne parvenait pas intégrer dans son corpus doctrinal en grande partie imaginaire. Par son éloquence et sa force de persuasion, Steiner parvint cependant à convaincre, je dirais même à quasi hypnotiser, nombre de ceux qui n'étaient pas satisfaits de la conception du monde que leur présentait la science, mais qui ne pouvaient plus non plus accepter des croyances religieuses d'un autre âge. Quant à l'Atlantide, à l'époque de Steiner, son inexistence n'avait pas encore été prouvée et donc les maîtres es illusions comme Steiner n'avaient rien à craindre de ce côté.
Conséquences pour l'anthroposophie de l'inexistence passée de l'Atlantide
Étant donné que l'Atlantide est une période essentielle de la cosmogonie steinérienne, son inexistence passée met à mal des pans entiers des enseignements anthroposophiques concernant l'évolution. D'abord, il y a bien entendu toutes les descriptions de cette période qui deviennent caduques, citons sans prétendre être exhaustif :
- La localisation de l'Atlantide - les 7 races humaines qui s'y seraient développées successivement et toutes les descriptions qui s'y rapportent - la colonisation de l'Atlantide par les descendants des Lémuriens - les multiples migrations qui sont parties de l'Atlantide à diverses époques pour coloniser les autres continents. - l'engloutissement de ce continent dans la mer. - l'intervention de Ahriman au cours l'époque atlantéenne, laquelle aurait été par celle de Lucifer en Lémurie, laquelle n'a d'ailleurs pas existé. - les prétendus pouvoirs psychiques sur la nature végétale et leurs engins volants utilisant l'énergie de la croissance des plantes - leur clairvoyance - la taille gigantesque de certains d'entre eux. - Le retour des âmes qui avaient migrés vers les autres planètes du système solaire avant la sortie de la Lune vers le milieu de la Lémurie. - Les interventions du Christ en Lémurie et en Atlantide. etc.
Et en second lieu, les conséquences de cette période sur notre période actuelle :
- Les 7 rishis initiés censés être les porteurs de la sagesse des 7 races de l'Atlantide et qui auraient fondé l'époque proto-hindoue. - les peuples descendants de l'Atlantide dont Steiner décrit les migrations. - Les peuples décadents vestiges des peuples dégénérés de l'Atlantide, comme les Mongols, les Chinois, par exemple. - La mise en rapport de phénomènes s'étant passé en Atlantide et notre époque actuelle. Ce n'est qu'un petit aperçu, il suffit d'y penser en lisant les conférences de Steiner pour en découvrir toutes les implications. Je n'insiste pas sur les datations plus que fantaisistes qui varient selon les auteurs, et pour lesquelles Steiner n'est absolument pas convaincant non plus, sans insister non plus sur ses nombreux revirements et même ses contradictions continuelles. Mais il est vrai, comme le disait Anatole France : « Celui qui se contredit a plus de chances qu'un autre d'exprimer quelquefois du vrai »
Toutes les références à cette période atlantéenne sont dès lors à rejeter et cela confirme bien encore une fois que les doctrines de Steiner sont bâties sur les sables mouvants de sa prétendue clairvoyance, qui décidément n'est absolument pas fiable.
Extraits des déclarations de Steiner sur l'Atlantide
- « Or lorsque les hommes se spiritualiseront toujours plus, le mercure deviendra solide. Comme l'eau le fait à présent, l'or et l'argent formaient autrefois des gouttes. Le fait que le mercure soit encore liquide est lié à tous le processus d'évolution de la Terre. Il deviendra solide lorsque Mercure, le messager des dieux, aura accompli sa mission. À l'époque , au milieu de la race-mère atlantéenne, on a pris le mercure sous forme éthérique sur Mercure. Si nous n'avions pas le mercure, nous n'aurions pas le principe Christ. Il faut voir dans le mercure ce qui fut incorporé à la Terre au milieu de l'ère atlantéenne. »
[Éléments d'ésotérisme - GA 93a - 28 octobre 1905, Triades, p. 247]
a) Remarquons que Steiner pense à tort que le métal mercure provient de la planète Mercure. En réalité, le mercure n'est nullement l'apanage de Mercure, car il est présent partout dans l'univers et il existait certainement déjà au sein de la Terre quand elle s'est formée par accrétion, il y a environ 4 milliards d'années. On peut affirmer qu'il n'y est pas descendu par la suite et certainement pas durant la mythique époque atlantéenne, dont la date la plus éloignée de son apparition proposée par les prétendus clairvoyants est de l'ordre du million d'années. Le lien entre la planète Mercure et le mercure (encore appelé vif-argent) est issu de la tradition astrologique qui est essentiellement basée sur des analogies et donc pas besoin de clairvoyance dans ce cas. Le mercure ne provient pas davantage de Mercure, que le fer de Mars, l'argent de la Lune ou l'or du Soleil, etc.
b) Remarquons ensuite que le mercure peut évidemment être solidifié, mais pour cela il faut le refroidir à 39 degrés sous zéro.
- « L'investigateur spirituel étend sa rétrospective jusqu'au tournant des âges et sait que l'Atlantide, dont même Platon parle encore, existait. Toute l'étendue de l'océan Atlantique actuel constituait l'essentiel de l'ancienne Atlantide, habitée par les ancêtres physiques de l'humanité actuelle. »
[Connaissance du Christ, GA 100, Kassel, 25 juin 1907]
- « C'est alors que se produisit la grande catastrophe qui balaya le continent atlantéen. Des tempêtes formidables dans l'air et sur l'eau, de profonds bouleversements sur Terre transformèrent peu à peu la Terre toute entière. L'Europe, l'Asie et l'Afrique, qui n'étaient encore terre ferme que dans une petite proportion, émergèrent de l'eau, ainsi que l'Amérique. L'Atlantide disparut. Les hommes émigrèrent vers l'Ouest et vers l'Est, et formèrent les plus diverses colonies. »
[L'évangile de Jean dans ses rapports avec les autres évangiles... GA 112, Kassel, 29 juin 1909]
- « Nous commencerons par une description des événements qui se déroulèrent lorsqu'existait encore le continent appelé Atlantide, situé entre l'Amérique et l'Europe. En effet, cette partie de la surface du globe était jadis de la terre ferme ; son sol forme aujourd'hui le fond de l'océan Atlantique. Platon évoque encore les derniers vestiges de ce territoire, l'île Poséidonis qui se trouvait entre l'ouest de l'Europe et de l'Afrique. Le petit livre de Scott-Elliot « L'Atlantide d'après les sources occultes » relate que le fond marin de l'océan Atlantique était autrefois un continent et qu'il fut pendant environ un million d'années le théâtre d'une civilisation très différente de la nôtre. Ce livre raconte aussi que, dix-mille ans av. J.-C. environ, les derniers vestiges de ce continent disparurent. Les communications que nous allons faire sur cette très ancienne civilisation compléteront le contenu de l'ouvrage mentionné. »
[Chronique de l'Akasha, GA 11, préface, EAR]
- « Vient ensuite l'époque atlantéenne ; la plus grande partie de l'humanité habite à ce temps un continent un continent qui forme aujourd'hui le fond de l'Océan Atlantique, ayant été englouti par le grand déluge dont le souvenir s'est conservé chez presque tous les peuples. (p.23)[...]
Retournons en esprit vers le moment de l'évolution où l'humanité vivait encore sur le continent atlantéen, situé entre l'Europe et l'Amérique.(p.46)[...]
Nous savons que l'ancien continent atlantéen fut détruit par des cataclysmes dont nous parlent tous les documents religieux où l'on trouve le récit du déluge. Ce continent occupe aujourd'hui le fond de l'Océan Atlantique. Ceux qui l'habitèrent furent nos ancêtres. Dans les derniers temps atlantéens, ils n'étaient donc plus très différents de ce qu'est l'homme actuel.(p. 53)
»
[L'évangile selon Jean, GA 103, 20 mai 1908, éd. électronique]
- « Par mon livre « Chronique de l'Akasha », vous savez qu'à l'ère atlantéenne l'homme disposait encore d'un pouvoir sur la force des semences se trouvant dans la nature végétale et animale, force qu'il pouvait en extraire, et dont il pouvait se servir, de même que l'homme actuel extrait la force du charbon et l'utilise sous forme de vapeur pour le fonctionnement de ses machines. Et je vous ai dit que ces forces extraites des semences ont une relation mystérieuse avec celles du vent, des intempéries, etc. Si les hommes les utilisent à des fins contraire aux intentions divines, ces forces de la nature se retournent contre eux.
C'est ce qui provoqua la submersion de l'Atlantide et le déchaînement des puissances naturelles, entraînant l'effondrement de tout le continent atlantéen. »
[Le Moi, son évolution, son environnement - GA 107 - Berlin, le 1 janvier 1909]
- « L'Atlantéen ne s'élevait pas vers son Dieu par des concepts et des représentations raisonnées. Il ressentait. Il ressentait quelque chose de sacré dans la nature entière comme un accord fondamental de la divinité. Il inspirait et expirait pour ainsi dire son Dieu. Quand l'Atlantéen voulait exprimer ce qu'il entendait ainsi, il le résumait en un son ressemblant au chinois Tao. C'était, pour l'Atlantéen, le son qui résonnait dans toute la nature.[...]
En outre les Atlantéens étaient doués de clairvoyance qui les mettait en rapport avec les esprits. »
[Cf. Stuttgart, le 1/9/1906, Introduction à la science de l'occulte, GA 95, EAR]
- « C'est l'invasion des Huns et des Mongols venus d'Asie et allant vers l'Ouest. Ces Mongols étaient des retardataires des Atlantes. Tandis que les Indiens, les Germains, etc., leurs frères, les Mongols n'avaient pas progressé.[...]
Ces peuples, les Mongols, étaient des Atlantéens retardés qui régressaient physiquement. »
[Cf. Stuttgart, le 28/8/1906, Introduction à la science de l'occulte, GA 95, EAR]
- « La Terre se modifia à nouveau, se condensa encore. D'autres continents étaient apparus. Le plus important d'entre eux était l'Atlantide située entre l'Europe, l'Afrique et l'Amérique actuelles. C'est en grande partie sur ce continent que se répandirent les descendants de la race lémurienne. Au cours de millions d'années cette race s'était fortement transformée et avait pris une forme proche de la forme humaine actuelle, mais tout de même encore différente. La forme de la tête était tout autre, le front était beaucoup plus bas, et la mâchoire, organe de la nutrition, plus puissante. Le corps éthérique de l'Atlantéen dépassait de beaucoup sa tête. Un point important dans le corps éthérique de la tête correspondait à un point physique. Le développement consista en ce que les deux points se rapprochèrent et que le point du corps éthérique pénétra dans celui du corps physique. Dès que ces deux points se fondirent l'être humain commença à pouvoir se dire je. Le lobe frontal du cerveau put alors devenir un instrument pour l'esprit ; il en résulta la conscience de soi. Cela se présenta d'abord chez l'Atlantéen vivant dans la région de l'Irlande actuelle.
Les Atlantéens se sont développés peu à peu en sept sous-races : Rmohahals, Tlavatlis, Toltèques, proto-Touraniens, proto-Sémites, proto-Accadiens, proto-Mongols. C'est chez les proto-Sémites que les deux points se réunirent et que se développa la claire conscience de soi. Les deux sous-races suivantes, les Accadiens et les Mongols dépassèrent en vérité le but de l'humanité atlantéenne.
Avant l'union de ces deux points, les forces de l'âme des Atlantéens étaient foncièrement différentes d'aujourd'hui. Les Atlantéens avaient un corps beaucoup plus agile, et surtout, tout au début, une énorme volonté. Ils pouvaient, par exemple, remplacer un membre perdu, accélérer la croissance des plantes. Ils exercèrent ainsi une puissante influence sur la nature. Leurs organes des sens étaient très fortement développés, ils distinguaient les métaux au toucher, comme nous distinguons les odeurs. Ils avaient le don de clairvoyance à un dégré élevé. Ils ne dormaient pas la nuit comme l'homme actuel, qui a tout au plus des rêves confus, mais ils dormaient comme le clairvoyant actuel, cependant avec une conscience plus assourdie. Pendant le sommeil, ils étaient en rapport avec les dieux ; ce qu'ils ont vécu là s'est perpétué dans les mythe et les légendes. Ils contraignaient les forces naturelles à leur service, leurs demeures étaient de forme presque naturelle et taillées dans le rocher. Les Atlantéens construisirent des sortes d'aéronefs qu'ils ne propulsaient pas par des énergies minérales comme le charbon actuel, mais par l'énergie de la croissance végétale.
Tant que les deux points dont nous avons parlé ne coïncidaient pas, les Atlantéens n'avaient pas l'intellect logique ; ils ne pouvaient pas calculer, mais en contrepartie ils avaient une autre force de l'âme particulièrement développée : la mémoire. La logique et la conscience de soi n'apparurent qu'avec la cinquième sous-race, les proto-Sémites.
L'Atlantide disparut dans une grande catastrophe diluvienne énorme, tout le continent fut peu à peu submergé. Les peuples émigrèrent en masse vers l'est, un courant principal se dirigea à partir de l'Irlande à travers l'Europe et l'Asie, mais laissa partout derrière lui des populations importantes... »
[Cf. Stuttgart, le 31/8/1906, Introduction à la science de l'occulte, GA 95, EAR]
- « On peut, d'accord avec l'occultisme, appeler « Atlantide » ce continent qui était situé entre les limites actuelles de l'Europe, de l'Afrique et de l'Amérique. (La littérature théosophique a divisé cette évolution terrestre en périodes : elle nomme lémurienne la période qui précède la civilisation atlantéenne. L'époque où les forces lunaires n'avaient pas produit leur plein effet est appelée période hyperboréenne, et cette dernière est elle-même précédée d'un cycle évolutif qui coïncide avec les débuts de l'âge terrestre. Dans les traditions bibliques on désigne sous le nom de période paradisiaque le temps qui précède l'intrusion luciférienne, et l'on appelle « expulsion du paradis » la descente de l'être humain sur le sol terrestre, et son enfoncement dans le monde sensible.)[...]
L'évolution sur l'Atlantide fut le temps où se fit le plus sentir la division de l'humanité en Saturniens, Solaires, Jupitériens et Martiens. Auparavant cette classification n'était qu'embryonnaire. L'alternance de la veille et du sommeil eut pour l'être humain des suites toutes particulières, surtout dans la période atlantéenne. Pendant la nuit, l'astral et le Moi s'évadaient dans le monde spirituel et montaient jusqu'aux Esprits de la Personnalité. Par la partie du corps éthérique qui ne coïncidait pas avec le corps physique, l'homme percevait les Fils de la Vie ou Anges et les Esprits du Feu ou Archanges. Car il pouvait pendant la nuit demeurer uni à cette portion de l'éthérique qui ne dépendait pas du physique. La connaissance des Esprits de la Personnalité était trouble à cause de l'action luciférienne.[...]
Vers le milieu de la race atlantéenne, une véritable plaie se répandit graduellement dans l'humanité. Les secrets des initiés durent être soigneusement cachés aux hommes qui n'avaient pas purifié leur corps astral par une préparation appropriée. S'il leur eût été loisible de regarder dans le domaine de la science occulte et de pénétrer les lois par lesquelles les êtres supérieurs dirigent les forces naturelles, ils auraient fait servir ces connaissances à la satisfaction de leurs instincts dépravés. Le danger était d'autant plus grand que, comme nous l'avons dit, les hommes étaient tombés sous l'empire de basses entités, incapables de suivre l'évolution humaine et hostiles à cette évolution. Ces entités ne cessaient de harceler les hommes pour leur inspirer des désirs contraires au bien de l'humanité. Or les hommes possédaient encore la capacité d'utiliser les forces de la croissance et de la génération chez les animaux et chez l'homme. Les tentations dressées par les entités inférieures séduisirent non seulement des hommes ordinaires, mais même des initiés. Ils en vinrent à faire servir les forces supra-sensibles dont nous parlons à des buts contraires à l'évolution humaine. Ils s'adjoignirent dans ces opérations magiques des affiliés qui n'étaient pas initiés et qui, eux, employèrent les forces à des usages tout à fait bas. La conséquence de ces agissements fut la ruine de l'humanité, et le mal s'étendit sans cesse. Comme les forces de la croissance et de la reproduction, quand on les extrait du sol nourricier pour les employer isolément, sont occultement liées à certaines énergies de l'air ou de l'eau, ainsi les actions humaines déchaînèrent des puissances naturelles redoutables. Des cataclysmes aériens et océaniques s'ensuivirent, qui détruisirent progressivement le continent de l'Atlantide. L'humanité atlantéenne, ou du moins les débris épargnés par la catastrophe, durent émigrer. La terre revêtit un nouvel aspect. D'un côté surgirent l'Europe, l'Asie et l'Afrique, qui peu à peu prirent leur configuration présente ; de l'autre, l'Amérique. Des caravanes immenses allèrent s'établir dans ces contrées. Pour la civilisation, l'émigration la plus importante est celle qui pérégrina vers l'est de l'Atlantide. L'Europe, l'Asie et l'Afrique furent progressivement occupées par les descendants des Atlantes. Divers peuples s'y installèrent, inégalement évolués, inégalement pervertis. ... »
[La science de l'occulte en esquisse, chap. L'évolution cosmique de l'homme]
- « Au 7e millénaire avant le Christ, il y eut un moment astronomique tout particulièrement important qui se traduisit par une telle modification des conditions climatiques en rapport avec la position relative de l'axe de la Terre vis-à-vis des étoiles voisines, qu'eut lieu la catastrophe atlantéenne, six à sept à huit mille ans avant notre ère car elle dura longtemps. On ne peut dire ici que ce qui est juste et non ces laps de temps fantastiques qui sont donnés habituellement, car il y a beaucoup moins de temps derrière nous qu'on ne le croit habituellement. »
[Histoire occulte - GA 126 - 31 déc. 1910 - p. 110]
Pour plus de détails sur les déclarations de Steiner sur l'Atlantide, lire par exemple, La Chronique de l'Akasha, Esquisse d'une science de l'occulte, L'univers, la Terre et l'homme, l'Apocalypse, etc.