Steiner qui n'admettait jamais avoir tort ou s'être trompé savait toujours trouver une explication spécieuse pour se justifier. Il est lamentable que les anthroposophes, de nos jours, répètent encore, sans le moindre esprit critique et avec conviction, les mêmes explications devenues des poncifs dogmatiques. C'est un fait patent que Steiner nie purement et simplement l'évidence de ses propres contradictions. Il trompe effrontément ses auditeurs avec des explications indéfendables et même parfois puériles. Quand il ne les nie pas, il s'en tire généralement par une pirouette intellectuelle en affirmant le plus souvent qu'il s'agit de points de vue différents de la même chose. Cela peut parfois être effectivement le cas, il faut le reconnaître. Toutefois c'est une justification qu'il oppose un peu trop légèrement et trop souvent à ceux qui lui reprochaient ses contradictions. Il est toujours nécessaire d'examiner une question sous tous les angles pour la comprendre. Et évidemment, on peut examiner un arbre, ou un bâtiment, de différents points de vue pour s'en faire une représentation plus précise. Cependant quelque soit le point de vue adopté, un chêne restera un chêne, un érable un érable, et un construction en bois ne sera jamais un construction en béton. Mais cela Steiner n'en a cure. Après sa négation pure et simple des contradictions et sa tentative de s'en sortir par une pirouette, en dernier recours il se défend et se justifie en affirmant que : « Le monde spirituel n'obéit pas aux mêmes lois que le monde matériel, et donc c'est normal qu'il y ait des contradictions. » C'est évidemment imparable, puisque personne ne peut prouver le contraire !
« Quelqu'un peut par exemple écrire des pages entières sur les contradictions dont je me suis rendu coupable à tout propos dans mes écrits. On pourrait, il est vrai, rappeler qu'on a démontré que Luther s'est contredit non pas quelques douzaines, mais des centaines et des centaines de fois. Il a répondu : les âmes parlent de contradictions à relever dans ce que j'ai écrit. S'ils voulaient seulement se donner la peine de comprendre l'une des affirmations qui semble contredire les autres ! On pourrait mentionner bien des choses, mais ce n'est pas nécessaire. Car là où les gens parlent de contradictions, on ne trouve pas un intérêt porté à rechercher et à mettre à jour ces contradictions - mais bien autre chose. »
[GA177 - 1/10/1917 - La chute des esprits des ténèbres]
Dans l'extrait ci-avant, il accuse ceux qui lui reproche ses contradictions, d'avoir d'autres intentions. La meilleure défense c'est l'attaque !.
« Lorsqu'on se place à un grand nombre de points de vue pour étudier quelque chose, il peut sembler tout d'abord que des contradictions apparaissent. Mais il faut pourtant éclairer de tous les côtés les événements essentiels du monde spirituel pour arriver à les comprendre entièrement.»
[GA112 - 26/06/1908 - L'évangile de Jean dans ses rapports avec ...].
« Il ne faut pas s'imaginer avoir complètement compris, entièrement cerné le sujet parce qu'on a dépeint son devenir, son évolution à l'aide de quelques notions et représentations. Il est bien plutôt nécessaire d'éclairer sous les angles les plus divers jusque dans le présent ces époques d'un passé remontant aux origines. Cela permet d'avoir des vues de plus en plus claires. Simplement, il ne faut pas se laisser induire en erreur par les contradictions apparentes que l'on peut rencontrer ça et là. Ces contradictions apparentes sont dues au fait que l'on peut, sur le plan spirituel également, considérer un sujet à partir des angles les plus divers. »
[GA102 - 16/03/1908 - Intervention des entités spirituelles en l'homme]
« Il n'est pas possible quand on parle de la réalité effective du monde spirituel, d'y chercher autre chose qu'une activité reposant sur les impulsions des individualités. Ce que font les uns et les autres se contredit aussi dans la vie. En matière de théories, le principe de non-contradiction ne doit pas être violé. En matière de réalités, en revanche, il s'avérera très souvent - justement parce qu'on parle de faits réels - que ces faits dans le monde spirituel concordent aussi peu que les actes des hommes concordent ici sur le plan physique. Donc je vous prie de toujours en tenir compte. On ne peut pas, quand on parle de ces choses, parler de réalités si on ne parle pas de faits individuels...[...]
Aujourd'hui, je veux seulement présenter à votre regard intérieur ce qui est le principe important.
Celui qui aborde le monde avec l'à priori que tout doit s'expliquer sans contradictions, comme si cela procédait d'un fondement unitaire du monde, connaîtra beaucoup de déceptions dans les moments, justement, où il abordera sans prévention le monde et ce qui s'y vit comme expérience. »
[GA178 - 19/11/1917 - Derrière le voile des événements]
« L'enseignement anthroposophique n'est pas comme celui des mathématiques. On commence par rendre attentif au fait qu'il existe, par exemple, quatre âmes-groupe ; on ne donne en premier que leur nom. On choisit ensuite un point de vue quelconque, à partir duquel la question est éclairée. On la réexamine sans cesse sous un autre angle. Celui qui s'y tient, n'objectera jamais que les données de l'Anthroposophie se contredisent en quoi que ce soit. Il en va de même pour les plus grandes choses faisant l'objet de nos considérations. Les divergences résultent des différents points de vue, à partir desquels les choses sont envisagées. »
[Le Moi son origine spirituelle, p.101 éd. électronique].
On pourrait opposer à Steiner ses propres paroles en ce qui concerne les contradictions :
« Ahriman et Lucifer ne peuvent agir que lorsqu'une contradiction reste inaperçue et que nous n'avons ni la force, ni la volonté de découvrir cette contradiction. Partout où nous nous engageons dans une contradiction que nous ne reconnaissons pas comme telle, et que nous la laissons simplement agir dans notre vie comme un contenu vrai, Lucifer et Ahriman ont la possibilité de s'emparer de notre âme.»
[Les Dangers d'un occultisme matérialiste - Dornach, 19 octobre 1915].
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