Trois variations sur la résurrection de Jésus-Christ
Qu'est devenu le corps de Jésus ?
Il est montré ici le peu de sérieux de la science spirituelle dont Steiner se fait le chantre auto-proclamé.
- « ...lorsque le corps de Jésus de Nazareth fut mis en croix, le fantôme était vraiment parfaitement intact, il était là, et c'était la forme du corps-esprit, mais visible au seul regard suprasensoriel, et il était beaucoup moins lié à la substance matérielle des éléments terrestres que ce n'est le cas chez n'importe qui d'autre. Ceci, tout simplement parce que l'alliance survenue chez tous les autres hommes entre le fantôme et les éléments matériels, donne à ceux-ci leur cohésion.
Chez le Christ Jésus, les choses étaient effectivement totalement différentes. (...) Ainsi, en fût-il des parties matérielles du corps du Christ Jésus. À la descente de la croix, ces parties pour ainsi dire tenaient encore ensemble, mais elles n'avaient aucun lien avec le fantôme, parce que le fantôme était totalement indépendant d'elles. Lorsqu'ensuite, on enduisit ce corps de certaines subsances qui, à leur tour, agirent tout autrement sur lui qu'elles ne l'auraient fait sur tout autre corps quand on l'embaume, il arriva qu'après la mise au tombeau, les substances matérielles se volatilisèrent rapidement, rapidement retournèrent aux éléments. C'est pourquoi les disciples qui vinrent voir la tombe trouvèrent les linges qui avaient enveloppé le corps - mais le fantôme, auquel tient l'évolution du Moi, il était ressuscité du tombeau. »
[Rudolf Steiner, conférence du 12 octobre 1911 donnée à Karlsruhe, reprise dans « De Jésus au Christ », GA 131, éd. Triades, 1997, pages 173-174]
- « Et quand le Mystère du Golgotha s'accomplit, il fut seulement nécessaire qu'arrivent les hommes dont on nous parle, avec ces choses étranges que l'on appelle des aromates, qu'ils établissent une combinaison chimique entre ces singulières substances et le corps de Jésus de Nazareth, dans lequel avait élu demeure pendant trois ans l'entité macroscopique du Christ, et le déposent ensuite dans le tombeau. Il ne fallut que très peu de chose pour que ce corps tombe en poussière dans le tombeau et que l'esprit du Christ se revête d'un corps éthérique qui se densifia jusqu'à devenir physiquement visible. C'est ainsi qu'il se déplaça et apparut à ceux à qui il pouvait apparaître. Il n'était pas visible pour tous, parce qu'en fait il n'était qu'un corps éthérique densifié que le Christ porta après la Résurrection...
Mais ce qui avait été déposé dans le tombeau tomba en poussière. Et d'après les recherches occultes les plus récentes, il se produisit effectivement un tremblement de terre. Après avoir trouvé, lors de mes investigations occultes qu'un tremblement de terre avait eu lieu, je fus frappé d'y trouver une allusion dans l'Évangile de Matthieu. La terre s'ouvrit, la poussière du cadavre y tomba et se mêla à toute la substance terrestre. Le bouleversement causé par le tremblement de terre fit que les linges furent déplacés, comme on le trouve décrit dans l'Évangile de Jean, qui en donne une merveilleuse description. »
»
[Rudolf Steiner, conférence du mardi soir 9 janvier à Karlsruhe, publiée dans « « Le Christianisme ésotérique et la direction spirituelle de l'humanité », GA 130, EAR 1989, p.289.]
- « Ce tremblement de terre étatit une conséquence de l'éclipse de soleil. Il bouleversa le tombeau dans lequel le corps de Jésus était déposé - la pierre qui l'obturait fut déplacée, et une faille s'ouvrit dans le sol. Un nouvel ébranlement referma la fente au-dessus du cadavre. Et lorsque les gens vinrent au matin, le tombeau était vide, car la terre avait absorbé le corps de Jésus ; seule la pierre tombale était encore là, déplacée plus loin. »
[Rudolf Steiner, conférence du 2 octobre 1913 à Christiana (Oslo), publiée dans « « Le Cinquième Évangile », GA 148, éd. Triades, 1989, p.29.]
Trois exposés, trois versions différentes. Steiner voulant expliquer concrètement la disparition du corps de Jésus, nous dit en 1911, que le corps s'est volatilisé. En 1912, il prétend que le corps est tombé en poussière et qu'un tremblement de terre a absorbé la poussière. En 1913, autre scénario, le corps de Jésus a été absorbé par la terre qui s'est ouverte puis refermée. Mais rien n'explique, dans aucun cas, comment il se fait que les linges qui enveloppaient le corps aient été pliés avec soin par un tremblement de terre.
Dans le second exposé cité ci-avant, Steiner déclare « que le Christ était revêtu d'un corps éthérique densifié jusqu'à être physiquement visible pour certains ».
Pourtant dans ce cycle de Karlsruhe, il explique que le ce qui maintient l'ensemble de la forme du corps physique par ses forces structurantes est ce qui s'échappe à la mort et devient le fantôme.(voir sixième conférence). Or Steiner explique aussi que la spiritualisation du corps physique est l'homme esprit l'essence donc du corps physique, donc le fantôme. Il en résulte que le « fantôme » physique ressusciter est bien l'homme-esprit et non pas le corps éthérique dont l'essence spirituelle est l'Esprit de vie.
On voit que Steiner fait bien peu de cas de ses affirmations antérieures et qu'il parle vraiment à tort et à travers. Il dit seulement ce qui lui vient à l'esprit surgissant de son propre subconscient, de son propre monde psycho-spirituel subjectif et le répercute sans le moindre examen de vraisemblance préalable. Tant de contradictions et cette incohérence ne sont en rien conformes à une science fut-elle de l'esprit. C'est même la preuve que Steiner racontait n'importe quoi sans se soucier de la vérité.
Il y a même dans le passage où Steiner se dit frappé d'avoir trouvé une allusion au tremblement de terre dans Matthieu, comme s'il ne l'avait jamais lu ! Qui va croire un mensonge pareil en dehors des anthroposophes crédules et subjugués ? Il laisse sous-entendre qu'il a vu le contenu des évangiles par clairvoyance avant d'en prendre connaissance, alors que son enfance a baigné dans la religion et qu'il servait la messe comme enfant de chœur ! Il s'agit donc bien d'une régurgitation de ce qui s'agite dans son subsconscient et qu'il prend pour de la clairvoyance
J.-F. Theys, 23/01/2017
Remerciements à José Dupré pour son livre remarquable : Rudolf Steiner, l'Anthroposophie et la Liberté, Éd. La Clavellerie, 2004.