Un portrait de Rudolf Steiner dressé par ses contemporains

 

 

Stefan Zweig (Vienne 1881-1942),  écrivain juif, dramaturge et journaliste. Il quitta l'Autriche en 1934 en raison de la montée du nazisme pour se réfugier à Londres, ensuite au Brésil où il s'est suicidé en 1942. Il a fréquenté et bien connu Steiner durant son adolescence à Vienne.

Dans son autobiographie posthume Le monde d'hier - Souvenirs d'un européen, publié en 1943, décrivant la Vienne et l'Europe d'avant 1914, il écrit :

 

« Je rencontrais ici Rodolphe Steiner, qui devait être le fondateur de l'anthroposophie, et à qui ses disciples construisirent par la suite les plus magnifiques écoles et académies afin qu'il pût faire triompher sa doctrine ; et pour la seconde fois après Théodore Herzl, un des hommes à qui les destinées avaient assigné la mission de servir de guide à des millions de gens. Personnellement, il ne donnait pas, comme Herzl, l'impression d'un chef, mais plutôt celle d'un séducteur.

        Dans ses yeux sombres résidait une force hypnotique, et je l'écoutais mieux et mon sens critique était plus en éveil quand je ne le regardais pas, car son visage ascétique et décharné, marqué par la passion spirituelle, était bien propre à exercer un pouvoir de fascination, et pas seulement sur les femmes.

        Dans ces temps-là, Rodolphe Steiner n'était pas encore en possession de sa doctrine personnelle, mais il en était lui-même encore à chercher et à étudier ; à l'occasion, il nous exposait ses commentaires sur la théorie des couleurs de Gœthe dont la figure dans son exposé devenait plus faustienne, plus paracelsienne. Il était excitant à entendre, car sa culture était stupéfiante et, surtout comparée à la nôtre, qui se limitait à la littérature, prodigieusement variée ; de ses conférences et de bien de bonnes conversations particulières, je m'en retournais toujours enthousiasmé et un peu accablé, tout ensemble.

        Néanmoins, quand je me demande aujourd'hui si j'aurais pu prédire à ce jeune homme une telle influence morale et philosophiques sur les masses, je dois avouer à ma honte que non. J'ai attendu de son esprit chercheur de grandes choses dans les sciences, et je n'aurais été nullement surpris si j'avais entendu parler de quelque grande découverte en biologie qu'aurait réussie son génie intuitif ; mais quand, bien des années plus après, je vis à Dornach le grandiose Gœthéanum, cette “École de la Sagesse” que ses disciples avaient fondée comme une académie platonicienne de l'“Anthroposophie”, je fus plutôt déçu que son influence se fût exercée à un tel point dans le domaine des réalités largement accessibles et même, à certains égards, dans le banal.

 Je ne prétends pas porter un jugement sur l'anthroposophie, car jusqu'à aujourd'hui je n'ai pas saisi très clairement ce qu'elle veut et ce qu'elle signifie ; je suis même porté à croire que son effet séducteur ne tenait pas tellement à une idée qu'à la personne fascinante de Rodolphe Steiner. Quoi qu'il en soit, le fait de rencontrer un homme d'une telle puissance magnétique, à une époque où il communiquait encore à de plus jeunes que lui en toute bonne amitié et sans intention dogmatique, a été pour moi d'un profit inestimable.

 À son savoir fabuleusement étendu et profond tout ensemble, je reconnus que la vraie universalité dont, avec notre infatuation de lycéens, nous croyions déjà nous êtes rendus maîtres, ne saurait s'acquérir par des lectures et des discussions superficielles, mais veut être patiemment élaborée par des années de travail et d'efforts passionnés. »(1)

 

 

Nicolas Berdiaev

Nicolas Berdiaev (1874-1948) philosophe chrétien russe, qui a écrit en russe et en français. Professeur à l'université de Moscou, il fut expulsé de Russie en 1922 et terminera sa vie à Paris. C'est son ami, Andréï Biely qui l'incita à assister à des conférences de Rudolf Steiner à Helsinki, en 1913. En tant qu'ami du membre Biély, Steiner fit une exception et l'autorisa à assister à des conférences réservées aux membres. Dans son livre « Essai d'autobiographie spirituelle » Nicolas Berdiaev relate sa rencontre avec l'anthroposophie et avec Steiner lui-même.(2) :

 

 

        « À l'époque, j'étais entouré de toutes sortes de courants occultes prospères. L'anthroposophie était le plus intéressant de ces mouvements et entraînait à sa suite les hommes les plus instruits. Wiatcheslav Iwanov (1866-1949) fut lié à l'occultisme et pendant quelque temps influencé par Anna Roudolfovna Mintslova (1860-1910), l'émissaire de R. Steiner en Russie.

 Andréï BIÉLY (1880-1934) devint anthroposophe. Les jeunes groupés autour du « Mussagète » furent tous enthousiasmés par l'anthroposophie ou d'autres formes d'occultisme. On recherchait des sociétés secrètes, les initiés. On se soupçonnait mutuellement d'appartenir aux organisations occultes. En causant, on faisait des allusions voilées. On s'efforçait de faire montre d'un savoir que l'on ne possédait pas effectivement. Je reconnais l'existence de dons occultes dans l'homme. Mais dans la plupart des cas, je ne me suis aperçu d'aucune puissance occulte chez ceux qui étaient enthousiastes de l'occultisme.

 Paul FLORENSKY (1882-1943), l'ultra-orthodoxe, y prenait aussi sa part se rattachant à sa perception du monde magique ; peut-être avait-il des facultés spéciales. J'ai raconté ma rencontre personnelle, dans mon adolescence, avec les mahatmas hindous. J'ai manifesté de la résistance et lutté contre ces influences. Voilà pourquoi mon attitude à l'égard de l'occultisme est complexe. Je ne puis admettre que tout le domaine des phénomènes occultes soit suspect de charlatanisme ou d'illusionnisme, je ne puis expliquer tous les faits uniquement par la psycho-pathologie. J'admets l'existence de forces occultes dans l'homme et de phénomènes occultes, non étudiés encore par la science. Toute l'histoire de l'humanité, depuis les âges anciens, est traversée par des courants occultes. Des sociétés et des ordres occultes ont existé de tout temps. Cela doit signifier quelque chose, avoir un sens. Ce fait exige une interprétation plus profonde. Je ne crois pas non plus que l'on puisse rapporter tous les phénomènes occultes à l'action des forces démoniaques, selon l'avis d'orthodoxes et de catholiques nombreux.

 Les formes d'occultisme les plus contraires au christianisme sont, à mon avis, celles qui, en se donnant une valeur religieuse, remplace la religion. Ma critique de l'occultisme, de la théosophie, de l'anthroposophie, tient à ce que tous ces courants sont cosmocentriques et sous l'emprise de la séduction cosmique, tandis que pour moi, la vérité était anthropocentrique et que je considérais le christianisme lui-même comme un anthropocentrisme approfondi.

 Je ne retrouvais pas l'homme dans l'anthroposophie, que je connaissais bien, dans la littérature et dans ses hommes l'homme s'y dissolvait sur des plans cosmiques : de même je ne retrouvais pas Dieu dans la théosophie qui se dissolvait également dans le cosmos. J'expliquais la popularité des mouvements occultes théosophiques par la séduction du cosmique, par le besoin de se fondre dans les mystérieuses puissances cosmiques, dans l'âme du monde, par l'incapacité aussi de la théologie cléricale de répondre aux problèmes posés par l'âme moderne. Or c'est le thème de l'homme, de sa liberté et de sa vocation créatrice qui fut le thème de ma vie.

        L'occultisme, par excellence, est la sphère de la magie, c'est-à-dire de la dépendance et non de la liberté. La magie est la maîtrise exercée sur le monde au moyen de la science et des lois qui régissent les forces mystérieuses de l'univers. Je n'ai pas trouvé de liberté spirituelle chez ceux qui s'emballaient pour l'occultisme. Les forces occultes, ils ne les maîtrisaient pas, ils en étaient possédés.

 L'anthroposophie désorganisait l'intégrité humaine et, comme la psychanalyse, elle vidait l'âme. Au lieu d'aider Andréï Biély à se recueillir et à se concentrer, l'anthroposophie a contribué à la dissolution de sa personne. Certains anthroposophes me semblaient des possédés et des maniaques. Dès qu'ils prononçaient ces mots : Le docteur a dit..., leur regard, l'expression de leur visage changeaient et il devenait impossible de continuer la conversation. Les anthroposophes croyants sont beaucoup plus dogmatiques et plus autoritaires que les orthodoxes et les catholiques les plus conformistes. J'avais envie de connaître de plus près l'anthroposophie qui entraînait certains de mes proches.

 Grâce à quelques relations, il me fut possible d'entendre un cours que faisait R. Steiner à Helsingfors, dans la loge anthroposophique. J'y ai senti une atmosphère à laquelle j'étais hostile et que je combattais. Steiner lui-même, dont je fis la connaissance, me fit une impression complexe et assez pénible, mais non celle d'un charlatan. Cet homme persuadait et hypnotisait non seulement les autres, mais aussi lui-même. Il avait tantôt la figure d'un pasteur bonhomme – et il portait l'habit de pasteur – tantôt celle d'un mage, maître des âmes. J'ai rarement vu un homme aussi dénué de grâces charismatiques. Aucun rayon d'en haut. Il tirait tout d'en bas et tentait par un effort passionné, de frayer sa voie vers le monde spirituel.

 

 Les livres de Steiner m'ont toujours semblé ennuyeux et écrits sans talent. On disait que c'était de la vulgarisation et qu'il fallait entendre ses conférences, pour l'estimer à sa valeur. Cependant, son cours sur la Bhagavad-Gîta ne m'a rien révélé de plus que ce que j'avais trouvé dans ses ouvrages. Avec cette différence que Steiner possédait le don de la parole, tandis que le don littéraire lui faisait défaut. Sa façon de parler était un exercice de magie tendant à subjuguer les âmes par ses gestes, par ses intonations, et par le regard mobile de ses yeux. Il hypnotisait ses adeptes dont quelques-uns s'endormaient. Andréï Biély, qui savait mal l'allemand à cette époque, subissait aussi l'influence hypnotique. Steiner a fait encore, une conférence sur le libre arbitre, que j'ai trouvée aussi médiocre et sans intérêt que son livre philosophique (non théosophique) : La Philosophie de la liberté. Le séjour à Helsingfors fut assez instructif pour moi, et ma critique de l'anthroposophie et de l'occultisme en général s'en trouva renforcée. J'en ai parlé dans mon article paru dans La pensée russe, dont les anthroposophes se montrèrent indignés.(3)

 

L'extrait qui suit provient de “Regards sur l'orthodoxie, Mélanges offert à Jacques Goudet”(4)

 

        « Cette littérature présente une allure extérieure reconnaissable. Elle est immensément verbeuse et répétitive, puisqu’elle a son explication de tous les aspects du réel et sa solution de toutes les énigmes de l’homme et de l’univers. Le climat scientiste de l’époque est responsable d’un ton positiviste et d’évidence démonstrative. « La science occulte, déclare Steiner, s’exprime au sujet des réalités suprasensibles de la même manière que le naturaliste lorsqu’il parle des choses sensibles. Elle retient de la méthode scientifique l’attitude mentale qui l’inspire. Il est donc juste de la qualifier de science.» En fait, il s’agit de rapprochements en chaîne qui s’autorisent d’un usage dévergondé de l’analogie, de l’allégorie, de la métaphore et du mythe. La fiction la plus débridée est alléguée avec une assurance, un aplomb qui étonnerait si l’on oubliait que l’auteur parle à partir d’un noyau de certitude qu’il sait incommunicable, sauf au lecteur qui est parvenu au même degré d’initiation et de conviction inébranlable. »(5).

 

 

 

Extrait du Journal de Franz Kafka

L'écrivain juif pragois de langue allemande Franz Kafka (1883-1924) a été reçu par Steiner en 1911 et a assisté au cycle sur la Physiologie occulte du 20 au 28 mars 1911.

 

        «  26 mars. Conférences théosophiques du Dr Steiner, Berlin. Effet rhétorique : il discute tout à son aise les arguments de ses adversaires, l'auditeur s'étonne de lui voir des ennemis aussi puissants... Effet rhétorique du reste conforme à la règle de l'état dévotionnel. Il contemple continuellement la paume de sa main tendue en avant. Il omet le point final. En général, la phrase parlée commence chez l'orateur, avec son initiale écrite en lettre majuscule, puis fait un crochet aussi grand que possible pour atteindre l'assemblée, et revient à l'orateur par l'intermédiaire du point final. Mais si le point final manque, la phrase n'est plus retenue et souffle de tous ses poumons au visage de l'auditeur. »

        28 mars 1911. « L'ennui c'est qu'on ne peut pas voir ce qui se passe autour de soi parce qu'il essaie constamment de vous retenir avec son regard. Si, pour une fois, il s'abstient de le faire, on ne peut s'empêcher de guetter le moment où son regard va revenir. »6

 

Andréï Biély

Andréï Biély (1880-1934) dont le véritable nom est Boris Nilolaïévitch Bougaïev est une énorme source d'informations sur Steiner. Biély a décrit sa vie chez les anthroposophes dans « Souvenirs sur Rudolf Steiner » écrit en 1929. Il habitait avec Assia Tourgueniev dans la maison voisine de celle de Steiner et Marie de Siver,  à Dornach depuis 1912. Un ordre de mobilisation générale l'obligera à rentrer en Russie en 1916. Il décrit les vicissitudes de son voyage de retour dans ses « Carnets d'un toqué » publié à Moscou en 1922, lequel regorge également de souvenirs à propos du microcosme dornachois qu'il vient de quitter. Biély est un être impressionnable et sensible ainsi qu'un écrivain symboliste remarquable.

 

Extraits tirés de Carnet d'un toqué (7) et des Souvenirs

 

        « ...le regard qui vous rencontre brûle au-delà de toute imagination humaine : il est terrible dans son immortalité, il défonce votre “tréfonds” ; il ouvre en vous l'“abîme”. Et cependant ce visage témoigne du déferlement d'une souffrance extatique ; les diamants — ses yeux — sont deux larmes tournées non vers vous, mais vers lui, vers sa propre profondeur ; Rudolf Steiner vous regarde, illuminé par la souffrance du monde ; ce regard, vous ne l'oublierez pas ; de lui montera une voix : — “Et nul ne vous ravira votre joie

 Sur ce visage sont inscrits des mystères : mystères des destins ultimes et des ultimes cultures ; mais ce visage — je l'ai vu rieur — enfantin : doux, simple et accessible ; et sur les lèvres serrées un sourire s'est épanoui, comme une rose ».

 

« J'ai souvent assisté aux conférences de Steiner. — (400 en tout, ndlr)

    — Comment décrire ces conférences ?...

 J'arrivais... ; les membres de la Société anthroposophique se rassemblaient ; des femmes aus stolas multicolores passaient dans la pièce ; — elles s'asseyaient le long des murs, noyées d'ombre ; et de ces ombres émergeaient leurs visages.

 On aurait dit —

  — que la rangée des visages le long des murs s'allumait d'yeux lumières, lorsque Steiner entrait ; lorsqu'il commençait à parler — à parler des dieux, des mondes, des cultures, des destins des hommes et des époques, des événements dans la vie des hiérarchies et des divinités, — (...)

  — toute la pièce se transfigurait : les visages s'élargissaient dans les clairs miroitements des ailes déployées ; et — (...)

  — il n'y a plus ni “Moi”, ni “Toi” : il y a l'amour dans son intégrité : —

  — au-dessus de tout : —

 — le Maître s'est levé : au-dessous de lui, là où le “Moi” et le “Toi” ont disparu, sourit la conscience dans son intégrité : — (...)

 — les regards du Maître font jaillir des significations lumineuses...

 Voici l'impression que produisaient ses conférences.

 Parfois les mots s'interrompaient : nous reprenions nos esprits — tiens voilà le petit Steiner, là-bas, qui fait à quelqu'un un geste amical de la main ; il porte un ruban de soie flottant en guise de cravate ; et, inclinant son oreille au-dessus d'une vieille femme vêtue d'une stola noire, il s'illumine d'un sourire : il est simple, familier,

 Un coup d'œil sur les murs : ils ont un regard si clair, si amical, —

    — Et Steiner a mis son manteau, il passe parmi nous en jetant sur Nelly et moi son inoubliable regard ; et mon œil spirituel voit que quelque chose est brisé par ce regard ; et une parole m'atteint, venue des siècles à venir :

 — “Tu seras ”.

 Et il n'y a pas de question à poser ; tout est dit ; et tout a reçu une réponse. »

Andréï Biély, vers 1920 (66-46 et 123)

 

 

« ...Steiner était au centre d'un “tout” énorme vers qui les faits convergeaient d'eux-mêmes après avoir été filtrés par les connaissances des disciples des “DISCIPLES-EXPERTS” ; ce matériau venait s'ajouter aux faits qu'il découvrait par ses recherches personnelles, et l'ensemble induisait ce fameux phénomène d'“omniscience”.

 De là provient le mythe : “Steiner, c'est “MONSIEUR JE-SAIS-TOUT”. Il n'y avait pas de “MONSIEUR JE-SAIS-TOUT” ; mais il y avait : — un homme toujours prêt d'entreprendre n'importe quand l'étude de “NOUVEAUX MATÉRIAUX D'EXPÉRIENCE” ; et il y avait : — une “QUANTITÉ D'INFORMATIONS” dépassant la norme habituelle, et ces informations ne s'entassaient pas comme dans la conscience des encyclopédistes : elles s'y organisaient ; le travail anthroposophique de tous les experts, — c'était un système culturel organisé.

 Le Docteur était un expert de la coordination des méthodes : c'était un logicien concret, et tout simplement un homme vraiment intelligent, plus intelligent que toutes les “TÊTES PENSANTES” que j'ai rencontrées. 

 “TÊTES PENSANTES”, le Docteur était “expert parmi les experts”. (p.33)

 

 « Quand donc trouvait-il le temps de lire ? En chemin, dans le train : il voyageait toujours en compartiment particulier, avec une masse de livres, traînant avec soi les malles contenant ses OUTILS DE TRAVAIL ; lorsque j'allai avec lui à Cologne, j'ai vu ses bagages : une kyrielle de malles ; et nous ne partions que pour une semaine !

        « Je sais qu'à Berlin, il avait tout un bureau de demoiselles : elles dépouillaient les revues, découpaient les articles ; ce qu'il n'avait pas le temps de lire personnellement, il en prenait connaissance par un EXTRAIT, un RAPPORT ou une COUPURE DE PRESSE ; ce BUREAU était dirigé par Maria Iakovlevna Sivers : à cette époque, je lui apporté le Symbolisme, les Arabesques et le Pré vert ; bientôt après, lors d'une conférence publique, j'ai entendu Steiner réagir personnellement (mais sous une forme impersonnelle) aux positions défendues dans l'Emblématique ; par la suite j'ai pu m'assurer qu'il connaissait les poésies de Koltsov, Pouchkine, V.L. Soloviov ; il demandait à Maria Iakovlevna de les lui lire en russe ; de les lui traduire. » p.36

 

José Dupré remarque concernant ce qui précède :

Andréï Biély, homme de l'expérience immédiate, nous fait ici l'inestimable révélation de ce qu'était réellement “l'investigation spirituelle” de STEINER...

 

        « À Dornach, lorsqu'il s'aperçut que des gens entraient dans la menuiserie pendant ses conférences, il demanda aux organisateurs de fermer la porte juste avant qu'il ne commence. Il était exact à en être maniaque : il arrivait cinq minutes avant le début de la conférence ; il commençait à la seconde près ; lié par l'horaire de ses séances, cours, leçons, conférences dans toute l'Allemagne, il volait de ville en ville : il arrivait à l'heure ; tout le temps où je fus là, il n'arriva pas une seule fois en retard et ne se décommanda jamais ; “J'Y SERAI”, — et il venait ; on raconte que lorsque l'École Supérieure fut ouverte, il mit quelques élèves à la porte uniquement parce qu'ils étaient entrés en retard dans le local ; il donna le motif suivant de cette exclusion : on vient ou on ne vient pas ; mais briser la concentration des participants, — c'est inexcusable ; celui qui ne l'a pas compris prouve qu'il n'est pas encore prêt à être ésotériste”. »(8)

 

Biély nous décrit  le conférencier qu'était Steiner

 

 « Au “docteur” était lié un étonnant metteur en scène de la vie...

 Quand il entrait dans une salle bondée (une salle de conférences, par exemple) , il aimait rester parmi le public avant de prendre la parole, il ne se retirait pas dans la pièce réservée aux conférenciers. Comme ce tableau m'est familier : la conférence commence dans dix minutes ; la salle est bondée, et voici, près de la porte, la silhouette du Docteur qui vient d'entrer ; il a déboutonné son manteau d'hiver à col de fourrure, il tient un cartable ; ou un livre ; et il est accompagné de Maria Iakovlevna, de Frau Waller ; ce phénomène, j'en ai été témoin : à Berlin, à Christiania, à Leipzig, à Dornach, à Copenhague, à Nuremberg : visage rosi par l'air frais, sourire séduisant, — petit salut de la main, de la tête ; il passait dans l'allée ; allait vers les premiers rangs ; c'est souvent là, près de la chaire, qu'il ôtait son manteau, tirait son mouchoir, essuyait son pince-nez ; d'un geste vif, plein de feu, — il se le plantait sur le nez ; la tête levée, un peu rejetée en arrière, il regardait droit devant lui. »

 

« Oh, les gestes de cet homme ! Ils étaient magnifiques ! en tout ; et séparément : je les observais toujours pendant ses conférences : gestes inconscients et expressifs ; on ne peut pas les citer tous : ils changeaient ; certains se répétaient, comme un thème dans ses variations.

 Voici : — il monte sur la chaire ; il y pose ses mains qui aggripent le bord du pupitre, il parcourt l'auditoire d'un long regard, tourne la tête sans se presser ; ensuite — il lance un bref coup d'œil devant lui, plisse un peu les paupières, baisse les yeux : et alors résonne, net, sonore — mais pas très fort, si l'on pense aux minutes maximales de sa conférence, — son : “TRÈS HONORÉS AUDITEURS” s'il s'agit d'une conférence publique, “MES CHERS AMIS ANTHROPOSOPHES” si c'est une conférence pour les membres de la S.A., et enfin “MES CHERS SŒURS ET FRÈRES” — s'il s'agit d'une leçon ésotérique. Une pause. Puis vient l'ingénieuse introduction de la conférence : parfois une anecdote, parfois une citation, — un apophtegme de Gœthe, de Novalis, de Hermann Grimm, ou d'un professeur contemporain — référence inattendue à un épisode inattendu ; dans la salle : — perplexité, rires, suspens — où veut-il en venir ? et tout à coup, — c'est l'envol des pensées : le bond — en plein dans le sujet de la conférence : in media res. Comme j'aimais ces introductions élégantes, séduisantes parfois, où l'on sentait le frémissement à peine contenu du sujet, comme voilé par endroits sous une phrase admirablement ciselée ; combien de fois me suis-je étonné du fini de ses phrases, de l'architectonie élégante de leurs enchaînements, lors des conférences publiques qu'il donna jadis dans la “MAISON DES ARCHITECTES” ! »

 

 « Lorsque l'envol de sa pensée n'était déjà plus une phrase, mais un zigzag de feu, sa voix baissait jusqu'au murmure ; et aussitôt il plongeait la tête la première par dessus la chaire — comme un prêtre pendant l'office se prosterne devant l'autel... devant Quelqu'un, devant Celui avec qui il converse ; ses mains empoignaient à nouveau le rebord ; au-dessus, son nez semblait hacher quelque chose, ses yeux se fermaient ; c'étaient des minutes où l'on eût dit que tout était silence : que la force et la vitesse du flux de son discours était réduite à “ZÉRO” ; or ces minutes-là, c'était l'œil du cyclone ; et l'on se rappelait la parole — la parole de Nietzsche : “Pensées qui viennent sur pieds de colombe, voilà celles qui renversent le monde”. Pause. Point. Et au-dessus de la chaire, le voilà qui se tait. Et ensuite, calme de nouveau, un peu pâle, ses doigts jouant machinalement avec le cordon du pince-nez qui se balance, il promène sur les auditeurs un regard sérieux, inexprimablement signifiant, inexprimablement souffrant parfois, et parfois... sévère ; il attend quelque chose ; peut-être attend-il une vague qui répondrait à la vague qu'il nous a envoyée ; il écoute les cœurs...

 En ces minutes, il se tenait devant nous — comme s'il avait deviné, comme s'il prêtait l'oreille et se demandait : et nous, AVIONS-NOUS DEVINÉ ? Il nous regardait l'un après l'autre, et ses yeux ressemblaient à des diamants énormes et tristes, comme emplis de larmes et en même temps d'amour et de douleur : amour pour “CE MONDE”, et douleur parce que ce monde “GÎT DANS LE MAL” ; parfois, c'était par de telles minutes qu'il terminait sa conférence ; et nous bouleversés (le mot est faible), nous qui — l'espace d'un instant — avons eu le souvenir de ce qui ne nous était jamais arrivé, mais qui avait véritablement ÉTÉ, nous n'essayions même pas, par nos regards, de nous redire l'un à l'autre CE dans quoi nous nous étions trouvés ; et c'est bizarre : après de telles conférences, nous n'arrivions pas à nous séparer ; pourtant nous ne pouvions pas parler...»

 

 « Il savait maîtriser le monde de ses manifestations ; ce n'est pas pour rien qu'il était pédagogue ; ce n'est pas pour rien qu'il était un grand artiste de l'expression.

 Il n'est donc pas étonnant qu'en lui vécut un grand comédien.

 “COMMÉDIEN” : — je dois une explication...

 Quand je dis le mot “COMMÉDIEN”, je pense non à la vie, mais à la scène.

 Il aurait été un éminent EXPERT de l'art théatral, s'il avait pu monter sur les planches dès sa jeunesse ; aux noms de Motchalov, de Salvini, de Rossi, de Mounet-Sully, il aurait fallu ajouter un autre : Steiner.

 Si je dis que c'étais un grand comédien, je prends ce mot dans son sens SPÉCIFIQUE, je l'emploie au propre et non au figuré. »

 

 

Maurice Maeterlinck

L'écrivain belge francophone Maurice Maeterlinck (1862-1949), prix Nobel de littérature en 1911, qui s'était intéressé de près à l'anthroposophie, nous fait part de ses impressions sur Steiner. Dans le Grand Secret publié en 1921 (9), on lit :

 

« L'Initiation ou la connaissance des mondes supérieurs

 Quand on lit ce traité de l'extase, du reste remarquable à plus d'un point de vue, on est tenté de se demander si l'auteur a réussi à éviter le danger contre lequel il prémunit ses disciples et s'il ne se trouve pas lui-même dans un univers créé de toutes pièces par sa propre imagination ; j'ignore du reste si l'expérience confirme ses allégations. [...] En tout cas, il est permis de concevoir une sorte d'“état second” supérieur à celui des hypnotisés, des somnambules ou des médiums, qui procurerait des visions et des intuitions très différentes de celles que nous fournissent nos sens ou notre intelligence dans leur état normal. Quant à savoir si ces visions ou ces intuitions répondent à des réalités d'un autre plan ou d'autres mondes, c'est une question que pourraient seuls trancher ceux qui les ont éprouvées. La plupart des grands mystiques ont eu spontanément des visions et des intuitions de ce genre, mais elles ne seraient vraiment intéressantes que s'il était prouvé qu'elles proviennent de mystiques réellement et totalement illettrés. Tels étaient, soutient-on, Jakob Boëhme, le théosophe-cordonnier de Goerlitz et Ruysbroeck l'Admirable, le vieux moine brabançon qui vécut aux XIIIe et XIVe siècle. Si vraiment il n'y avait pas dans leurs révélations d'inconscientes réminiscences de lectures, on y rencontre de telles analogies avec les enseignements, devenus plus tard ésotériques, des grandes religions primitives, qu'il faudrait croire que tout au haut ou tout au fond de l'humanité, cet enseignement existe, identique, immuable et latent, et correspond à quelque vérité objective et universelle [...].

 

       
“Pour Steiner, la question ne se pose même pas. Avant d'avoir retrouvé ou cru retrouver en lui-même les vérités ésotériques qu'il révèle, il connaissait à fond toutes les littératures mystiques, de sorte qu'il est à peu près certain que ses visions ne lui furent apportées que par le reflux de sa mémoire consciente ou subconsciente. [...]

 

        « Steiner a mis en pratique ses méthodes intuitives, qui sont une sorte de psychométrie transcendentale, pour nous révéler ce qui se passe dans le soleil, la lune et d'autres mondes. Il nous décrit les transformations successives des entités qui deviendront des hommes, et il le fait avec tant d'assurance qu'on se demande, après l'avoir suivi avec intérêt à travers des préliminaires qui dénotent un esprit très pondéré, très logique et très vaste, s'il devient subitement fou ou si l'on a affaire à un mystificateur ou à un véritable voyant.

 

        « Dans le doute, on se dit que le subconscient, qui nous a déjà causé tant de surprises, nous en réserve peut-être d'autres qui seront aussi fantastiques que celles du théosophe autrichien, et, instruit par l'expérience, on s'abstient de le condamner sans appel. »

 

 « Rudolph Steiner qui, lorsqu'il ne s'égare pas dans des visions peut-être plausibles, mais invérifiables de la préhistoire, des clichés astraux et la vie sur d'autres planètes, est un esprit très juste et très perspicace... »



Jules Sauerwein (1880-1967)

Journaliste célèbre à son époque, au Matin, puis à Paris-Soir. Il fut aussi un important et proche collaborateur de Steiner. Issu d'une famille protestante de la haute société marseillaise, il obtint une licence es Lettres à la Sorbonne. Il fut dès 1906, très directement lié à Vienne à l'activité de Rudolf Steiner. De père allemand, il traduira en 1909, l'opuscule intitulé “L'Initiation”. Sa sœur aînée Alice Bellecroix (1865-1932) fonda le 1er juin 1923, la Société anthroposophie de France avec la collaboration active de son frère. Il traduisit aussi “La Science Occulte”, ainsi que de nombreuses conférences. Il se posait beaucoup de questions concernant la soi-disant “investigation spirituelle” de Steiner qui ramenait, nous dit José Dupré, beaucoup de trouvailles douteuses.(10)

 

Il écrivit en 1928 :

 

 « Mais si beaucoup sont à même d'admirer ou d'attaquer ses écrits, peu de gens l'ont connu pendant aussi longtemps et dans des circonstances aussi intimes que le destin m'en a donné le privilège.

Périodiquement, même pendant la guerre, j'ai vu ce grand penseur. J'ai recueilli ses conseils, ses vues sur le monde et sur la politique et j'ai été, en quelque sorte, le témoin de ses activités les plus mystérieuses.

 La première fois que l'on entendait STEINER, on avait un certain sentiment d'angoisse. Il était clair qu'il ne préparait jamais une conférence dans le sens ordinaire du mot “préparation”. Il méditait sur un thème. Il se le faisait, suivant son expression, “passer devant l'esprit”. Il entassait ainsi, en lui-même, une sorte de réserve d'images et d'intuitions dans lesquelles il pouvait aller puiser au fur et à mesure de son discours. Mais ce champ, où il avait ainsi semé le fruit de ses perceptions spirituelles, il le fécondait par le Verbe. Sa parole rythmée, sonore, avec des résonnances d'incantations, avait une sorte de vertu mystique qui faisait surgir vers lui, des profondeurs de sa conscience, les visions qu'il dépeignait ensuite avec une incroyable vigueur et avec des couleurs inconnues avant lui. Il était au point où l'artiste et le penseur se rejoignent...

 Dans ses conférences publiques, il était éloquent et inspiré. Dans ses conférences plus intimes, il mêlait son discours d'incantations en langage semi-poétique qui touchaient l'âme des auditeurs par  la puissance de leur sonorité et de leur rythme. Dans les cérémonies, il mettait en œuvre des rites connus de lui-seul, et ses invocations aux quatre Archanges-Régents demeurent dans ma mémoire comme les plus grandes émotions, à la fois religieuses et artistiques, que j'ai ressentie dans mon existence...

 Le premier Gœthéanum, celui qui fut brûlé, était en quelque sorte l'incarnation de tout son enseignement, sous des formes architecturales. (...)

 Il m'est arrivé dans cette salle, d'une beauté si écrasante, de traduire dix conférences au fur et à mesure que Steiner parlait. Généralement, il se laissait aller à son inspiration pendant dix ou quinze minutes, tandis qu'assis derrière lui à une petite table, je prenais des notes hâtives pour fixer dans mon souvenir le torrent de ses pensées. (...) Il me donnait bien, avant la conférence, un petit résumé écrit, mais emporté par sa propre puissance, il ne le suivait jamais.

 Ce sont là des impressions inoubliables. »(11)

 

 

 

Citons José Dupré (12) à propos de Jules Sauerwein

 

 Ainsi que le montrent ces extraits, confirmant, avec une objectivité plus sereine, le témoignage d'Andréï Biély, il est clair que le caractère séducteur des prestations verbales de Steiner associent  le “penseur et l'artiste” dans une démarche “incantatoire” aboutissant au “religieux”... Ce journaliste expert qu'est Jules Sauerwein, n'estime pas nécessaire d'utiliser le terme “scientifique”. Et, en effet, pas plus dans cette relation qu'ailleurs, comme dans les œuvres elles-mêmes, il n'apparaît que la revendication de Steiner d'avoir produit une “science de l'esprit”, soit justifiée.

 Il importe ici, également de souligner combien est aussi fausse que manipulatrice, l'affirmation, maintes fois répétées par les apologistes fanatiques de Steiner, selon laquelle le caractère sobre et objectif de ses exposés manifestait son grand respect de la liberté des auditeurs, en évitant soigneusement toute attitude qui pourrait les influencer par des voies affectives et séductrices échappant à leur contrôle !...

 En réalité, un témoignage d'une extrême importance montre que — vraisemblablement à la suite de de l'approfondissement de ses expériences au cours de sa vie — Jules Sauerwein avait considérablement modifié son état premier de séduction à l'égard de Steiner...

 Mais le public a dû attendre jusqu'en 1994 pour avoir connaissance de ce témoignage, finalement publié dans la principale revue anthroposophique française grâce à une anthroposophe sincère, mais qui était aussi une authentique chercheuse de vérité ; le voici :

 

        « ... j'évoquerai un souvenir gravé dans ma mémoire et dont je n'ai fait part à personne, ni alors, ni depuis...

 Il s'agit d'une conversation relatée par un couple d'anthroposophes qui avaient rendu visite en Espagne à Jules Sauerwein. C'était la première fois que j'entendais parler des Sauerwein par des personnes les ayant connus. J'ai appris là que Jules Sauerwein s'était réfugié après la libération en Espagne (est-ce exact ?) et surtout qu'il avait perdu la foi en l'anthroposophie, qu'il ne croyait plus dans le message et l'homme Rudolf Steiner et que, au moment de sa mort, il se préparait à publier un ouvrage démontrant preuves à l'appui, que Rudolf Steiner était “le plus grand compilateur de tous les temps”. Je cite la phrase exacte entendue !

 C'est Aristote qui disait à Platon : “Si je devais choisir entre l'amitié et la vérité, c'est la vérité que je choisirais.”

 Peut-être dois-je avoir le courage de faire un choix... Même douloureux. »(13)

 

 

D'après ces témoignages, on peut affirmer sans le moindre doute ni ambigüité que Rudolf Steiner exerçait sur ses auditeurs, ses disciples et ses familiers, une énorme pouvoir de fascination et de séduction par sa parole, son regard, ses attitudes. Il en résultait, lors de ses conférences, une sorte d'hypnose collective qui transportait ses auditeurs dans ses mondes imaginaires ; certains de ses auditeurs s'endormaient même bercés par le rythme incantatoire de sa parole. Son enseignement n'avait rien de scientifique, il distillait surtout une gnose occultisante douteuse virant à la religion, parfois parsemées d'intuitions lumineuses, à des disciples et des auditeurs subjugués aliénés de tout esprit critique. Les seuls qui le conservaient, comme Maeterlinck, Berdiaev, entre autres, s'éloignaient bien vite. Berdiaev, Maeterlinck, et d'autres, dont René Guénon14 étaient persuadés que non seulement, Steiner hypnotisait ses auditeurs, mais également lui-même.

Jean-François Theys,

13 mai 2015

 

 

 

1Stefan Zweig, Le monde d'hier - Souvenirs d'un européen. Belfond, Paris, 1943

2Nicolas Berdiaev, Essai d'une autobiographie spirituelle – Éd. Buchet Chastel, Paris. — JD, RSAL p.303

3ibid. p. 238-241

4Textes réunis par Germain Ivanoff-Trinadtzaty, Éd. L'Âge d'Homme.

5Nicolas Berdiaev, L’image interdite, p. 419

6Franz Kafka, Journal.

7Andréï Biély, Carnets d'un toqué, Éd. L'Âge d'Homme.

8Andréï Biély, Souvenirs sur Rudolf Steiner, 1929.  —  Éd. L'Âge d'Homme, p. 77.

9 Maurice Maeterlinck, Le Grand Secret, éd.  Fasquelle, Paris, 1929.(Les occultistes modernes, ch.IV, VI-VIII.)

10José Dupré, RUDOLF STEINER L'ANTHROPOSOPHIE ET LA LIBERTÉ, La Clavellerie, Chancelade 2004. — p. 329-330.       

11Jules Sauerwein, 1928, in “Les Cahiers trimestriels de l'Anthroposophie, n°1. Éd. Alice Sauerwein, Paris, dépôt général au PUF.

12José Dupré, op. cit. p. 329-331

13Régina Culas, citée par Dupré, 24 août 1994 (L'Esprit du Temps, n°11-103/4). L'auteur de cette confidence était Georges Ducommun, traducteur d'un nombre considérable d'ouvrage de Steiner.

14René Guénon, Le Théosophisme, Histoire d'une pseudo-religion, Éd. Traditionnelles, Paris, 1986.




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